Nous savons que Cuba a développé avec succès des vaccins contre le Covid. Nous apprenons aujourd’hui de sources cubaines des informations encourageantes concernant une autre épidémie qui frappe la population mondiale : la maladie d’Alzheimer.
En 1906, le psychiatre et neurologue allemand Alois Alzheimer a décrit pour la première fois les symptômes de la maladie qui allait porter son nom. La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante de démence, un terme collectif désignant plus de 50 maladies. Selon un site web néerlandais, jusqu’à 70 % de toutes les personnes atteintes de démence ont la maladie d’Alzheimer. Cette maladie détruit les cellules nerveuses du cerveau. Les patients connaissent des problèmes croissants de mémoire, des difficultés dans les gestes quotidiens, des changements de caractère et de comportement, et des problèmes de langage. Leur espérance de vie moyenne est de 6,5 ans.
Dans le monde, la maladie touche plus de 50 millions de personnes, et ce nombre augmente toutes les trois secondes. Rien qu’en Amérique, plus de 10 millions de personnes souffrent de cette maladie, qui est considérée comme l’épidémie du XXIe siècle. Selon l’Altzheimerliga, quelque 200 000 personnes vivent avec une démence en Belgique.
Cuba n’est pas épargnée non plus : 26 % de sa population est âgée de plus de 60 ans, faisant de l’île l’un des pays les plus vieillissants de la région. Selon les chiffres officiels, environ 170 000 Cubains souffrent de démence, ce qui représente 10 % des plus de 65 ans ou 1,3 % de la population totale. Ce pourcentage devrait passer à près de 3 % à l’horizon 2030.
Récemment, le Centre d’Immunologie moléculaire (CIM) a déposé une demande d’enregistrement d’une nouvelle molécule auprès du Centre de contrôle étatique des médicaments, des équipements et des dispositifs médicaux (Cecmed) : NeuroEPO, une molécule contre les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. Le médicament est une variante de l’érythropoïétine humaine recombinante, dans une formule destinée à une administration nasale. L’objectif est de mettre sur le marché un médicament entre 2022 et 2023, sous le nom de NeuralCIM.
Teresita Rodríguez, responsable du projet NeuroEPO, note que les médicaments actuels s’avèrent inefficaces. Les recherches cliniques* cubaines menées entre 2017 et la fin de l’année dernière montrent que la molécule cubaine ralentit la maladie et améliore les aspects cognitifs**. Dr Tania Crombet Ramos (qui avait été invitée à Che Presente en 2021), dirige la recherche clinique au CIM. Lors d’une conférence de presse, elle a mentionné les données favorables de l’essai clinique de phase III : « Il s’agit d’un médicament administré par voie nasale qui améliore de manière significative la maladie d’Alzheimer légère à modérée. »
Les résultats positifs de l’essai clinique de phase II/III à Cuba ont permis au Cecmed d’autoriser l’utilisation du produit chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer modérée et légère. L’enregistrement conditionnel a été accordé parce que l’autorité réglementaire exige que ce produit fasse l’objet de tests cliniques supplémentaires, afin d’étendre et de consolider les résultats obtenus dans cette phase du développement clinique.
Bien que les résultats cliniques soient très bons, il s’agit d’un enregistrement conditionnel basé sur une étude clinique portant sur un nombre relativement faible de patients : 174 personnes. Le Cecmed demande que l’on procède à davantage d’essais cliniques avec un plus grand nombre de patients dans l’évaluation. Cela permettrait alors d’évaluer l’efficacité clinique du produit dans un contexte plus réaliste, dans des conditions de plus grande diversité et de moindre contrôle. Et ceci contrairement à un petit cadre clinique comme dans la phase d’essai II/III.
Pour les patients vivant en dehors de La Havane, une stratégie de recherche est en cours d’élaboration, avec un essai clinique de phase IV pour l’introduction progressive du produit, ce qui augmentera graduellement l’utilisation du médicament dans le reste du pays.
Les hôpitaux ou lieux de la capitale qui serviront de sites cliniques où aura lieu le prochain essai seront bientôt annoncés, afin que les personnes intéressées puissent les contacter et que commence l’évaluation des patients. Il est nécessaire de vérifier leur diagnostic d’Alzheimer et de les préparer à être inclus dans ce nouvel essai.
La personne interrogée explique que lorsqu’ils seront disponibles, les résultats de l’essai clinique de phase III à venir dans la capitale – auquel environ 500 patients participeront – et les données cliniques de l’essai clinique de phase IV, qui sera mené dans les provinces, seront compilés et la somme de ces informations sera soumise à l’agence réglementaire cubaine.
Sur la base de ces résultats, on pourra essayer de confirmer si l’enregistrement conditionnel de NeuroEPO pourra être converti en un enregistrement définitif. Ce faisant, on peut donc commencer à administrer le produit aux patients cubains plus rapidement.
Dans le monde, 300 essais cliniques sur le traitement de la maladie d’Alzheimer sont en cours. En y prêtant attention et en détectant cette maladie à temps, on peut réduire les coûts économiques et sociaux ultérieurs.
Si une molécule comme NeuroEPO peut aider des milliers de personnes à ralentir le douloureux processus d’amnésie, c’est une excellente nouvelle, qu’on doit aux scientifiques cubains et au régime socialiste cubain, qui met la santé publique au service des gens et non du profit.
Texte rédigé sur la base des articles de la journaliste de cubadebate Lisandra Fariñas Acosta. * c’est-à-dire la recherche sur les humains** fonctions de traitement de l’information : perception, attention, concentration, mémoire, orientation, utilisation du langage et compétences langagières