Relevé annuel 2022 Amérique latine et Caraïbes

LONG READ: Une analyse politique étendue de l’Amérique latine, la ‘vague rose’, les rapports de force avec Washington… par Roger D. Harris.

Roger D. Harris est associé au groupe de défense des droits de l’homme Task Force on the Americas, qui existe depuis 38 ans, et à la campagne FreeAlexSaab.2023 marque le 200ème anniversaire de la Doctrine Monroe. Cette décision impériale donne aux États-Unis l’autorité unilatérale d’intervenir dans les affaires des États souverains de l’hémisphère occidental et d’exclure toute autre puissance de ce qui est considéré comme l’arrière-cour de Washington. Deux siècles plus tard, la doctrine se voit confrontée à un avenir incertain.

Au début de la nouvelle année, le modèle néolibéral de développement régional en Amérique latine et dans les Caraïbes est tombé en discrédit. Le modèle socialiste est menacé et les circonstances sont défavorables au modèle social-démocrate.

Paradoxalement, ce sont maintenant les mouvements progressistes qui sont chargés de résoudre les problèmes contre lesquels ils ont protesté et qui les ont amenés au pouvoir, et ce à une époque de détresse économique croissante. L’observation faite par Antonio Gramsci en 1930 caractérise bien l’état actuel des choses : « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés ». L’inconstance de l’hégémonie étasunienneEn juin dernier, le président des États-Unis Joe Biden a lancé son appel impérial à un « sommet de la démocratie » hémisphérique à Los Angeles, auquel il n’a toutefois pas convié le Nicaragua, le Venezuela ni Cuba. Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, connu sous le sigle AMLO, s’est offusqué du fait que tous les pays de « Notre Amérique » n’aient pas été invités. Il a ensuite pris la tête d’un boycott de l’événement, mettant le leader mondial autoproclamé de la démocratie dans un grand embarras.

Quoiqu’il en soit, la principale superpuissance, au lieu de battre en retraite, a étendu sa décision impériale à la planète entière. Leur domination militaire écrasante (un budget de guerre supérieur celui de l’ensemble des neuf pays suivants sur la liste) a permis aux États-Unis de fait valoir de manière agressive leur « spectre complet de domination » à travers le monde entier.

Après avoir imposé une « Pax Americana » en partant du principe qu’un ordre mondial stable est bon pour le capitalisme, les États-Unis sont devenus le principal agent de situations chaotiques, provoquant notamment une confrontation avec la Russie, au risque d’une escalade vers une guerre nucléaire.

En raison de sa domination financière écrasante, le pouvoir impérial a pu imposer des sanctions à un tiers de l’humanité, plongeant l’économie mondiale dans une récession qui se propage. En réaction, des propositions d’alternatives au dollar circulent. Paradoxalement, au cours des deux dernières décennies cette monnaie est plus forte que jamais, car elle est considérée comme le rempart le plus sûr contre l’incertitude économique internationale créée par les États-Unis eux-mêmes. Nouvelle vague roseDepuis 2018, les régimes néolibéraux ont été vaincus lors des élections dans toutes les grandes économies d’Amérique latine. En juillet 2018, AMLO a mis fin à plus de 36 ans de régime néolibéral au Mexique. Le Mexique est la deuxième plus grande économie régionale, la treizième au monde et le deuxième partenaire commercial des États-Unis.

En Argentine, Alberto Fernández a remplacé Mauricio Macri en octobre 2019. Luis Arce a repris la Bolivie en octobre 2020 après qu’un coup d’État, un an plus tôt, ait renversé le gauchiste Evo Morales. Au Pérou, Pedro Castillo, un enseignant rural du parti de gauche Perú Libre, est devenu président en juin 2021. L’ancien leader de la contestation étudiante Gabriel Boric a triomphé au Chili en décembre 2021.

En juin dernier Gustavo Petro est devenu le tout premier président de gauche de l’histoire de la Colombie. L’ancien guérillero de gauche, passé depuis au centre-gauche, s’est associé à l’écologiste d’origine africaine Francia Márquez. Leur Pacto Histórico est issu des mouvements de protestation de 2019 et 2020. Contre la volonté des États-Unis, le nouveau gouvernement a rétabli des relations amicales avec le Venezuela voisin, tout en appliquant les accords de paix de 2016 avec les paramilitaires et les guérilleros.

Le retour spectaculaire d’Inácio Lula da Silva au Brésil face à Jair « Trump des tropiques » Bolsonaro en octobre dernier a eu une portée internationale. Le Brésil est la plus grande économie de la région et la huitième au monde. Lula, comme on l’appelle affectueusement, était un président populaire de 2003 à 2010, mais il a été emprisonné pendant l’élection présidentielle de 2018, victime d’une « guerre juridique » soutenue par les États-Unis dans le but de le priver de la présidence.

