Hasta siempre Alicia

Lorsque de bonnes personnes, des militants, meurent beaucoup trop tĂ´t, la douleur est encore plus lourde Ă  porter. Le 11 janvier, nous avons dĂ» dire adieu Ă  Alicia Jrapko. Dans sa jeunesse, elle avait fui la dictature argentine. Plus tard, elle est arrivĂ©e aux États-Unis, oĂą elle s’est engagĂ©e dans la solidaritĂ© avec Cuba, avant tout en Ă©tant Ă  la tĂŞte du mouvement Free the Five.

Adieu, chère Alicia, compañera de lucha. Pendant des annĂ©es, nous avons Ă©tĂ© cĂ´te Ă  cĂ´te dans la lutte pour la libertĂ© des Cuban Five. MĂŞme s’il y avait gĂ©nĂ©ralement un ocĂ©an qui nous sĂ©parait physiquement. Ă€ quelques reprises, nous avons pu travailler ensemble de manière directe lors de la manifestation internationale “

Five Days fot the Five” que tu avais organisĂ©e Ă  Washington. Ou lors de la Commission internationale d’enquĂŞte sur l’affaire des Cuban Five que nous avions organisĂ©e Ă  Londres Ă  partir de la Coordination europĂ©enne pour la libertĂ© des Cinq. J’ai appris Ă  te connaĂ®tre comme une femme forte et engagĂ©e, et comme une amie chère et chaleureuse.

Alicia, tu as perdu la bataille contre le cancer, mais tu continues Ă  vivre dans nos cĹ“urs. Ton infatigable engagement est une source d’inspiration. Nous prĂ©sentons nos plus sincères condolĂ©ances Ă  Bill Hackwell, son compagnon de vie, ainsi qu’Ă  ses enfants et petits-enfants. Elle nous manquera beaucoup.

Katrien Demuynck, prĂ©sidente d’honneur Cubanismo.beAlicia Jrapko en Katrien Demuynck tijdens de 5 days for the Cuban 5 in WashingtonVoici l’hommage rendu par Gerardo Hernández Nordelo, dirigeant des Cuban Five, et Graciela RamĂ­rez Cruz, coördinatrice de l’ International Free The Five Committee,Cher.e.s ami.e.s et camarades,C’est avec une profonde tristesse que nous vous informons, au nom de sa famille, que notre chère camarade, sĹ“ur et amie Alicia Jrapko est dĂ©cĂ©dĂ©e dans la soirĂ©e du 11 janvier. Elle a combattu une maladie cruelle pendant plus de deux ans. MalgrĂ© le lourd traitement, elle n’a jamais cessĂ© de travailler aussi longtemps qu’elle le pouvait. S’il y a une chose qu’Alicia regrettait, c’Ă©tait de ne plus pouvoir contribuer, aimer et vivre avec l’Ă©nergie qui l’a toujours caractĂ©risĂ©e.

Alicia Ă©tait la fille d’un ouvrier et grand rĂ©volutionnaire argentin. Très jeune, elle avait rejoint la lutte d’une gĂ©nĂ©ration qui rĂŞvait de construire une Argentine oĂą rĂ©gnerait la justice sociale pour son peuple. Alicia a un jour dĂ©clarĂ© dans une interview : « En AmĂ©rique latine, une grande admiration s’est dĂ©veloppĂ©e pour Cuba, pour Fidel, Raul, le Che et tant d’autres rĂ©volutionnaires. En Argentine, nous voulions la mĂŞme chose, mais cela n’a pas fonctionnĂ© et une grande partie de ma gĂ©nĂ©ration a perdu ses meilleurs enfants. »

Alicia est nĂ©e le 1er janvier 1953 Ă  Merlo (province de Buenos Aires) et a grandi Ă  Cordoba, oĂą elle a Ă©tudiĂ© le journalisme. Mais la dictature militaire argentine, instaurĂ©e en 1976, a dĂ©clenchĂ© une rĂ©pression fĂ©roce contre tous les militants du peuple. Trente mille personnes ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©es et ont disparu. Parmi celles-ci, de nombreux camarades de classe d’Alicia. Elle n’a pas pu terminer ses Ă©tudes et, avec les seuls vĂŞtements qu’elle portait, elle a dĂ» fuir en 1976.

