Fulton Armstrong, ancien analyste de la CIA, a déclaré au Guardian que « nombre des journalistes prétendument indépendants » à Cuba sont « indirectement financés par les États-Unis ». Ils divulguent de fausses informations contre le gouvernement cubain avec le soutien de la National Endowment for Democracy, NED en abrégé.
Un ancien espion de la CIA a admis que les États-Unis financent des journalistes qui diffusent de la propagande antigouvernementale à Cuba, mais se font passer pour des « journalistes indépendants ». L’éminent journal britannique The Guardian s’est entretenu avec un vétéran de la CIA, Fulton Armstrong, qu’il décrit comme « le plus haut analyste de la communauté du renseignement des États-Unis pour l’Amérique latine de 2000 à 2004 ». Selon M. Armstrong, à Cuba, « bon nombre des journalistes prétendument indépendants sont indirectement financés par les États-Unis ». L’ancien analyste de la CIA souligne également que le gouvernement Biden apporte aujourd’hui un soutien aux forces antigouvernementales à Cuba d’au moins 20 millions de dollars par an pour les aider à « promouvoir la démocratie ».
Le Guardian reconnaît que la CIA a une longue tradition de la désinformation à Cuba. Celle-ci fait partie de la guerre des services secrets étasuniens visant à déstabiliser le gouvernement révolutionnaire. Le financement des médias est depuis longtemps un outil diplomatique dont se sert Washington pour arriver à ses fins.
Radio Swan, un programme d’opérations secrètes de la CIA, a non seulement lancé une offensive de propagande dans les années 1960 pour saper le soutien à Fidel Castro, mais s’est aussi avéré servir de lien de communication. Lors de l’invasion ratée de la baie des Cochons en 1961, la station de radio avait en effet envoyé des messages codés aux paramilitaires. Il y a dix ans, on a appris que le gouvernement des États-Unis avait payé des entrepreneurs pour mettre en place ZunZuneo, un réseau social destiné à organiser des « smart mobs » (il s’agit de mobilisations d’un groupe important de personnes via les réseaux sociaux dans un lieu public pour tenir des manifestations sociales ou politiques) sur l’île.
Lors des manifestations antigouvernementales de 2021, historiques et pour la plupart spontanées, financées par l’extérieur, des bots (programmes logiciels qui exécutent des tâches automatiques, répétitives et prédéfinies) contrôlés par l’extérieur sont apparus sur Twitter, offrant un look branché aux hashtags antigouvernementaux sur ces plateformes. Aujourd’hui encore, Washington finance une des sources de désinformation les plus importantes en langue espagnole contre Cuba, à savoir Radio y Televisión Martí, qui fait partie de l’organe de propagande du gouvernement étasunien US Agency for Global Media (anciennement Broadcasting Board of Governors).
F. Armstrong, ancien agent de la CIA, a expliqué au Guardian comment fonctionne la stratégie étasunienne de déstabilisation par le financement des médias d’opposition dans des pays étrangers comme Cuba : Les programmes étasuniens reposent sur une stratégie gagnant-gagnant : lorsque les médias d’opposition prennent pied, ils sont gagnants, et lorsque le gouvernement visé répond par la répression, ils sont également gagnants. Pour ce gouvernement se pose alors le dilemme : ne pas intervenir dans l’organisation et le financement dudit média ou, au contraire, agir contre celui-ci et ainsi perdre en crédibilité.
Outre son travail d’espionnage pour la CIA, F. Armstrong a également fourni des services à la US Interests Section (un bureau diplomatique de l’ambassade suisse à La Havane représentant les intérêts étasuniens) du ministère des Affaires étrangères à Cuba. F. Armstrong était le « National Intelligence Officer for Latin America » des États-Unis, le plus haut analyste de la communauté du renseignement pour cette région. Son travail pour le US Senate Foreign Relations Committee s’est également concentré exclusivement sur l’Amérique latine.
