Le 23 décembre 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a approuvé la production, au Mexique et en Argentine, d’une variante du vaccin originalement développé par AstraZeneca. C’est une bonne chose, mais…
José Manzaneda, coordinateur de Cubainformación, souligne que l’annonce dans les médias selon laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a approuvé « le premier vaccin contre le Covid-19 fabriqué en Amérique latine » est une déformation de la vérité :« D’abord, parce que le vaccin n’est pas « latino-américain », mais en fait une version du vaccin anglo-suédois AstraZeneca. Ce vaccin est maintenant produit par deux sociétés privées en Argentine et au Mexique.
Ensuite, parce que les trois premiers vaccins contre le Covid créés en Amérique latine sont cubains. Ils ne sont pas fabriqués par des multinationales mais par des laboratoires publics de l’île : le vaccin Abdala, développé par le Centre de génie génétique et de biotechnologie de La Havane ; Soberana 02 et Soberana Plus, par l’Institut Finlay.
L’administration massive de ces trois vaccins depuis juillet, y compris aux enfants dès l’âge de deux ans, et leur degré d’efficacité (plus de 92 %) expliquent pourquoi Cuba se situe actuellement au deuxième rang mondial en termes de couverture vaccinale de la population (86 %). Cuba est en outre l’un des pays où le taux d’infection est le plus bas. D’autres pays, comme le Venezuela, le Nicaragua, l’Iran et le Vietnam, administrent déjà les vaccins cubains.
Après un pic d’infections causé par le variant Delta et les décès associés en juillet, Cuba a réussi à maîtriser la pandémie. Cela est dû en grande partie à ses vaccins.
Néanmoins, le vaccin d’AstraZeneca est effectivement le premier vaccin produit en Amérique latine à être approuvé par l’OMS. Les trois vaccins cubains sont encore en phase d’évaluation et en attente d’approbation.
Et les paradoxes ne s’arrêtent pas là. Selon l’OMS, Cuba est le pays des Amériques où la létalité est la plus faible : celle-ci équivaut à la moitié de celle des États-Unis, où 800 000 personnes ont déjà perdu la vie. Pourtant, Washington n’autorise pas l’accès à son territoire aux personnes vaccinées sur l’île. En effet, aux États-Unis, seuls les vaccins approuvés par l’OMS sont acceptés.
La plupart des pays de l’UE n’acceptent pas non plus les vaccins cubains, chinois ou russes, mais uniquement les quatre vaccins fabriqués par des multinationales étasuniennes (Pfizer, Moderna, Janssen et Novavax) et par la société anglo-suédoise AstraZeneca. Ainsi, trois grands laboratoires, Pfizer, BioNTech et Moderna, auront réalisé un bénéfice de 34 milliards de dollars cette année. Cela représente environ 65 000 dollars par minute.
Beaucoup se demandent quand l’OMS approuvera les vaccins cubains. Une approbation faciliterait sans aucun doute leur partage avec beaucoup plus de pays du Sud, par exemple en Afrique, non seulement parce que leur prix est attrayant, mais aussi parce qu’ils sont plus faciles à transporter. Le vaccin Soberana 02, par exemple, ne nécessite pas d’être conservé à des températures inférieures à zéro. La vente de ses vaccins pourrait également donner à Cuba un répit économique bien nécessaire.»
Gustavo A. Maranges, du magazine Resumen, a l’impression que l’approbation des vaccins cubains par l’OMS s’est enlisée dans un bourbier bureaucratique. L’OMS a déjà approuvé 10 vaccins provenant des mêmes institutions cubaines. De plus, l’appel de l’OMS à la production rapide de vaccins abordables et l’annonce de la création d’une plateforme régionale pour la production de vaccins laissent penser que ce sont des manœuvres politiques plutôt que des arguments scientifiques qui compliquent les choses. « Cuba représente-t-elle une menace pour les multinationales qui gagnent des sommes outrageusement élevées avec cette pandémie ? », s’interroge-t-il.
Le « blocus vaccinal » doit lui aussi être levé !