Oxfam International* est une confédération d’ONG qui luttent contre la pauvreté en partant de l’idée que la pauvreté est une question d’injustice. Forte de 70 ans d’expérience, elle travaille dans plus de 90 pays. Elle est active à Cuba depuis 1993 et vient de présenter le 25 mai 2021, à La Havane, son rapport « Le droit de vivre sans blocus. Impact des sanctions américaines sur la population et la vie des femmes ».À Cuba, 78 % des enfants et des femmes sont nés au cours des soixante années de blocus infligées par les États-Unis à l’île. Les sanctions touchent les groupes les plus vulnérables de la population, avec des conséquences majeures pour leurs familles et leurs moyens de subsistance. Elles entravent leurs possibilités et projets de développement et freinent l’évolution vers une société plus égalitaire et inclusive.« Oxfam appelle à mettre fin au blocus. Depuis plus d’un an, les sanctions constituent un véritable obstacle à l’acquisition de matériel médical pour lutter contre le Covid-19, tels que des respirateurs mécaniques, des masques, des kits de dépistage, des réactifs, des aiguilles pour la vaccination, etc. Notre organisation soutient la campagne générale de vaccination destinée à protéger la population. Cuba a elle-même cinq candidats vaccins en cours de développement, dont deux sont en phase finale de test clinique. Cependant, le fait que le blocus interdise tout échange commercial avec les États-Unis retarde la vaccination à grande échelle sur l’île », explique Elena Gentili, représentante d’Oxfam à Cuba.
Depuis 33 ans, Oxfam travaille avec des acteurs locaux, des communautés, des coopératives, des organisations sociales et des partenaires. Les faits présentés dans l’étude confirment que le blocus imposé par les États-Unis a aggravé la crise économique en rendant difficile tout contact avec des fournisseurs de médicaments, de technologies, d’alimentation et d’autres biens essentiels.
Pour mener cette étude, Oxfam a cherché à savoir comment l’on vit la crise sanitaire actuelle dans un pays soumis à un blocus économique, commercial et financier ? Le gouvernement Trump a encore renforcé le blocus avec plus de 240 nouvelles sanctions, dont 55 en pleine crise du Covid-19.
Ces mesures affectent également gravement les entrepreneurs privés, notamment dans le secteur du tourisme, ce qui était d’ailleurs déjà le cas avant que n’éclate la pandémie de Covid-19. Standard Business Confidence Survey a réalisé une enquête en 2020. Il en ressort que plus de 60 % des entrepreneurs de l’île ont déclaré que le préjudice que leur a occasionné la pandémie est aussi important que celui causé par le blocus étasunien. Ce sont les femmes qui sont les plus touchées.
Oxfam fonde son analyse sur une étude réalisée par le Centro de Investigaciones de la Economía Mundial (CIEM) et sur des témoignages de femmes, principalement. Le blocus renforce le schéma patriarcal et ne tient pas compte des autres besoins et opportunités, ni de l’indépendance des femmes. Il les touche dans la sphère privée, où ce sont elles qui assument l’essentiel de la prise en charge des enfants et de l’entretien quotidien. Les femmes cubaines consacrent environ 35,20 heures par semaine aux tâches ménagères et aux soins à la famille. Dans 46 % des ménages, elles sont chef de famille. Les femmes sont également victimes du blocus dans la sphère publique, car elles se retrouvent en second plan en termes d’accès à l’emploi et à l’éducation, et doivent faire face aux pénuries au quotidien.
L’étude examine de plus près les secteurs où les femmes sont les plus présentes et prennent des responsabilités. Dans les soins de santé, elles représentent 71% des 479 623 professionnels que compte ce secteur au total. Dans le secteur de l’éducation, en 2019, 60 % des plus d’un demi-million d’enseignants étaient des femmes. En biotechnologie, elles sont 53 % à travailler dans les centres de recherche et 84 % dans les laboratoires.
Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler en tant que spécialistes dans les zones rouges des hôpitaux, où elles prennent en charge les patients les plus gravement atteints du Covid-19. De nombreuses femmes font désormais partie des équipes qui développent les cinq candidats vaccins. Oxfam reconnaît que la réponse cubaine à la crise du coronavirus doit beaucoup aux efforts quotidiens des femmes qui font face aux restrictions et au stress causés par les sanctions étasuniennes contre leur pays. « Nous sommes convaincus que, sans le blocus, les groupes les plus vulnérables bénéficieraient d’une meilleure protection sociale. Sans blocus, les femmes seraient en mesure de faire valoir davantage leurs droits. Sans blocus, le secteur privé aurait plus d’opportunités », ajoute Mme Gentili. Le dialogue et la coopération entre les deux pays auraient un impact positif sur la santé publique et la biotechnologie. Cela permettrait également aux autres pays de mieux maîtriser la pandémie. Joe Biden, levez le blocus !
Oxfam appelle le gouvernement Biden-Harris à normaliser les relations bilatérales. « Il ne tient qu’à eux de lever les mesures prises par leurs prédécesseurs et d’ouvrir la voie à un nouveau processus de rapprochement et lui donner une chance de se développer. Avec le Congrès, ils peuvent agir pour mettre enfin fin au blocus », conclut le rapport.
Oxfam exhorte l’Union européenne à intensifier le dialogue avec le gouvernement Biden en vue de lever le blocus contre Cuba. Le vote de l’Assemblée générale des Nations unies sur la résolution visant à mettre fin au blocus constitue une bonne occasion de rouvrir ce dialogue.
Il est urgent de mener dans les forums internationaux un débat sur les effets néfastes du blocus, basé sur des données concrètes.
Lisez quelques éléments du rapport et des témoignages ici.
Rejoignez le cortège cycliste contre le blocus, le 12 juin à Bruxelles. Inscrivez-vous ici.* Oxfam International a été créée en 1995 par un groupe d’ONG. Le nom « Oxfam » vient de Oxford Committee for Famine Relief, un comité fondé en 1942, pour expédier des colis de nourriture à la Grèce occupée pendant la Seconde Guerre mondiale. Après cela, cette organisation s’est tournée vers les pays en développement. En Belgique, l’organisation se compose d’Oxfam-Solidarité, d’Oxfam-Wereldwinkels (Flandre) et d’Oxfam Magasins du Monde (Wallonie et Bruxelles).