Le blocus étasunien de Cuba est une atteinte à la démocratie

Le département d’État des États-Unis a admis que son blocus visait à « provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement ». L’objectif de Washington est de détruire la démocratie socialiste de Cuba et de l’obliger à redevenir une dictature capitaliste.

SOMMET DE LA DÉMOCRATIE ?

Le seul critère pour être invité au soi-disant Sommet pour la Démocratie de Biden les 29 et 30 mars derniers était d’être un valet de l’impérialisme étasunien, et non une véritable démocratie. Au lieu d’encourager les véritables démocraties populaires où la participation citoyenne est dynamique et massive, comme à Cuba et en Chine, le sommet de M. Biden encourage le renversement de ces gouvernements.

Comme l’a déclaré le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodríguez, « le sommet étasunien sur la démocratie était sélectif et virtuel, aussi virtuel que sa propre « démocratie », reflet de son propre isolement moral international ». Rodríguez a raison. Les États-Unis sont en train de s’isoler et il est de plus en plus clair que leur hégémonie est sur le déclin.

Par contre, des pays comme la Chine et Cuba surmontent les tentatives étasuniennes de les isoler diplomatiquement en pratiquant un véritable internationalisme et en préparant la paix et la multipolarité. Les États-Unis font tout ce qu’ils peuvent pour résister à ces changements inévitables, plutôt que de répondre aux besoins de leur propre population.

M. Biden utilise le sommet pour soutenir les opérations étasuniennes visant à changer les régimes politiques, sous couvert de promotion de la démocratie. Des fondations comme la National Endowment for Democracy, une façade de la CIA, sont parmi les exemples les plus flagrants de la manière dont les États-Unis utilisent la « démocratie » comme une arme pour saper la démocratie réelle au nom de la démocratie.

Au cours des 20 dernières années, la NED et l’USAID ont alloué plus de 250 millions de dollars à des programmes ciblant Cuba. Ces programmes visent à utiliser le mécontentement économique réel à Cuba pour provoquer de violentes manifestations antigouvernementales. En particulier, ils ont ciblé les groupes culturels et les groupes de jeunes cubains, la CIA ayant notoirement infiltré la scène hip-hop underground de Cuba de manière à fomenter la contre-révolution.

Ces manifestations ont complètement échoué, car les Cubains sont mécontents du blocus étasunien, et non du gouvernement cubain. Mais Washington essaie toujours d’atteindre l’objectif initial de son blocus, qui, selon les termes mêmes du ministère des Affaires étrangères, est de « provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement ».

LE BLOCUS LE PLUS LONG DE L’HISTOIREPlus de 60 ans de sanctions unilatérales, les plus longues et les plus sévères au monde, ont été exacerbés par la pandémie de COVID et la diminution du tourisme à Cuba. Mais les politiques belliqueuses de Trump à l’égard de Cuba ont été encore plus destructrices, avec notamment l’annulation des politiques de normalisation de l’ère Obama, l’ajout de 243 nouvelles sanctions et la réinscription de Cuba sur la liste dite des « États soutenant le terrorisme ».

Malgré ses promesses électorales de revenir à la politique de l’ère Obama, Joe Biden a maintenu la quasi-totalité des sanctions imposées par M. Trump, et il a réitéré l’argument fallacieux selon lequel Cuba serait un état « terroriste ». Biden pourrait changer cette appellation absurde d’un simple trait de plume.

Le blocus ne vise pas à restaurer la démocratie à Cuba, malgré les tentatives de Washington de le présenter comme tel. Non, ces sanctions sont conçues pour forcer Cuba à redevenir une dictature capitaliste. Les lois étasuniennes font dépendre la levée des sanctions d’une destruction complète des systèmes politiques et économiques révolutionnaires de Cuba.

Le « Cuban Democracy Act » de 1992, par exemple, communément appelée « Loi Torricelli », exige, pour que les sanctions soient levées, que Cuba modifie sa Constitution, qu’elle restitue les biens étasuniens qui ont été légalement nationalisés par Cuba, s’oriente « vers l’établissement d’un système économique de libre marché » et organise des élections pour un nouveau gouvernement.

Cette loi encourage l’intervention des États-Unis en autorisant « le président à fournir une assistance pour promouvoir un changement démocratique non violent à Cuba ». Ainsi, le « 

Cuban Democracy Act » vise en fait à démanteler la démocratie et les élections telles qu’elles existent à Cuba et à les remplacer par ce que Washington considère comme des élections équitables.

