L’âne ou l’éléphant

D’ici quelques jours, le monde devrait savoir qui sera le prochain président des États-Unis d’Amérique : Joe Biden ou Donald Trump. Les sondages donnent Biden vainqueur, dans un contexte de 226 000 morts du COVID, de récession économique, de protestations massives contre le racisme et d’actions policières violentes en continu. Une analyse de Abel González Santamaría (Cubadebate, 31 octobre 2020)* complétée par quelques éléments.

SondagesSelon le site spécialisé Real Clear Politics, 53,4 % des électeurs américains rejetteraient la politique de Trump, et le candidat démocrate Biden obtiendrait 51,4 % des voix, contre 43,5 % pour Trump. Sur les 538 voix du collège électoral, 216 seraient déjà allées à Biden et 125 à Trump ; le vainqueur doit en rassembler 270. Plus de 86 millions de citoyens américains ont déjà voté (par courrier postal), ce qui représente 64 % des votes en 2016.

ArgentEn octobre, Biden disposait de trois fois plus de fonds de campagne que Trump, ce qui lui a permis de payer, entre autres, la coûteuse propagande à la télévision. Au cours de ces élections, ils ont dépensé en tout plus de 2 milliards de dollars rien qu’en publicité politique, ce qui en fait la campagne la plus chère de tous les temps. Le coût total des élections dans leur ensemble (y compris les élections pour la Chambre des Représentants et le Sénat) s’élèverait à 11 milliards, soit la moitié du montant de 2016 en plus.**CubaTrump attaque directement Cuba de façon agressive, tandis que Biden le fait avec moins de véhémence. Néanmoins, les deux candidats attaquent la révolution cubaine, surtout lorsqu’ils font campagne à Miami. Trump s’est comporté de manière cruelle et haineuse envers Cuba, en particulier à l’égard des familles cubaines. Au cours des deux dernières années, il a pris plus de 130 mesures pour étouffer l’économie cubaine. « La liberté de Cuba sera l’une de mes plus grandes victoires », a-t-il récemment assuré.

Pour sa part, Biden a tenté de s’opposer aux positions extrêmes de Trump, mais il a conservé la rhétorique désuète sur les droits humains, lorsqu’il a déclaré que « Cuba n’est pas plus libre et démocratique qu’il y a quatre ans ». Néanmoins, il a affirmé qu’une nouvelle politique envers Cuba était nécessaire, ce qui pourrait indiquer un possible retour à la politique des deux dernières années du mandat d’Obama.

Obama a rejoint l’équipe de campagne de Biden à Miami. Lors d’une rencontre à l’Université internationale de Floride, il a rejeté les attaques de Trump, qui avait qualifié Biden de « socialiste » et de « communiste », déclarant que « Biden n’est pas socialiste » et qu’il « va promouvoir les droits humains à Cuba et dans le monde ». La candidate à la vice-présidence Kamala Harris a également déclaré que Biden « tournerait le dos à la politique ratée de Donald Trump », et « exigerait également la libération des prisonniers politiques et placerait les droits humains au cœur des relations diplomatiques ». Les deux candidats défendent donc des positions tactiquement différentes, mais poursuivent stratégiquement le même objectif géopolitique : la reconquête et la recolonisation du « fruit mûr », et par conséquent le renversement de la révolution cubaine. Entre 1959 et 2020, Cuba a connu 12 présidents des États-Unis, qui souhaitaient tous un « changement de régime », et suivaient pour ce faire des tactiques différentes. Le Parti démocrate et le Parti républicain sont tous deux au service de la même classe du grand capital, ils s’alternent et veulent tous deux maintenir leur pouvoir politique, économique et militaire dans le monde.

Au cours des deux derniers siècles, les gouvernements américains successifs ont utilisé différents instruments de pouvoir : des tentatives d’achat et d’annexion, des interventions armées et l’occupation militaire, l’amendement Platt***, l’occupation d’une partie du territoire et l’établissement d’une base militaire (Guantánamo), des dictatures militaires, des actes de sabotage, l’importation de parasites et de maladies, des attaques contre les principaux dirigeants, des actes terroristes faisant des milliers de victimes (morts et mutilés), l’isolement international et régional, la rupture des relations diplomatiques, la création et le soutien de groupes armés, la diffusion illégale d’émissions de radio et de télévision, propageant des programmes subversifs payés à coups de millions de dollars, pour inciter à la haine et à la division, notamment sur Internet et par le biais des médias sociaux…

Le blocus économique, commercial et financier imposé en permanence depuis près de soixante ans, constitue bien sûr l’une des actions les plus hostiles, qui a été encore davantage renforcée en pleine pandémie de coronavirus. Un blocus qui porte directement atteinte au bien-être des familles cubaines, et qui représente le plus grand obstacle à l’amélioration des relations entre les deux pays.

Le prochain gouvernement américain sera peut-être enclin à reprendre le fil de la normalisation des relations bilatérales, d’une manière civilisée et respectueuse, sans ingérence et sans conditions. Mais aujourd’hui, Cuba est la cible d’une guerre économique, idéologique, psychologique et culturelle, menée par le gouvernement américain.

L’essence du conflit entre Cuba et les États-Unis demeure : la domination versus l’indépendance, l’hégémonie versus la souveraineté. Mais une chose est sûre : peu importe qui dirigera les États-Unis, le peuple cubain décidera lui-même de son présent et de son avenir, que le président américain soit du camp des ânes (les Démocrates) ou des éléphants (les Républicains). * Cubadebate** theconversation.com*** L’amendement Platt était une annexe à la constitution cubaine de 1902, qui donnait aux États-Unis le droit d’intervenir (y compris militairement) à Cuba, si leurs intérêts étaient menacés, et d’y établir une base militaire. p { margin-bottom: 0.1in; line-height: 115%

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