Lula promet des programmes sociaux ambitieux pour les pauvres. Bien que revenu au pouvoir depuis le 1er janvier 2023, il a déjà joué un rôle international de premier plan en décembre en prônant l’intégration régionale. Ignorant les enseignements de Kadhafi et de Hussein, dont les tentatives de remplacer le dollar se sont soldées par des actions extrêmes, Lula a proposé le « Sur » comme nouvelle monnaie régionale.

Au niveau des petits pays, il y a un an que Xiomara Castro est devenue la première femme présidente du Honduras. Il s’agit d’une victoire particulièrement douce pour la gauche, car en 2009, son mari Manuel Zelaya avait été démis lors d’un coup d’État soutenu par les États-Unis. Son prédécesseur, Juan Orlando Hernández (JOH), a été immédiatement extradé aux États-Unis pour trafic de drogue, ce qui prouve de manière concluante qu’elle a remporté une victoire sur une narco-dictature. JOH était le dernier d’une série de putschistes corrompus soutenus par les États-Unis au cours des 12 dernières années.

Parmi d’autres évolutions de la gauche, citons le succès du référendum sur un nouveau code progressiste de la famille à Cuba, qui légalise les mariages entre personnes de même sexe. Au Nicaragua, qui s’est remis d’un coup d’État manqué soutenu par les États-Unis en 2018, le parti de gauche sandiniste a remporté les élections municipales en novembre dernier. La renaissance du VenezuelaEn tant que chef de file de l’initiative de gauche, le Venezuela a connu une renaissance. En novembre 2021, le parti socialiste au pouvoir (PSUV) a remporté les élections régionales et parlementaires. L’économie, qui avait été frappée par les sanctions « pression maximale » imposées par les États-Unis, montre des signes de reprise maintenant que l’hyperinflation est maîtrisée et que la production pétrolière se rétablit lentement.

Juan Guaidó, le soi-disant « président par intérim » du Venezuela, avait reçu la bénédiction de Donald Trump en 2019. Mais aujourd’hui, même la poignée d’alliés les plus proches de Washington, ainsi que M. Biden lui-même, reconnaissent de facto Nicolás Maduro, élu démocratiquement, comme président du Venezuela.

Le mandat de Guaidó à l’Assemblée nationale a expiré le 5 janvier et toute fiction sur sa « présidence intérimaire » est terminée maintenant qu’il a été rejeté par son propre bloc d’extrême droite. Malheureusement, ceci est arrivé trop tard pour le diplomate vénézuélien emprisonné Alex Saab. Sa demande de libération sous couvert d’immunité diplomatique a été rejetée par un juge fédéral de Miami le 23 décembre, décision fondée principalement sur le fait qu’il avait été nommé envoyé spécial par un gouvernement non reconnu par les États-Unis. MultilatéralismeL’ensemble de la région tend vers une plus grande indépendance vis-à-vis du « colosse du Nord » et vers la plus grande intégration régionale qui en résulte. Des organismes collectifs, qui excluent les États-Unis et leur vassal le Canada, sont redynamisées. L’UNASUR, la CELAC, le MERCOSUR et l’ALBA datent de la précédente « vague rose » menée par le Vénézuélien Hugo Chávez. La vision de la Patria Grande (la grande patrie), le projet d’unité latino-américaine, est ravivée.

La Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de la région, et plus de vingt États de la région ont rejoint l’initiative « Belt and Road » de Pékin. Ainsi s’ouvre une alternative à la dépendance unipolaire sur le commerce avec l’Oncle Sam. Le Brésil fait déjà partie de l’alliance des BRICS avec la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. L’Argentine rejoindra un groupe BRICS+ élargi.

La Chine, la Russie et le nouveau venu, l’Iran, ont proposé plus qu’une alternative. Ils constituent une planche de salut vitale pour les États explicitement socialistes du Nicaragua, de Cuba et du Venezuela, qui sont dans le collimateur de l’impérialisme. Révolte contre le modèle néolibéral« Le néolibéralisme est né au Chili et c’est ici qu’il mourra », tel était le slogan des manifestations de masse de 2019-2020 au Chili. C’est également le sentiment qui anime l’ensemble de la « vague rose » actuelle, qui constitue une réaction au modèle néolibéral de développement tombé en discrédit et un rejet de celui-ci. Le néolibéralisme est défini globalement comme la forme contemporaine du capitalisme dit de marché libre.

Les manifestations anti-néolibérales au Chili ont conduit à la présidence de Gabriel Boríc et à un référendum sur le remplacement de la constitution de l’ère Pinochet. Ce dernier référendum a été rejeté avec force par les électeurs le 4 septembre. Et parmi le groupe actuel de présidents « roses », M. Boríc a critiqué ses collègues plus à gauche pour leur caractère « autoritaire », alors que dans son propre pays, il souffre d’une baisse de popularité.

