Le réajustement du capitalisme en tant que stratégie aux États-Unis n’est pas nouveau, et maintenant, avec l’arrivée à la présidence de Joe Biden, la présentation d’un cabinet diversifié et multiculturel, qui au moins dans la gamme des couleurs de peau et des origines ethniques donne le sentiment d’un « gouvernement qui représentera les intérêts de toute la nation », vient fort à propos pour renforcer l’idée d’une gestion différente, qui s’engage à des rénovations qui cesseront d’accentuer les polarisations générées par Donald Trump. L’agenda des premiers défis n’a pas été conçu par l’administration entrante, mais par les erreurs à répétition de la clique trumpiste qui a refilé la « patate chaude » à son successeur démocrate, à commencer par la grave crise sanitaire de covid-19 qui, aux États-Unis, a fait le plus grand nombre de malades et de morts à l’échelle mondiale.
Pour faire face à la situation, Biden a évoqué une distribution équitable des traitements et des vaccins, mais c’est sans compter sur le caractère mercantile d’un système de santé qui, par sa nature excluante, constitue en soi un obstacle structurel à la réussite de la lutte contre la pandémie.
Le reste de l’héritage de Trump a tracé la voie des problèmes à atténuer dans les premiers temps : chômage, expulsions, économie en crise, baisse générale du niveau de vie de la population, racisme, discours de haine, graves fractures internes, mécontentement généralisé, violence, statut des migrants, hausse de la criminalité…. En bref, un halo d’ombres dans lequel le « trumpisme », cette force politique qui a émergé en quatre ans et que le sociologue et politologue Atilio Boron définit comme « la consolidation d’une droite populiste, radicale et dure, qui se confond avec la suprématie blanche provenant des secteurs sud de du pays ».
Or, nul n’ignore que ceux qui tirent réellement les ficelles de la politique intérieure et extérieure ne sont pas les dirigeants des partis démocrate ou républicain, mais ce qu’on appelle l’État profond, « une constellation de groupes d’intérêts, de lobbies, de grandes entreprises, Wall Street, tous se retrouvant dans une sorte de porte tournante où les personnes passent de l’État à des entreprises privées et de celles-ci à l’État », selon Atilio Boron.
Les défis de la présidence Biden sont palpables. En ces quatre années de l’ère Trump, par exemple, les États-Unis ont détérioré leurs relations avec leurs alliés traditionnels, comme l’Union européenne, et se sont retirés d’importantes organisations et accords multilatéraux.
Les relations avec la Chine et la Russie seront également à l’ordre du jour. La présence de faucons ayant une attitude traditionnellement conflictuelle envers ces pays n’augure pas de grands progrès dans ce domaine. L’Iran, l’Irak, l’Afghanistan et la Syrie seront également sous les feux de la rampe. Sans oublier que Biden avait cautionné, par son vote au Sénat, les invasions de l’Irak et de l’Afghanistan, et, en tant que vice-président, a approuvé les opérations militaires en Libye et en Syrie.À propos de l’Amérique latine ? Biden devra répondre à une question concernant ce continent : la carotte ou le bâton, même si la doctrine Monroe continuera à marquer les lignes essentielles.
Un véritable changement de position vis-à-vis de Cuba passerait par la cessation du financement gouvernemental de la subversion contre l’Île et avancer sur la voie visant à mettre fin au blocus économique, commercial et financier durci par Trump avec plus de 240 mesures.
Par rapport à ses alliés européens, le gouvernement fraîchement installé à Washington doit réduire le fossé généré par le « trumpisme », notamment en ce qui concerne le gazoduc Nord Stream 2 et l’épineuse question des ressources et du financement de l’otan, bien que, jusqu’à présent, les conseillers de Biden se soient exprimés non sans une certaine froideur sur cet ouvrage.
Pour sa part, l’Allemagne appelle la nouvelle administration à créer un front commun pour défendre la « démocratie libérale » contre les dangers de la « propagation du totalitarisme », une sorte de nouveau plan Marshall pour sauvegarder et renforcer le capitalisme.
Joe Biden a la possibilité d’atténuer les problèmes, en particulier ceux qui secouent actuellement son pays. En matière de politique étrangère, il est clair qu’un dialogue honnête, civilisé et respectueux, permettant de surmonter les différences, serait le meilleur moyen de procéder.
JOE BIDENPrésidentVice-président (2009-2017). Il a été sénateur du Delaware de 1973 à 2009. Président de la commission des Relations étrangères du Sénat. Après les attentats du 11 septembre 2001, il a soutenu la politique du président George W. Bush.
