Commençons par les bonnes nouvelles : à ce jour, Cuba ne déplore « pas plus » de 218 décès depuis le début de la pandémie. C’est 97 fois moins qu’en Belgique, peuplée également d’environ 11 millions d’habitants, mais où plus de 21 100 personnes sont mortes du covid. La mauvaise nouvelle, c’est ….
Une explosion des casEn janvier, le nombre de contaminations a fortement augmenté. De 80 à 90 contaminations quotidiennes par jour pendant de nombreux mois, le 2 février, Cuba a dépassé pour la première fois le cap des 1000 cas (1044, précisément ; en Belgique : 2324). Ces infections ont en grande majorité été contractées dans le pays. Compte tenu de la forte augmentation du mois dernier, les tests ont été multipliés, ce qui explique en partie ces chiffres plus élevés, mais les principales raisons de cette hausse sont probablement – comme dans de nombreux autres pays – une lassitude à respecter les règles et l’émergence de variants plus contagieux.
L’aéroport a rouvert en décembre et les touristes ont été vivement invités à respecter une quarantaine de dix jours, à l’adresse de leur choix. Il est probable que tous ne l’ont pas fait, de sorte que de nouveaux variants du virus (beaucoup plus contagieux) ont pu pénétrer sur l’île. Cela peut expliquer la hausse galopante des infections indigènes le mois dernier. Dès le dimanche 6 février, les touristes et les Cubains vivant à l’étranger seront donc tenus de passer à nouveau une semaine dans un hôtel de quarantaine qui leur sera indiqué, en attendant un deuxième test négatif, comme cela a été fait en mars dernier. Les visiteurs infectés seront, bien sûr, obligatoirement isolés et soignés en attendant leur guérison ou leur rapatriement. En raison de l’aggravation des pénuries, due au covid et au durcissement du blocus, il y a souvent de longues files d’attente devant de nombreux magasins. Les gens doivent patienter longtemps. Malgré les appels répétés des autorités et des responsables de la santé et les contrôles de la police, les masques ne sont pas toujours portés correctement et la distanciation n’est pas toujours bien respectée. Il faudra attendre le mois de juin, au plus tôt, pour que le vaccin cubain Soberana 2 soit suffisamment testé. Dans la mesure où Cuba (moins encore que d’autres pays du Sud) ne peut pas compter sur une quelconque solidarité en matière de vaccin), une fois encore, l’île n’a pas d’autre choix que de redoubler d’efforts en matière de prévention et de test, recherche des contacts et isolement.97 fois moins de décès parmi les 11 millions de Cubains que parmi les 11 millions de BelgesLe très faible taux de mortalité à Cuba est dû à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’énorme travail de visites de prévention et de recherche de contacts (plus de 1,5 million depuis mars 2020), effectué sans relâche par les agents de santé locaux et salué par l’OMS et par Erika Vlieghe. Ces mesures ont permis de maintenir le nombre d’infections à un niveau faible tout au long de l’année 2020. Lors de ces visites à domicile, tous les contacts à risque d’une personne infectée sont immédiatement mis en quarantaine (régulièrement contrôlée), de sorte que le virus a peu de chances de se propager.
En outre, toute personne dont le test est positif mais qui ne présente pas (encore) de symptômes est invitée à quitter son domicile pour rejoindre un centre d’isolement : des hébergements touristiques et des hôtels inutilisés pour l’instant. 1065 personnes y séjournent actuellement. Ce système est particulièrement coûteux, tant en argent qu’en personnel et n’est pas tenable sous cette forme. Il n’est pas possible d’augmenter la capacité de quarantaine de 500 personnes par jour (environ la moitié des 1044 cas positifs d’hier étaient asymptomatiques).
Les patients qui développent des symptômes sont immédiatement hospitalisés. C’est une grande différence avec la Belgique, où la majorité des patients atteints du covid peuvent ou doivent rester chez eux et sont censés s’isoler de leurs colocataires. Chez nous, les patients ne sont hospitalisés qu’en cas de complications. Cela explique pourquoi les hospitalisations sont le seul chiffre qui soit sensiblement plus élevé à Cuba qu’en Belgique, soit 5445 contre 1928 chez nous. Par contre, seuls 58 patients se trouvent aux soins intensifs (en Belgique : 322).
Des moyens insuffisants aujourd’hui déjà, mais aussi à l’avenirLe gouvernement Trump a durci le blocus à des niveaux sans précédent, mais grâce à la frugalité et à une gestion équitable de la pénurie, le secteur médical a pu continuer à répartir convenablement des ressources pourtant rares entre les malades peu nombreux. Mais aujourd’hui, avec dix fois plus d’infections ce mois-ci que le précédent, les hôpitaux sont davantage sous pression et la pénurie d’équipements de protection s’aggrave fortement, comme en témoignent nos contacts sur place.
Chaque citoyen du monde va avoir besoin de plus d’une seringue et d’une aiguille cette année. Il faut donc s’attendre à une pénurie mondiale de ce matériel d’ici quelques mois. Les Cubains lancent un appel à la solidarité pour les aider à se procurer les seringues et aiguilles dont ils auront besoin cet été pour mener leur campagne de vaccination.
Cuba a aidé et aide encore à lutter contre le covid partout dans le monde, jusqu’en Italie et en Andorre. Il est de notre devoir moral de les aider à mener à bien leur campagne de vaccination.
Source : Cubadebate, conférence de presse du MINSAP