Le rejet du modèle néolibéral a également donné lieu à des manifestations non progressistes plus prononcées avec la montée du populisme de droite, incarné par Bolsonaro au Brésil. L’attrait d’une personne aussi peu attrayante que Donald Trump aux États-Unis est un exemple du même ordre. Ces politiciens jouent de manière opportuniste sur le dégoût pour le néolibéralisme en associant les échecs de celui-ci à leurs adversaires plus libéraux.

L’exemple type de l’échec du modèle néolibéral est Haïti. Fier d’être le foyer de la première révolution et révolte d’esclaves réussie de la région en 1804, Haïti a dû s’acquitter de « réparations » pour la libération des esclaves. Une lourde dette imposée principalement par les anciennes puissances coloniale, la France et les États-Unis, a contribué à faire d’Haïti le pays le plus pauvre de la région.

Les politiques menées par les États-Unis ont par ailleurs détruit l’agriculture à petite échelle et appauvri la population pour qu’elle serve de main-d’œuvre bon marché aux entreprises étrangères. Les États-Unis ont aidé à deux reprises à organiser des coups d’État pour révoquer le président démocratiquement élu Jean-Bertrand Aristide.

Aujourd’hui, la société haïtienne est en révolte et la seule proposition des États-Unis est le retour d’une force militaire multinationale. Haïti n’a pas de président élu, un parlement qui ne se réunit pas et des services gouvernementaux qui fonctionnent à peine : la preuve que la tutelle occidentale est une formule pour le sous-développement. L’alternative socialiste assiégéeLe renouveau actuel de la vague rose s’est concentré sur l’arène électorale. Aucune nouvelle révolution socialiste n’en est issue, et aucune n’est en vue. Bien au contraire, les États socialistes de Cuba, du Nicaragua et du Venezuela sont fortement attaqués et luttent pour leur survie.

Ces États ont dû réduire certains de leurs programmes sociaux, car la nécessité économique les a contraints à introduire des formes nettement néolibérales comme les « zones de libre-échange ». Parmi les trois pays dotés de gouvernements explicitement socialistes, seul Cuba a une économie socialiste avec une planification centrale et des unités économiques majeures contrôlées par l’État.

L’hégémonie étasunienne a sans doute une base de plus en plus fragile, mais il n’y a pas de puissance contre-hégémonique dans l’arène géopolitique mondiale actuelle comparable à l’ancienne Union soviétique et au rôle qu’elle a joué dans la promotion d’une alternative socialiste. La Chine offre des possibilités commerciales alternatives, ainsi qu’un allègement limité de la dette, des échanges culturels et une aide en matière de soins liés au covid. Mais il faudra bien plus que le seul commerce pour compenser les effets néfastes de la « guerre hybride » des États-Unis contre Cuba, le Nicaragua et le Venezuela. La réalité actuelle est que tous les États doivent participer à une économie internationale dans laquelle le dollar étasunien est suprême.

Les effets désastreux des blocus imposés par les États-Unis et leurs alliés ont été exacerbés par l’impact de la pandémie du covid, suivie d’ouragans, de pluies torrentielles et d’inondations meurtrières en octobre dernier. En conséquence, les trois pays socialistes ont connu des flux migratoires d’une ampleur sans précédent l’année dernière.

Les récentes offres d’asile des États-Unis aux Nicaraguayens et aux Vénézuéliens et la « loi d’ajustement cubain » (ndlr : qui, jusqu’il y a peu, permettait aux Cubains immigrés illégalement aux États-Unis d’obtenir facilement un permis de travail) sont des incitations délibérément perverses qui ont aggravé la migration en provenance des pays socialistes.

Les réfugiés économiques des pays socialistes diffèrent des migrants du Triangle du Nord, originaires du Honduras, du Salvador et du Guatemala, qui fuient les gangs, la violence sociale et l’insécurité en plus des facteurs d’incitation économique. Avec les Mexicains, ils constituent toujours la majorité de ceux qui cherchent à entrer aux États-Unis. Limites et obligations du modèle social-démocrateOutre sa tolérance zéro envers les États socialistes, l’infiltration et la subversion sont les stratégies de Washington pour les social-démocraties régionales. La gouvernance au Mexique, en Colombie, au Brésil et dans d’autres pays repose sur un partenariat déséquilibré. La classe possédante contrôle, mais concède qu’une partie de la richesse produite par la classe populaire reste chez les producteurs.