KAMALA HARRISVice-présidentePremière femme vice-présidente. Elle a été procureur général de Californie (2011-2017) et sénateur de cet État (2017-2021). Au cours de son mandat, elle a plaidé en faveur d’une réforme des soins de santé, de l’interdiction des armes d’assaut et d’une réforme fiscale progressive.
ANTONY BLINKENSecrétaire d’ÉtatA servi sous deux présidents démocrates, membre clé de la commission des Relations étrangères du Sénat ; conseiller à la Sécurité nationale et Secrétaire d’État adjoint sous la deuxième administration Obama.
Secrétaire d’État adjoint sous la deuxième administration Obama.
ALEJANDRO MAYORKASSecrétaire d’État à la Sécurité intérieure,Ce Cubano-américain a dirigé les Services de la citoyenneté et de l’Immigration sous le mandat d’Obama, dont il a été le Sous-secrétaire à la Sécurité intérieure. Il a joué un rôle clé dans les négociations avec Cuba.
LLOYD AUSTINSecrétaire d’État à la DéfenseGénéral quatre étoiles, premier Afro-américain à la tête du Pentagone et troisième officier militaire de carrière à diriger ce Département. Il a servi 41 ans dans l’armée et a dirigé les forces étasuniennes pendant la guerre en Irak.
JANET YELLENSecrétaire d’État au TrésorElle a une formation universitaire et une vaste expérience en tant que conseillère à la Maison-Blanche, et présidente de la Réserve fédérale. Spécialiste du marché du travail, elle est favorable à une augmentation des dépenses fiscales pour la création d’emplois.
GINA RAIMONDOSecrétaire d’État au commerceFemme d’affaires et politicienne, gouverneur de l’État de Rhode Island, c’est une figure montante du parti en tant que représentante du secteur modéré. À son actif : la réforme du système de retraites pendant son passage au Trésor public de son État.
XAVIER BECERRASecrétaire d’État à la SantéAvocat et économiste, il a été nommé procureur général de Californie en 2017, poste auquel il a succédé à l’actuelle vice-présidente élue Kamala Harris.
PETE BUTTIGIEGSecrétaire d’État aux TransportsAdversaire de Biden aux primaires démocrates, il devra assumer un poste qui est à l’intersection de plusieurs défis : emplois, infrastructures, équité et climat.
DEB HAALANDSecrétaire d’État à l’intérieurPremière femme amérindienne à la tête d’un ministère. Elle sera responsable en dernier ressort de la gestion des ressources naturelles, y compris les parcs et les champs de pétrole et de gaz, ainsi que du patrimoine culturel du pays.
MIGUEL CARDONASecrétaire d’État à l’ÉducationEn août 2019, Cardona a été nommé Commissaire à l’éducation, le premier Latino à accéder à ce poste. Il a été professeur adjoint d’éducation au Département de leadership éducatif de l’Université du Connecticut.
MARTIN JOSEPH WALSHSecrétaire d’État au TravailMaire de Boston depuis 2014. Membre de la Chambre des représentants du Massachusetts (1997-2014). Il a été président du Comité d’éthique et co-président du Caucus du travail du parti démocrate du Massachusetts.
JENNIFER GRANHOLMSecrétaire d’État à l’ÉnergieGouverneur du Michigan de 2003 à 2011. Première femme à occuper ce poste dans cet État. Elle a également été procureur général du Michigan.
TOM VILSACKSecrétaire d’État à l’AgricultureAncien gouverneur de l’Iowa, il a été Secrétaire à l’agriculture sous Barack Obama de 2009 à 2017. Démocrate de l’establishment avec une myriade d’intérêts corporatifs et un bilan déplorable en matière de changement climatique et de droits civils.
MERRICK GARLANDProcureur généralMagistrat modéré et expérimenté à Washington. Obama l’a nommé pour combler la vacance du poste de juge à la Cour suprême après le décès d’Antonin Scalia, qui était bloqué par les républicains en raison de la proximité des élections de 2016.
AVRIL HAINESDirectrice du RenseignementPremière femme numéro 2 de la CIA (2013-2015). Conseiller à la sécurité nationale en 2015. Également la première femme à diriger les services de renseignements étasuniens.
JAKE SULLIVANConseiller à la sécurité nationaleConseiller à la sécurité nationale (2013-2014) ; ex-chef de cabinet adjoint de Hillary Clinton lorsqu’elle était Secrétaire d’État et son conseiller en politique étrangère pour sa candidature de 2016.
RON KLAINChef de CabinetConseiller de présidents, vice-présidents et sénateurs démocrates. Expérience en matière de gestion de l’épidémie d’Ebola en 2014 ; considéré comme un renfort dans la lutte la COVID-19.
MIKE DONILONConseiller principal du présidentIl fut conseiller du vice-président Joe Biden. Et aussi, conseiller de Bill Clinton dans la course à la Maison-Blanche.