Le blocus n’a pas pour but de forcer Cuba à donner à son peuple un plus grand droit de regard sur sa démocratie. Les Cubains disposent déjà de l’une des démocraties les plus solides au monde. Le blocus vise plutôt à exercer une pression économique maximale sur Cuba, afin de permettre aux États-Unis d’y imposer leur soi-disant modèle de « démocratie », ce qui signifie une « démocratie » permettant à la classe dirigeante étasunienne de s’emparer des ressources de Cuba et d’exploiter son peuple.

ETAT TERRORISTE ? MÊME LES CITOYENS AMÉRICAINS N’Y CROIENT PAS.

Les rapports publiés par le gouvernement étasunien sur ses plans de transformer Cuba en un état capitaliste, sur le modèle de la transition néo-libérale de l’Europe de l’Est après la dissolution de l’Union soviétique, préconisent une thérapie de choc économique qui entraîne une baisse considérable de l’espérance de vie et une augmentation massive des maladies et de la pauvreté. Washington veut réduire à néant les réalisations de la révolution et forcer les Cubains à un retour à la pauvreté dans laquelle ils vivaient sous le joug des États-Unis.

Ces politiques étasuniennes constituent un défi flagrant au droit international. Elles constituent une violation flagrante du droit de Cuba à la souveraineté et à l’autodétermination. Non seulement le blocus constitue une violation des droits démocratiques de Cuba, mais il est également maintenu contre la volonté démocratique du peuple étasunien et de 96% des pays du monde qui votent chaque année pour la condamnation du blocus aux Nations Unies.

Une large majorité de citoyens étasuniens est favorable à la normalisation des relations avec Cuba et à la levée des sanctions, en particulier en ce qui concerne les produits vitaux tels que les denrées alimentaires et les médicaments. Mais nous n’avons pas voix au chapitre en ce qui concerne la poursuite du blocus. Un sondage national réalisé en mars par l’université de Quinnipiac a révélé que 0% des Nord-Américains pensent que Cuba représente la plus grande menace pour les États-Unis, alors que l’administration Biden continue de qualifier le pays de sponsor du « terrorisme ».

Les républicains d’extrême droite de Miami font actuellement pression pour que la référence à Cuba comme « état terroriste » soit codifiée dans la loi, de sorte qu’elle ne puisse être annulée que si Cuba accepte de détruire son système socialiste et de le remplacer par ce que les États-Unis considèrent comme une « démocratie ».

Cependant, le peuple des États-Unis résiste à ces politiques belliqueuses. Le National Network on Cuba (Réseau national sur Cuba) mène une action en vue de la suppression de Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme. Depuis plusieurs années, les Cubano-Américains et leurs alliés organisent des rassemblement de voitures mensuels et des manifestations pour mettre fin au blocus et construire des « 

Puentes de Amor », ou ponts d’amour, entre les États-Unis et le peuple cubain. À Miami, ces manifestations contre le blocus ont été violemment attaquées par des fascistes aidés et encouragés par la police de Miami.

DÉMOCRATIE À CUBA ET AUX ÉTATS-UNIS ?

Les États-Unis qualifient Cuba d’état « autoritaire » et « non démocratique » pour justifier leur cruel blocus. En réalité, la démocratie cubaine a des siècles d’avance sur la soi-disant démocratie étasunienne. C’est en observant les élections municipales à Cuba en novembre dernier que j’ai vu pour la première fois une véritable démocratie, après avoir travaillé sur des dizaines d’élections aux États-Unis.

Les élections cubaines sont totalement non partisanes et les dépenses de campagne, la publicité et le lobbying n’y sont pas autorisés. Le taux de participation électorale à Cuba est toujours bien plus élevé que dans la plupart des autres pays du monde. Une fois élus, les représentants ne sont pas rémunérés. Ils poursuivent leur vie professionnelle au sein de la population et ils peuvent être révoqués à tout moment par les électeurs. À Cuba, les travailleurs constituent l’État.

Aux États-Unis, en revanche, ce sont les entreprises qui constituent l’État. Les pots-de-vin versés par les entreprises et les lobbyistes sont légaux et garantissent la victoire électorale, car le candidat qui dépense le plus d’argent l’emporte presque toujours.