Le Guardian – qui entretient lui-même des liens étroits et collabore avec les services de renseignement britanniques – a qualifié le gouvernement cubain de répressif pour avoir réprimé les agents de désinformation financés par l’étranger. Le journal britannique décrit avec un malin plaisir les revenus astronomiques des chaînes anti-gouvernementales à Cuba. « Les faibles salaires du gouvernement ne peuvent concurrencer ceux du secteur privé ». Le Guardian a fait l’éloge de El Toque et El Estornudo, deux médias cubains de l’opposition de droite, mais a dû admettre que tous deux sont financés par le gouvernement des États-Unis.
El Toque a révélé au Guardian qu’il avait reçu des fonds fédéraux étasuniens « indirects », dans le cadre d’un ensemble de fonds provenant d’entreprises et de fondations diverses. El Estornudo est financé par la NED, un outil puissant dont se servent les États-Unis pour imposer des changements de régime et pour s’ingérer dans les affaires intérieures de pays du monde entier.
Allen Weinstein, cofondateur de la NED, déclarait au Washington Post en 1991 : « Une grande partie de ce que nous faisons maintenant, la CIA le faisait en cachette il y a 25 ans ». La NED a déclaré avoir versé 180 000 dollars à El Estornudo en 2021, une somme considérable pour tout pays d’Amérique latine, mais surtout pour Cuba, où le blocus illégal de Washington empêche l’accès aux dollars depuis soixante ans.
Dans un article de 1977 intitulé « Worldwide Propaganda Network Built by the C.
I.
A. » (Réseau mondial de propagande crée par la C.
I.
A.), le New York Times a révélé que la CIA avait mis en place une source médiatique, Free Cuba Radio, en 1960. Ces « émissions de propagande contre le gouvernement du Premier ministre Fidel Castro » étaient diffusées dans plusieurs villes des États-Unis et des Caraïbes.
L’illustre quotidien écrivait : « Nous voulions établir ce réseau radiophonique de Cuba libre, se souvient un ancien fonctionnaire de la CIA, afin de disposer à l’avance de temps d’antenne au cas où Radio Swan, qui devait être la principale ligne de communication pour l’invasion de la baie des Cochons, serait détruite par des saboteurs ».
La couverture de Radio Swan était si mince que l’inquiétude était justifiée. Il s’agissait d’une station puissante qui pouvait être écoutée à peu près partout dans l’hémisphère occidental, et qui était contrôlée par une compagnie de navigation à vapeur qui ne possédait plus de bateau à vapeur depuis bien longtemps.
LES ÉTATS-UNIS FINANCENT DES MÉDIAS D’OPPOSITION AU VENEZUELA ET AU NICARAGUALes États-Unis ont eu recours aux mêmes tactiques pour déstabiliser les gouvernements de gauche du Venezuela et du Nicaragua. La NED a dépensé des centaines de millions de dollars pour soutenir les médias d’opposition de droite et les soi-disant « organisations de la société civile » au Venezuela. Nombre de ces groupes ont été complices de violences et ont participé aux tentatives de renversement des présidents démocratiquement élus Hugo Chávez et Nicolás Maduro.
Au Nicaragua, dans les années 1980, la CIA a soutenu les Contras (abréviation de « contre-révolutionnaires »), des bandes d’extrême droite qui ont incendié des écoles et des hôpitaux et lancé une campagne de terreur pour renverser le gouvernement socialiste sandiniste. Une partie importante de la guerre hybride étasunienne contre le Nicaragua dans les années 1980 et encore aujourd’hui a été la diffusion de désinformation par des journaux comme La Prensa, qui étaient financés par la NED. Par ailleurs, La Prensa appartient à la dynastie Chamorro, une famille d’oligarques de droite originaire d’un pays d’Amérique centrale.
Après le retour au pouvoir des Sandinistes démocratiquement élus en 2007, les États-Unis ont versé des millions de dollars aux médias d’opposition dans le pays. Une tentative de coup d’État sanglante a eu lieu en 2018, soutenue par des médias d’opposition financés par les États-Unis, qui ont mené une propagande massive et diffusé de nombreuses fake news. En outre, ils ont ouvertement appelé à la violence et encouragé le peuple à assassiner le président Daniel Ortega et à exposer son corps en public.
Source : geopoliticaleconomy.com. Reproduit par DWM