Chacun des trois enfants d’Alicia porte le nom de famille de ses camarades disparus comme deuxième prĂ©nom : Gabriela Emma, Eileen Mabel et Juan Alberto.

Pendant plusieurs annĂ©es, elle a vĂ©cu en exil au Mexique. Elle s’est ensuite installĂ©e aux États-Unis, le pays le plus difficile et en mĂŞme temps le plus nĂ©cessaire pour soutenir la cause latino-amĂ©ricaine et lutter contre l’impĂ©rialisme. Il lui Ă©tait difficile de comprendre l’agression, les mensonges et les attaques des mĂ©dias et du gouvernement contre Cuba.

Alicia a rejoint la lutte des travailleurs amĂ©ricains et a travaillĂ© Ă  la solidaritĂ© avec Cuba par le biais d’IFCO-Pastors for Peace dès le dĂ©but des annĂ©es 1990. Elle y a travaillĂ© en Ă©troite collaboration avec le pasteur Lucius Walker. Elle Ă©tait coordinatrice pour la cĂ´te ouest des États-Unis. Par exemple, elle a aidĂ© des Ă©tudiants afro-amĂ©ricains et latinos Ă  obtenir des bourses afin qu’ils puissent Ă©tudier gratuitement la mĂ©decine Ă  l’École latino-amĂ©ricaine de mĂ©decine (ELAM) Ă  Cuba et ainsi devenir mĂ©decins pour leur communautĂ©.

Son travail de solidaritĂ© l’a rapprochĂ©e chaque jour davantage de Cuba. Elle a Ă©tĂ© la porte-parole de nombreuses caravanes de Pastors for Peace qui ont parcouru des milliers de kilomètres Ă  travers les États-Unis pour rĂ©futer les mensonges du gouvernement amĂ©ricain contre l’Ă®le. En mĂŞme temps, elles collectaient de l’aide humanitaire comme symbole de solidaritĂ© avec le peuple cubain. « Nous savions que notre aide humanitaire pour Cuba Ă©tait symbolique, mais nous voulions montrer que le gouvernement amĂ©ricain ne pouvait pas bloquer la solidaritĂ© entre les peuples. Nous voulions Ă©galement montrer que Cuba n’Ă©tait pas seul. L’expĂ©rience du voyage Ă  Cuba avec les caravanes de Pastors for Peace a changĂ© ma vie Ă  jamais et m’a rapprochĂ©e de Cuba et du peuple cubain », a-t-elle soulignĂ© dans une interview.

En 2000, Alicia a Ă©tĂ© Ă  l’avant-garde de la lutte pour qu’Elián González puisse retourner chez son père Ă  Cuba, mais son travail fondamental a Ă©tĂ© la lutte pour la libĂ©ration des Cuban Five, emprisonnĂ©s illĂ©galement pour avoir suivi les activitĂ©s des terroristes des États-Unis contre Cuba.

Avec détermination et un courage sans pareil, Alicia a pris la tête du Comité international pour la liberté des Cinq aux États-Unis. Elle a réussi à rallier des syndicalistes, des chefs religieux, des membres du Congrès, des avocats, des intellectuels, des acteurs et des artistes à la campagne pour la libération des antiterroristes cubains Gerardo Hernández Nordelo, Ramón Labañino Salazar, Antonio Guerrero Rodríguez, Fernando González Llort et René González Sehwerert.

MalgrĂ© les risques et les grandes distances, elle a rendu visite Ă  Gerardo Hernández plus d’une centaine de fois dans deux prisons fĂ©dĂ©rales de haute sĂ©curitĂ©, de 2002 Ă  sa libĂ©ration en 2014. Elle l’a fait avec son partenaire de lutte et de rĂŞves, Bill Hackwell. De plus, elle a Ă©tĂ© un soutien constant et affectueux lors des visites Ă  la famille des Cuban Five.