Aux États-Unis, nous sommes seulement appelés à nous exprimer sur notre gouvernement à l’occasion des élections. À Cuba, les élections ne représentent pas la seule manière de participer des citoyens, elles ne sont que le début de leur participation.

La constitution cubaine est régulièrement révisée avec la participation de millions de citoyens. Des idées sont constamment générées par les masses et les lois sont testées et révisées avec les masses. C’est à cela que doit ressembler une véritable démocratie. Le père de l’indépendance cubaine, José Martí, disait : « 

En temps de crise, les peuples du monde doivent se hâter de faire connaissance « . C’est exactement l’approche adoptée par Cuba pour lutter contre les tentatives d’isolement des États-Unis.

LA DIPLOMATIE POUR LA PAIX ?

Washington utilise son énorme influence sur le système financier international pour contraindre les autres pays à se soumettre, pour punir Cuba et pour punir même ses propres alliés quand ils commercent avec Cuba. L’approche adoptée par Cuba pour établir des relations diplomatiques solides avec d’autres pays est fondée non sur l’intimidation, mais bien sur la coopération. Cuba envoie des médecins, pas des bombes. C’est grâce à l’amitié avec d’autres pays et à la force du peuple cubain que la révolution cubaine a pu survivre.

Au début du blocus, la révolution cubaine a pu survivre grâce à la solidarité internationaliste du bloc socialiste. Depuis lors, Cuba a rendu la pareille aux travailleurs du monde entier, y compris à ceux des États-Unis. Après la dissolution de l’Union Soviétique, Cuba a pu survivre grâce aux brigades médicales internationalistes qu’elle a lancées, grâce à son partenariat avec la révolution bolivarienne du Venezuela, et bien sûr, grâce à la collaboration avec la République Populaire de Chine en matière de développement économique.À l’heure où nous parlons, Cuba, ainsi que 148 autres pays, fait partie de l’initiative chinoise « Belt and Road », collaborant à d’importants projets d’infrastructure et d’énergie. Alors que les États-Unis ont bloqué l’acheminement de fournitures médicales vitales à Cuba pendant la pandémie de COVID, la Chine les lui a fournies, renvoyant la pareille à Cuba, qui a offert une aide matérielle à la Chine au début de l’épidémie.

En novembre 2022, le président cubain Miguel Díaz Canel s’est rendu en Algérie, en Turquie, en Russie et en Chine. Lors de sa visite à Pékin, les deux pays ont signé un accord de coopération historique formalisant un don de 100 millions de dollars de la Chine pour aider Cuba à surmonter la crise économique résultant des sanctions américaines.

Telle est la différence entre les approches étasunienne et chinoise de la diplomatie et du développement. L’approche chinoise nous permet d’espérer un ordre mondial qui ne soit pas fondé sur l’hégémonie unipolaire des États-Unis. La multipolarité, la fin de l’hégémonie du dollar, l’unité et la coopération aideront Cuba, et tous les pays étranglés par les États-Unis, à maintenir leur souveraineté et à résister aux tentatives de changement de régime.

LES JEUNES CITOYENS DES ETATS-UNIS CONTRE L’IMPERIALISMELes jeunes étasuniens comme moi sont de plus en plus sceptiques quant à la propagande de Washington sur le changement de régime. Les jeunes sont plus nombreux, comparés aux autres générations, à considérer la Chine comme une amie et non comme une ennemie. Nous constatons l’incompétence totale du gouvernement étasunien dans ses tentatives d’interdire TikTok. Nous voyons M. Biden poursuivre la destruction de notre environnement alors que la Chine est à la pointe de la réduction des émissions de carbone dans le monde.

Nous constatons que Cuba a les lois les plus progressistes au monde en matière de droits des personnes LGBTQ, alors que des fascistes au sein des États-Unis tentent un génocide des personnes transgenres. Il est on ne peut plus clair quels sont les pays qui sont les véritables démocraties représentant les intérêts des travailleurs.

La révolution cubaine a survécu pendant plus de 60 ans en dépit de tous les obstacles. Imaginez les choses incroyables que Cuba accomplira, lorsqu’elle sera en mesure de se développer sans les contraintes du blocus étasunien. Si nous continuons le combat, nous viendront à bout du blocus de notre vivant et nous vivrons dans un monde véritablement démocratique et multipolaire.

Source : Geopolitical Economy Report

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