Répression à Cuba et en Colombie

Le rôle du blocus et de la manipulation des médias, des fausses images et du pilotage des manifestations du 11 juillet à Cuba par les États-Unis a déjà été largement évoqué sur notre site. Il n’en reste pas moins que ce samedi-là, en effet, quelques milliers de Cubains – plusieurs centaines dans différentes villes – sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère. Beaucoup d’entre eux sont inquiets à juste titre, explique également le président Diaz-Canel. Comment le gouvernement cubain gère-t-il cette situation, et qu’en est-il en Colombie, par exemple, où les manifestations contre le gouvernement durent depuis des semaines ?

Les médias occidentaux ont principalement sélectionné des photos où l’on voit un très petit nombre de manifestants brandir des pancartes clamant « stop à la dictature », « intervention humanitaire pour Cuba », « à bas les communistes ». Les dirigeants étasuniens, dont Joe Biden, présentent sans complexe Cuba comme un « État défaillant » qui « ne respecte pas les droits humains et réprime violemment ses citoyens ».

Par contre, on montre rarement l’image du président Diaz Canel se déplaçant dans les rues bondées de partisans et d’opposants : il parle aux habitants, il échange des points de vue avec eux, dans le calme et la dignité. Il dit lui-même à la télévision qu’il y a une différence entre les gens qui sont à juste titre préoccupés par le manque de tout, et ceux qui provoquent des troubles et agitent la population (des Cubains payés par les États-Unis et certains Cubains de Miami).

Diaz Canel, le président qui, selon nos journaux et nos chaînes de télévision, est honni par le peuple, se promène simplement parmi les Cubains dans les rues, sans que des gardes de sécurité lourdement armés ne frappent les manifestants. Les policiers qui ont frappé les quelques vandales avec une matraque n’étaient pas des robocops tirant des gaz lacrymogènes ou des balles en caoutchouc sur la foule depuis des véhicules blindés. Je n’ai pas non plus vu de canon à eau pulvériser les gens dans la rue. À l’exception de quelques hématomes, les manifestations de ce jour-là n’ont fait aucun blessé. Dans les jours qui ont suivi, tout est redevenu relativement calme. Malheureusement, un groupe armé a cru pouvoir profiter du choc que les manifestations ont provoqué chez les policiers pour braquer une station-service lundi soir. Cette attaque a fait un mort.

Les médias, en particulier aux États-Unis, affirment à grands cris que Cuba foule aux pieds les droits humains dans sa répression des manifestations.

Dans le même temps, ces mêmes voix réagissent à peine à ce qui se passe en Colombie depuis le 28 avril. Dans ce pays, le « Paro Nacional », une grève nationale de la population poussée à bout, a repris après que le gouvernement Duque a voulu imposer de nouvelles mesures d’austérité. Les plus pauvres seraient les plus durement touchés par ces mesures, alors qu’ils ont déjà beaucoup souffert de la pandémie de COVID – qui, soit dit en passant, est bien plus grave qu’à Cuba – et du confinement. En Colombie, l’absence de travail signifie ne pas pouvoir manger dans la plupart des cas.À aucun moment le président Duque n’est descendu dans la rue pour parler aux manifestants. À la place, il leur a envoyé des escadrons de police lourdement armés et l’armée. Ceux-ci ont tiré dans la foule, blessant des milliers de personnes et en tuant des centaines. Un grand nombre de personnes ont été arrêtées et détenues illégalement ; certaines ont été retrouvées mortes par la suite. Les jeunes ont été les principales victimes. Le 12 juillet, deux autres corps ont été retrouvés. L’un d’entre eux était celui d’un jeune qui avait seulement 17 ans, qui avait été brutalement arrêté par la police et était resté introuvable depuis lors.

En Colombie, les droits humains sont violés continuellement. C’est une constante dans l’histoire du pays. Même en « temps normal », des gens sont tués tous les jours : des leaders de mouvements sociaux, des syndicalistes, des militants écologistes, des leaders paysans et des politiciens sont liquidés avec la régularité d’une horloge. Les meurtres ne font généralement pas l’objet d’une enquête, souvent parce que la police ou l’armée sont impliquées. Les paramilitaires, m’a-t-on dit lors d’une visite de ce beau pays, sont souvent des soldats ou des policiers de profession, et font cela sur le côté, comme un « petit boulot ». Ils agissent parfois sur les ordres de multinationales, de grands propriétaires terriens ou de cartels de la drogue. Les présidents étasuniens ne tweetent évidemment jamais sur ces violations des droits humains.

Les travailleurs colombiens ne bénéficient souvent d’aucune protection et la liberté syndicale n’existe que sur papier, bien qu’il s’agisse d’un droit humain inclus dans les accords commerciaux internationaux. Là non plus, les États-Unis et l’Union européenne n’y trouvent rien à redire.

Bien que les organisations sociales qui ont créé le « Comité del Paro Nacional » souhaitent parler au président Duque, celui-ci refuse le dialogue. Il refuse tout simplement de parler, préférant renforcer son ESMAD (sa police anti-émeute) et sa police nationale lourdement armées, qu’il incite, avec l’ex-président Uribe, à intervenir avec une violence croissante.

Des voix s’élèvent aux États-Unis pour dénoncer le fait que le gouvernement communiste de Cuba affame sciemment son peuple. Un plus grand cynisme est difficilement concevable : c’est précisément le blocus imposé par les États-Unis depuis 60 ans, qui a été fortement renforcé sous Trump, qui empêche la satisfaction de nombreux besoins fondamentaux et qui a été conçu dès le départ pour affecter la population, pour l’affamer, en attestent différents documents révélés. Si les États-Unis et leurs vassaux sont réellement préoccupés par les droits humains des Cubains, ils devraient lever immédiatement le blocus, afin que l’économie cubaine puisse à nouveau fournir à la population ce dont elle a besoin.

Une fois encore, il est clair que les États-Unis instrumentalisent les droits humains, de manière sélective, à des fins autres que le bien-être du peuple cubain ou de tout autre peuple dans le monde. La Révolution cubaine est une épine dans le pied du gouvernement étasunien depuis 60 ans, car elle a donné à l’île une véritable indépendance, elle a permis le bien-être pour tous les Cubains, et les a libérés des griffes des multinationales nord-américaines. À ce titre, Cuba est une exception sur le continent américain.https://www.telesurtv.net/news/hallan-muertos-manifestantes-desaparecidos-protestas-paro-nacional-colombia-20210712-0020.html https://fos.ngo/nieuws/oproerpolitie-schiet-scherp/ https://elpais.com/internacional/2021-05-04/la-violencia-policial-se-descontrola-en-colombia.html

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