Après des années de conflit, le Venezuela et la Colombie ont renoué leurs relations diplomatiques. Cette reprise renforce l’intégration des pays d’Amérique latine et est un coup dur pour Washington.
Fin août, le président vénézuélien Nicolas Maduro a reçu les lettres de créance de l’ambassadeur de Colombie au Venezuela. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont ainsi été pleinement rétablies après des années de conflits et de tensions. En 2019, le Venezuela a rompu ses relations diplomatiques avec la Colombie après que le président colombien de l’époque a reconnu le chef de l’opposition Juan Guaidó comme président du Venezuela.
Par le passé, les États-Unis ont menacé et fait pression sur le Venezuela principalement par l’intermédiaire de la Colombie. Pour la Maison Blanche, ce pays fait office d’avant-poste de l’OTAN dans la région et de pivot dans les plans du Southern Command (la structure de commandement militaire américaine en Amérique latine). Toutefois, avec l’élection d’un président de gauche en Colombie, la situation a radicalement changé et les cartes géopolitiques ont été complètement rebattues. Peu après sa victoire électorale, le nouveau président colombien Gustavo Petro a signalé qu’il mènerait une politique étrangère différente et qu’il était prêt à retisser les liens avec Caracas.
La Colombie et le Venezuela veulent relancer les liens économiques afin d’élever le niveau de vie des populations des deux pays. Le renforcement des liens entre les deux pays est important non seulement pour la relance économique de la région, mais aussi pour la paix dans la zone frontalière des deux pays, où des milices armées et des gangs de trafiquants de drogue sévissent depuis des années.
Le rapprochement est également un grand atout pour l’intégration de l’Amérique latine. Récemment, il y a eu une nouvelle vague de gauche. Pour ces gouvernements de gauche ou progressistes, la souveraineté est capitale. Ils aspirent à une plus grande intégration de la région, et prennent leurs distances avec les intérêts géopolitiques de la Maison Blanche.
Le rapprochement entre le Venezuela et la Colombie offre une occasion de renforcer l’unité au sein d’organisations telles que la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) et ouvre la porte à la relance de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR).
Pour Washington, c’est une énième débâcle. Le dernier Sommet des Amériques en juin s’est soldé par un échec pour le président Biden. Le rétablissement des relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie illustre la perte d’influence des États-Unis dans la région.
Si Lula est élu président au Brésil (le 2 octobre), cette tendance se verra sérieusement renforcée. Source : Telesur