L’Ă©norme travail d’Alicia et son engagement politique ont attirĂ© l’attention du peuple cubain, qui lui a dĂ©cernĂ© plusieurs distinctions. Il s’agit notamment de la mĂ©daille « Felix Elmuza », dĂ©cernĂ©e par l’Union cubaine des journalistes, du bouclier de la ville de Holguin et de la mĂ©daille de l’AmitiĂ©, dĂ©cernĂ©e par le Conseil d’État par l’intermĂ©diaire de l’Institut cubain de l’amitiĂ© avec les peuples (ICAP). Elle l’a reçue pour son grand engagement pendant les annĂ©es de lutte pour la libertĂ© des Cuban Five. p { margin-bottom: 0.1in; direction: ltr; line-height: 115%; text-align: left; orphans: 2; widows: 2; background: transparent } Alicia a fortement soutenu la rĂ©volution bolivarienne du Venezuela, l’hĂ©ritage d’Hugo Chávez et du prĂ©sident Nicolás Maduro.

Nous manquons de pages pour dĂ©crire l’Ă©norme travail que cette femme courageuse a accompli avec une modestie, une simplicitĂ©, une dignitĂ© et une loyautĂ© extraordinaires. Elle a consacrĂ© toute son Ă©nergie Ă  la lutte pour un monde meilleur au cours de sa vie significative.

Depuis 2011, Alicia Ă©tait la coprĂ©sidente du National Network on Cuba (NNOC). Elle a Ă©tĂ© coordinatrice du ComitĂ© international pour la paix, la justice et la dignitĂ© des peuples aux États-Unis. Elle a Ă©galement fondĂ© et coĂ©ditĂ© la version anglaise de Resumen Latinoamericano. Elle a fondĂ© la branche amĂ©ricaine du RĂ©seau pour la dĂ©fense de l’humanitĂ© (Red de Defensa de la Humanidad) et a Ă©tĂ© membre de son secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral. Au cours de son dernier projet, malgrĂ© sa maladie, Alicia a coprĂ©sidĂ© le comitĂ© du prix Nobel pour la Brigade mĂ©dicale cubaine Henry Reeve. C’Ă©tait lĂ  un Ă©nième travail dans sa lutte inlassable contre le blocus criminel de Cuba.

Son nom, Alicia, signifie vĂ©ritĂ©. Cette vĂ©ritĂ©, notre chère Ali l’a portĂ©e comme un drapeau tout au long de sa vie. La vĂ©ritĂ© du peuple contre l’injustice. La vĂ©ritĂ©, l’honnĂŞtetĂ©, la dignitĂ© et la modestie des vrais rĂ©volutionnaires, qui sont capables de tout donner, sans autre ambition ou objectif personnel. Le style de leadership d’Alicia attirait les gens. Elle a toujours menĂ© ce combat avec un grand sourire et sincĂ©ritĂ©. Elle a ainsi gagnĂ© le respect de tous.

Elle nous a honorĂ©s de son amitiĂ©, de son affection et de son immense courage. Et elle nous laisse tous dans cette infinie tristesse, mais avec son exemple de vie, de lutte, de gĂ©nĂ©rositĂ©, de dignitĂ© et d’espoir.

Tout notre amour va Ă  Gabriela, Eileen et Juanito, ses enfants bien-aimĂ©s, son cher partenaire de vie Bill Hackwell et ses six petits-enfants. Le plus jeune, Che SimĂłn, est nĂ© le 5 janvier. Elle n’a pas pu le voir ou le tenir dans ses bras, mais elle a Ă©coutĂ© avec un grand sourire un enregistrement sonore de son cri pour l’avenir. Notre amour va aussi Ă  son cher frère en Argentine, Ă  sa famille, ses amis et ses collègues aux États-Unis.

Nous ne t’oublierons jamais, soulmate, chère sĹ“ur.

Au revoir, chère Ali !

Tu seras toujours avec nous !

Jusqu’Ă  la victoire, toujours ! Gerardo Hernández Nordelo, Graciela RamĂ­rez Cruz.

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