Dans nos contrées, nous entendons surtout parler des Européens qui fraudent le fisc. Mais en Amérique latine aussi, toute une série d'(ex)-présidents, de fonctionnaires et de célébrités se sont rendus coupables d’évasion fiscale et d’accords fumeux. L’Amérique latine est même le continent le plus mentionné dans les Pandora Papers.
Commençons par énumérer quelques-unes de ces révélations. Les noms de trois présidents en fonction émergent : le président chilien Pinera (actuellement très impopulaire), le président récemment élu de l’Équateur Guillermo Lasso, ainsi que Luis Abinader, le président de la République dominicaine. On y trouve également le directeur de la Banque centrale du Brésil et le ministre brésilien de l’Économie Paulo Guedes. Guedes est l’un des « Chicagoboys ». Formé par Milton Friedman lui-même, il a été professeur au Chili, où il a aidé la dictature de Pinochet à mener à bien ses expériences néolibérales. La liste comprend également une série d’anciens présidents : deux anciens présidents de la Colombie (Gaviria Trujillo et Andrés Pastrana Arango), l’ex-président argentin Maricio Macri et Pedro Pablo Kuczynski, autrefois président du Pérou.
Le président chilien a vraiment dépassé les bornes : les documents révèlent que, pendant sa présidence, il a vendu une société minière à l’un de ses plus proches amis, dans le cadre d’une transaction douteuse. Entre-temps, l’opposition chilienne a demandé la démission de Pinera. Son sort sera décidé début novembre, juste avant le début des élections présidentielles au Chili.
Au Mexique, les noms de trois magnats des affaires sont cités. Les Pandora Papers montrent une forte interconnexion entre les paradis fiscaux et le centre du pouvoir mexicain.
Cuba est le grand absent de toutes ces révélations. Malgré les rumeurs selon lesquelles la famille Castro ferait transiter des fortunes secrètes vers des paradis fiscaux, ces documents ont confirmé une fois de plus qu’il n’y a aucun fond de vérité dans ces allégations.
Les révélations des Pandora Papers sont un coup de massue pour les peuples d’Amérique latine, qui souffrent d’inégalités extrêmes. Une fois de plus, il apparaît clairement que la richesse s’échappe des pays, au lieu d’être réinjectée dans les services et infrastructures sociaux destinés à la population.
En 1971, Eduardo Galleano en parlait dans son livre Les Veines ouvertes de l’Amérique latine : le monde est divisé entre les indignes et les indignés. Chacun sait de quel côté il ou elle veut se trouver.