Le parlement cubain clôture une année 2020 difficile et approuve les plans pour 2021. Gerardo Hernández Nordelo – l’un des Cinq – a été élu au Conseil d’État. Après les réunions des différentes commissions, le Parlement cubain s’est réuni en plénière – en présentiel et à distance – les 16 et 17 décembre. L’ombre macabre de la COVID-19Dans son allocution de clôture prononcée jeudi dernier, le président de la République, Miguel Díaz-Canel, a fait le point, derniers chiffres à l’appui, de la situation de la crise du coronavirus dans l’île : Cuba a effectué près de 1,3 million de tests et enregistré 9.771 cas positifs, dont 137 sont malheureusement décédés des suites de la maladie. À titre de comparaison, en Belgique, le bilan s’élève à plus de 18.000 morts, tandis que des pays comme les États-Unis et le Mexique comptent des centaines de milliers de morts.
Cuba affiche par ailleurs un taux de guérison élevé : en effet, près de 90 % des personnes infectées par le coronavirus ont guéri. Pendant ce temps, le pays œuvre sans relâche à la mise au point de son propre vaccin. Quelque 3.000 professionnels de la santé affectés aux 53 brigades internationales Henry Reeve ont apporté leur aide dans 39 pays.
Contraction économique, mais optimisme pour 2021Une croissance de 1 % était prévue pour 2020, mais le durcissement du blocus, la pandémie et le déclin draconien du tourisme risquent de faire reculer l’économie de 11 %. Plus de 47.000 bâtiments ont été achevés et près de 2,5 milliards d’investissements étrangers ont été approuvés. Des entreprises de 21 pays sont désormais actives dans la zone portuaire spéciale (Zone spéciale de développement) de Mariel.
Pour 2021, le budget prévoit 288 milliards de pesos de recettes et 375 milliards de dépenses, ce qui signifie un déficit de 87 milliards de pesos. 65 % des dépenses sont affectées à des activités subventionnées (services publics, éducation, santé, entreprises publiques, etc.). Malgré l’incertitude quant à l’évolution de la pandémie, le pays espère une croissance économique progressive en 2021, passant de 6 à 7 %. Les investissements augmentent de 22 %, dont 60 % sont destinés à la production d’aliments et de médicaments, à la défense, au tourisme, aux énergies renouvelables et au secteur de la construction. Un peu de retarud au niveau du calendrier législatif Plusieurs lois ont été adoptées, par exemple sur le gouvernement local, mais certaines, comme celles sur le droit de la famille, ont été reportées. La pandémie a compromis les travaux préparatoires. Sur les 14 lois prévues pour 2020, huit sont encore inachevées, mais devraient être finalisées en 2021.
Appel aux organisations de masseLe président a conclu son discours par un appel au dialogue et à des efforts axés sur la recherche de solutions, en opposition au formalisme rigide et à la bureaucratie. Il a également appelé les organisations de masse (les différentes organisations populaires) à se montrer plus proactives et inclusives et à aborder les questions négatives sans détours, et ce même avec les secteurs les moins convaincus ou les moins intéressés. Les organisations doivent se trouver constamment sur le terrain, non seulement pour clamer des slogans, mais aussi pour visiter les écoles et les quartiers afin de connaître les problèmes et la réalité. Il y a du pain sur la planche, car les plaintes sont nombreuses concernant, notamment, l’approche trop laxiste dans le cas des augmentations de prix injustifiées.
Gerardo Hernández élu au Conseil d’ÉtatLe Conseil d’État est la plus haute instance politique entre les sessions parlementaires. Il compte aujourd’hui 21 membres. Le Conseil d’État veille à l’application de la Constitution et des lois, a une fonction législative et de contrôle et peut prendre des initiatives dans de nombreux domaines. Le Parlement élit les membres du Conseil d’État parmi ses députés. Gerardo Hernández est né à La Havane le 4 juin 1965. Diplômé de l’Institut supérieur des relations internationales Raúl Roa García en 1989, il est parti pour un an en mission internationale en Angola, où il a été remarqué pour son courage. En 1980, il a commencé à militer dans les rangs de la Jeunesse communiste (UJC), et en 1993, il est devenu membre du Parti communiste. Il est marié à Adriana Pérez, avec qui il a trois enfants.
Il est l’un des Cubains envoyés aux États-Unis dans les années 1990 pour aider à prévenir les attaques terroristes contre Cuba. En 2001, au terme d’un simulacre de procès, il a été condamné, avec quatre autres Cubains, à la prison à vie. Grâce à la campagne mondiale «
Free-the-Five » – fortement soutenue par cubanismo.be (alors ICS) – il a été libéré fin 2014 et a pu retourner à Cuba. Il a reçu le titre de Héros de la République de Cuba.
En 2018, il a été élu en tant que député au Parlement cubain. Il a également été nommé au poste de coordinateur national des CDR (les Comités de défense de la révolution, la plus grande organisation de masse à Cuba). Gerardo a été élu à l’unanimité par les 563 membres du Parlement. «
Ce résultat prouve une fois de plus notre gratitude envers lui et nous savons qu’il portera cette responsabilité avec son engagement et son expérience révolutionnaires », a déclaré le président du Parlement, Esteban Lazo.
Optimisme révolutionnaire2021 sera sans aucun doute une autre année spéciale pour Cuba, avec la tenue du 8e Congrès du Parti en avril et un nouveau président à la Maison Blanche. Cependant, les Cubains sont révolutionnaires, et donc optimistes : «
Oui, nous avons pu, oui nous pouvons, et oui, nous pourrons toujours » pouvait-on lire sur une banderole dans l’une des salles de réunion du Palais des Congrès où se sont déroulés les derniers travaux parlementaires.