Début septembre, Cuba est devenu le premier pays au monde à lancer une campagne de vaccination de masse contre le Covid-19 chez les enfants âgés de 2 à 11 ans dans la province de Cienfuegos. Tout indique qu’il s’agit même du premier pays à vacciner des enfants de moins de 12 ans. Ndlr : l’approche d’une vaccination large et accélérée semble fonctionner. Le 30 septembre, la moyenne des taux d’infection sur 7 jours était déjà inférieure à celle du 23 juillet, soit à la mi-parcours de la montée exponentielle d’infections (qui a atteint son maximum le 25 août). Une forte baisse semble définitivement en cours depuis le 20 septembre. Au final, Cuba arrivera probablement à un total d’environ 10 000 morts, tandis que la Belgique en comptera plus de 26 000.

L’île a une grande expérience dans la production et le développement de vaccins, ainsi que dans la mise en œuvre de campagnes de vaccination à grande échelle pour les enfants. Dès 1962, elle a mené avec succès la première campagne de vaccination contre la poliomyélite auprès de l’ensemble de la population enfantine. Depuis lors, Cuba propose un programme annuel de vaccination de masse gratuite qui a permis d’éradiquer six maladies en plus de la polio, notamment la rubéole, la rougeole et les oreillons. Entre février et mars 2021 – au plus fort de la pandémie – 400 000 enfants ont été vaccinés contre la polio.

La décision du gouvernement cubain d’utiliser ses vaccins contre le Covid à des fins pédiatriques est aujourd’hui sous le feu des critiques des porte-parole de la contre-révolution (comme tout ce que fait Cuba). Parmi ces détracteurs, on retrouve CNN en espagnol. Cependant, aucune de ces critiques n’a un fondement scientifique. Encore une fois, les détracteurs de Cuba mentent, calomnient et, comme toujours, finissent par se ridiculiser. La vérité est que derrière les vaccins cubains se cache l’immense sagesse et la grande créativité de collectifs désintéressés, dans les centres de recherche biomédicale. Ces collectifs se composent principalement de jeunes femmes et hommes qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour fabriquer des vaccins et en produire des quantités suffisantes à temps. Cuba est à deux mois d’une vaccination presque totale de ses habitants. Elle a mené cette campagne de vaccination avec ses propres produits biologiques, dont la qualité est attestée. Il est émouvant d’imaginer comment cela a été possible, avec un blocus intensifié, avec pratiquement aucune ligne de crédit internationale, avec une industrie touristique presque à l’arrêt depuis 18 mois, et sans accès au marché américain des médicaments. « Si nous y sommes parvenus, c’est grâce à notre organisation en tant que pays, et grâce à l’interconnexion de nos capacités », explique le Dr Yuri Valdés Balbín, directeur adjoint du prestigieux Finlay Vaccine Institute. Il évoque avec admiration les ouvriers de l’usine qui ont travaillé pendant des mois avec un dévouement total et ajoute : « Notre institut et la vaccinologie cubaine travaillent depuis de nombreuses années sur des groupes d’essai pédiatriques, et quand le Covid est arrivé, quand nous avons dû fabriquer des vaccins, nous l’avons immédiatement étendu aux groupes d’essai pédiatriques. Il s’agit d’un élément très important et décisif, car la plupart des vaccins les plus avancés et utilisés dans le monde aujourd’hui ne sont pas basés sur des tests effectués sur des enfants. »

Dans le cas du Covid-19, la cible de la vaccination comprend évidemment l’ensemble de la population cubaine adulte. Avec le nombre actuel d’injections quotidiennes pour 100 habitants – plus de quatre fois supérieur à la moyenne mondiale -, le pays des Caraïbes, qui a lancé sa campagne de vaccination le 12 mai de cette année, devrait être très près d’atteindre les 15 millions de doses aujourd’hui. Au 6 septembre, 52,1 % de la population cubaine avait reçu une dose, 43,1 % deux doses et 37,5 % le schéma complet de trois doses. « Avant le 12 mai, des essais cliniques avaient été réalisés sur un nombre limité de volontaires, et des études avaient été menées auprès de professionnels de la santé : soit un peu plus de 100 000 personnes au total. Toutefois, la majorité des plus de 14 000 000 de doses administrées l’ont été après cette date », déclare le Dr Ileana Morales Suarez, directrice de la Science et de l’Innovation technologique au ministère de la Santé. Cela donne une idée de la rapidité de la vaccination sur l’île.

Cuba dispose déjà de trois vaccins : Soberana 02, Soberana 03 et Soberana Plus, lesquels ont été approuvés pour une utilisation d’urgence par l’Autorité nationale de régulation des médicaments, de l’équipement et des dispositifs médicaux de Cuba (CECMED). L’entreprise a également deux candidats vaccins qui sont encore en phase d’essais cliniques : Soberana 01 et Mambisa. Ce dernier est administré par voie nasale. Le calendrier de vaccination prévoit que l’ensemble de la population âgée de plus de 2 ans sera complètement vacciné en novembre de cette année. Cuba a l’énorme avantage que son personnel de santé et ses centres scientifiques jouissent de la confiance et de l’admiration de la population. L’utilité de la vaccination n’est pas remise en cause par la grande majorité de la population, même après les fake news diffusées depuis Miami. Cette victoire de la science et du système social cubains permettra au tourisme de reprendre et au pays de reprendre d’autres activités sans risques majeurs, pour autant que les mesures de biosécurité soient maintenues, comme le souligne le président Miguel Díaz-Canel. La Pupila Insomne