Lors de la précédente vague rose, vers 2008, ces accords malaisés entre les classes sociales ont donné lieu à une baisse spectaculaire de la pauvreté. Des secteurs plus privilégiés s’en sont également bien sortis, comme l’agro-industrie brésilienne, importante et politiquement puissante, car les prix élevés au niveau international des produits de base ont permis à ces deux secteurs de prospérer simultanément.

Ces États sont désormais confrontés à un contexte de récession économique internationale très différent. La faiblesse des taux d’intérêt au cours de la décennie précédente, puis la nécessité de procéder à des dépenses d’urgence pendant la crise du covid ont encouragé l’accumulation de dettes élevées. La dette doit maintenant être remboursée en dollars plus chers en cette période d’inflation mondiale. La fuite des capitaux vers les banques occidentales s’accentue. Dans de telles circonstances, la mise en œuvre de programmes sociaux est plus problématique.

En bref, la domination de l’ordre financier mondial par l’Occident et surtout par les États-Unis limite considérablement la capacité des gouvernements de la nouvelle vague rose à développer avec succès leurs économies. Un quasi-monopole de 96 % du commerce de la région est toujours libellé en dollars étasuniens. Contre-courantsComme l’indique la métaphore de la vague rose, la grande lutte des classes connaît des hauts et des bas. Le président Arce de Bolivie a survécu à une tentative de coup d’État de la droite en octobre. Vers la fin de l’année, le projet progressif a subi des revers successifs en Argentine et au Pérou.

L’actuelle vice-présidente et ancienne présidente (2003-2007) de l’Argentine, Cristina Fernández de Kirchner, était la candidate favorite de gauche pour les élections de 2023. Mais le 6 décembre, elle a été condamnée à six ans de prison pour corruption et interdite d’encore se présenter aux élections. Bien qu’elle fasse appel de ce qui est considéré comme une condamnation « de droite », la droite s’attend à faire un retour en force lors des prochaines élections. L’actuel gouvernement péroniste de gauche a hérité d’une énorme dette et d’une forte inflation, contractées par le précédent gouvernement de droite.

Récemment, Lisa Kenna, ancien agent de la CIA et actuelle ambassadrice des États-Unis au Pérou, a été accusée de toutes parts d’avoir organisé un coup d’État parlementaire. Le président élu du Pérou, Pedro Castillo, est maintenant en prison et quelque 46 personnes ont été tuées lors de manifestations populaires en sa faveur. Le Mexique, Cuba, le Venezuela, l’Argentine, le Nicaragua et la Bolivie ont condamné le coup d’État. Le président colombien Petro a commenté : « La crise au Pérou, l’emprisonnement, sans juge et sans défense, d’un président élu par le peuple, a sérieusement remis en question le rôle de la Convention américaine dans le système judiciaire latino-américain. »

Les Latino-Américains disent qu’il n’y a jamais eu de coup d’État réussi aux États-Unis parce qu’il n’y a pas d’ambassade des États-Unis à Washington. La réponse à ce soupçon sur l’intégrité des États-Unis, est qu’avec la prise de contrôle du parti démocrate par les néoconservateurs (ndlr : élus néolibéraux), il n’y a aucune raison pour un coup d’état.

Les ambassadeurs étatsuniens au Honduras et au Mexique ont été les vifs à s’immiscer dans la politique intérieure de leurs pays d’accueil au cours de l’année écoulée. Pendant ce temps, le Nicaragua a rejeté de manière préventive le nouvel ambassadeur des États-Unis à Managua après qu’il ait critiqué sans vergogne le pays où il se rendait lors de son audition au Congrès. La prophétie de BolívarBiden n’a fait que poursuivre la politique de Trump pour l’Amérique latine et les Caraïbes en les enjolivant quelque peu. Les Cubains disent que les mesures provenant du changement de régime pour Cuba, le Venezuela et le Nicaragua sont plus agressives et efficaces que jamais.

Et aussi mauvais qu’ait été le traitement réservé par Trump aux immigrants du sud de la frontière, celui de Biden est manifestement pire encore. L’envoyé spécial des États-Unis pour la débâcle d’Haïti a publiquement démissionné pour protester contre les politiques « inhumaines » de son gouvernement actuel.

Symptomatique du consensus bipartite à Washington, la loi dite Bolivar, qui renforce les sanctions contre le Venezuela, a été approuvée à l’unanimité par le Sénat américain le 16 décembre. C’est avec un cynisme délibéré que la législation étasunienne a été baptisée d’après Simón Bolívar, le leader vénéré de la lutte contre le colonialisme et pour l’intégration régionale en Amérique du Sud.

Le fait que les impérialistes aient abusé du nom de Bolívar se comprend mieux dans le contexte de son observation prémonitoire de 1829 : « Les États-Unis semblent destinés par la providence à accabler l’Amérique de misère au nom de la liberté ».

MLtoday

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