L’assemblée constituante affiche des couleurs progressistes, la capitale se dote d’une maire communiste et le candidat communiste à la présidence est en tête des sondages. Six mois avant l’importante élection présidentielle, l’élite politique chilienne s’effondre dans les urnes. Les Chiliens ont choisi une jeune génération progressiste pour écrire le prochain chapitre de leur histoire.
Fin 2019, un mouvement de protestation de masse a explosé au Chili contre l’élite politique isolée du pays et les inégalités résultant du modèle économique de la dictature. Après les manifestations, un référendum constitutionnel a été prévu comme réponse des partis politiques à la crise. Le 25 octobre 2020, une majorité écrasante de 78 % des électeurs a opté pour la création d’une nouvelle Constitution. Ce soir-là, sur la Plaza Italia de Santiago, rebaptisée Plaza Dignidad (place de la Dignité) par le mouvement de protestation, le mot « Renacido » (renaître) avait été projeté triomphalement au milieu de la foule en liesse. Après ce week-end, le rajeunissement du paysage politique est devenu une réalité. p { margin-bottom: 0.1in; direction: ltr; line-height: 115%; text-align: left; orphans: 2; widows: 2; background: transparent } La droite ne sera pas en mesure de bloquer les propositions progressistesLe week-end du 15 mai, les Chiliens ont pu voter pour élire 155 députés qui rédigeront une nouvelle Constitution ; celle-ci reléguera aux livres d’histoire le document de 1980 d’Augusto Pinochet qui consacrait le modèle néolibéral. Les Chiliens ont en même temps élu les gouverneurs régionaux, les conseillers municipaux et les maires. Les candidats de la coalition Chile Vamos autour du président Sebastián Piñera ont obtenu de très mauvais résultats.
Il est à souligner que la liste de la coalition gouvernementale n’a obtenu que 37 sièges, ce qui veut dire que la droite traditionnelle est donc très largement en dessous du tiers du nombre de sièges (52) qui lui aurait donné le moyen de bloquer les articles progressistes de la Constitution. Chaque proposition doit en effet être approuvée par deux tiers de l’assemblée pour être incluse dans le projet de Constitution. La « gauche alternative », autour du Parti communiste et du Frente Amplio, remporte 28 sièges, mais les plus grands vainqueurs sont les candidats indépendants progressistes qui obtiennent 48 sièges.
Karol Cariola, du Parti communiste chilien, a remercié les électeurs qui ont « voté sans peur » et a déclaré: « Nous continuerons à sectionner les chaînes de la dictature et nous écrirons une Constitution historique. »
L’assemblée, composée de 155 membres, comprend 47 candidats indépendants et 17 représentants des 10 peuples indigènes du pays. Pour la première fois, leur participation a été garantie. Les femmes candidates ont tellement bien réussi que la garantie minimale de 45 % pour chaque sexe a finalement dû être appliquée pour assurer le quota masculin.
L’assemblée constituante dispose désormais d’un an maximum pour rédiger une nouvelle Constitution, qui sera à nouveau soumise au vote du peuple chilien. Une femme communiste maire de la capitaleLes candidats soutenus par le gouvernement ont également obtenu de mauvais résultats aux élections locales, perdant des mairies importantes et ne parvenant souvent pas à atteindre le second tour des élections pour les postes de gouverneur. Dans un discours prononcé depuis le palais présidentiel dimanche soir, Sebastian Piñera a reconnu que les « forces politiques traditionnelles » du Chili n’étaient « pas alignées sur les demandes du peuple ».« C’est le triomphe de l’unité sociale et politique », a déclaré sur la Plaza de Armas de Santiago la maire nouvellement élue, Irací Hassler, accompagnée de plusieurs femmes élues au conseil municipal. « C’est le début d’un changement majeur dans notre façon de faire de la politique. Le mouvement de protestation, les grèves féministes et les mouvements sociaux et environnementaux sont désormais des faits incontournables.(…) Nous pensons qu’aujourd’hui n’est qu’un avant-goût de ce que le pays tout entier peut espérer : que la loi ne sera plus jamais utilisée contre nos voisins. »
Irací Hassler est devenue conseillère municipale à Santiago à l’âge de 24 ans et aujourd’hui, à 30 ans, elle est probablement la plus jeune maire d’une capitale au monde. La communiste Irací Hassler reprend ainsi l’écharpe de Felipe Alessandri, qui espérait un second mandat avec le soutien de la coalition de droite de Piñera.
Ailleurs dans le pays, les candidats de gauche ont également conquis des régions, des villes et des communes. Rodrigo Mundaca, un leader social bien connu et défenseur des droits humains, pourrait devenir le gouverneur de Valparaíso, la deuxième plus grande région du pays. Jorge Sharp, du Frente Amplio, été réélu maire du chef-lieu Valparaíso, et Macrena Ripamonti devient maire de Viña del Mar, ville votant traditionnellement à droite. Novembre : élections palpitantes pour la présidence et pour un nouveau Parlement : le candidat communiste à la présidence est en tête dans les sondages. Ainsi, le Frente Amplio, qui semblait jusqu’à récemment divisé en interne, a donc obtenu de bons résultats. Son candidat à la présidence, Gabriel Boric, un vétéran des manifestations de 2011 pour l’enseignement au Chili, a pu aisément rassembler les signatures nécessaires pour enregistrer sa candidature lundi.
Daniel Jadue, du Parti communiste, a été, comme prévu, réélu sans problème dans sa municipalité de Recoleta, mais surtout, il est en tête des sondages nationaux en tant que candidat à la présidence. La gauche semble désormais vraiment être revenue de (très) loin au Chili. Le mois dernier, Jadue était l’invité du webinaire de Cubanismo.be (à revoir ici) sur la gauche en Amérique latine. Pour en savoir plus sur lui, cliquez iciLes partis traditionnels de (centre) droite ne peuvent ignorer la sanction des urnes et ils tentent d’unir leurs forces pour novembre. Mercredi, trois candidats de petites formations – le Parti chrétien-démocrate, le Parti démocrate et les Libéraux – ont retiré leur candidature en faveur de Paula Narváez du plus grand Parti social-démocrate (PS). p { margin-bottom: 0.1in; direction: ltr; line-height: 115%; text-align: left; orphans: 2; widows: 2; background: transparent }