À l’exception de La Havane – l’épicentre de l’épidémie de COVID-19 sur l’île – et de quelques autres villes, la rentrée scolaire a eu lieu à Cuba mardi dernier, au milieu d’une deuxième vague d’infections au coronavirus, et après plus de six mois de fermeture.
Portant obligatoirement un masque, et sous la surveillance de travailleurs de la santé à l’entrée des établissements scolaires, des centaines de milliers d’élèves et d’étudiants ont retrouvé les bancs d’école, dans le centre et l’est de Cuba, le 1er septembre dernier. Les récents épisodes épidémiques de coronavirus bloquent quelque 355 000 étudiants chez eux à La Havane, ainsi que dans six villes des provinces de Pinar del Río, Artemisa, Matanzas (ouest) et Villa Clara (centre). Les universités de la capitale ne rouvriront pas leurs portes tant que la situation sanitaire de la ville ne se sera pas améliorée, en vertu des nouvelles mesures restrictives en vigueur depuis le 1er septembre.
La pandémie, ses 4 065 cas positifs et 95 décès, ont donné lieu à ce que des décennies d’embargo américain et de crise économique n’avaient pas pu réaliser : les parades traditionnelles de masse, les célébrations religieuses ont été annulées et les écoles ont été fermées, une mesure que le gouvernement avait pourtant voulu éviter dès le départ.
Reprise de l’année scolaire « passée »
Cuba, où l’enseignement gratuit, libre, et universel est l’un des piliers les plus importants de la révolution, a commencé l’année scolaire 2019-2020 en septembre dernier avec près de 2 millions d’étudiants et quelque 9 000 enseignants de plus que l’année précédente.
Face aux inquiétudes des parents et à la propagation rapide des cas de COVID-19, les cours avaient été interrompus fin mars. Au départ, l’idée était de les reprendre un mois plus tard. La reprise de la période scolaire avait été reportée après le pic d’avril, alors que l’île enregistrait le plus grand nombre de cas, lors de la première vague d’infections.
En juin, le gouvernement a déclaré que la maladie était sous contrôle, et a annoncé un retour à l’école en septembre. Toutefois, les récentes flambées de l’épidémie dans l’ouest de l’île ont compromis ce retour à la normale, les chiffres quotidiens dépassant le pic d’avril à La Havane. Néanmoins, les autorités ont maintenu leur décision de rouvrir des écoles dans le reste du pays, dans le cadre de la troisième et dernière phase de déconfinement. La zone ouest, en revanche, est pratiquement isolée depuis le 1er septembre.
Tests PCR et masquesL’année scolaire 2019-2020, qui avait été interrompue, a repris le 1er septembre, et sera clôturée le 31 octobre, mois durant lequel se dérouleront les examens d’entrée dans l’enseignement supérieur, qui n’ont pas pu avoir lieu en mai. L’année scolaire 2020-2021 devrait donc commencer en novembre, selon le calendrier officiel.
La rentrée cubaine se fera par étapes : les élèves et les étudiants des provinces qui reprennent l’école ne commenceront pas tous en même temps, et ne seront pas non plus présents dans les établissements simultanément. La ministre cubaine de l’Enseignement, Ena Elsa Velázquez, a récemment expliqué que l’enseignement secondaire, pré-universitaire et polytechnique avaient réorganisé leurs horaires, de manière à ce que les élèves ne soient pas tous présents au même moment, et qu’il y ait ainsi de la place pour que les écoles primaires voisines puissent étendre leurs salles de classe.
Après avoir précédemment visité les 1 500 établissements dans tout le pays, Mme Velázquez a reconnu que les problèmes d’approvisionnement en eau persistaient dans de nombreux endroits, et que, dans d’autres, les améliorations prévues pendant cette pause de six mois n’avaient pas été réalisées.
Les mesures préventives comprennent le port obligatoire de masques pour les élèves et les enseignants, la prise de température, la désinfection des mains, l’interdiction d’accès aux personnes présentant des symptômes respiratoires, la fermeture aux étrangers et l’échelonnement des pauses et des temps de midi. Les autorités ont également confirmé qu’elles effectueront des tests PCR aléatoires, afin de détecter d’éventuels cas asymptomatiques.« Si nous travaillons bien, nous pouvons faire des progrès pendant l’année scolaire », a déclaré le président cubain Miguel Díaz-Canel lors d’une réunion avec ses ministres.
Controverse sur les réseaux sociauxMalgré les mesures annoncées par le gouvernement et la campagne menée dans les médias d’État sur la préparation de la rentrée scolaire, certains parents cubains sont réticents à l’idée d’envoyer leurs enfants à l’école, alors que l’enseignement est obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans à Cuba. Comme cela arrive régulièrement depuis l’arrivée de l’Internet mobile dans le pays il y a presque deux ans, de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux abordent la rentrée physique à l’école, et demandent que les cours télévisés se poursuivent, au moins jusqu’à ce que la situation se stabilise partout.« Les dirigeants du pays doivent mieux réfléchir à cette décision. Ces derniers jours ont montré que la situation dans le pays est hors de contrôle. Une large contamination dans une école serait catastrophique », dénonçait une personne dans la section commentaire du site web Cubadebate. Certains internautes font la promotion du hashtag #MisHijosSeQuedanEnCasa (Mes enfants restent à la maison) sur Twitter, contre une mesure qu’ils considèrent « hâtive », bien qu’il faille s’attendre à ce que la grande majorité des parents cubains envoient bel et bien leurs enfants à l’école. Et qu’en est-il de La Havane ?
Durant la première moitié du mois de septembre, La Havane a été soumise aux restrictions les plus strictes depuis le début de l’épidémie, notamment un couvre-feu inédit, des restrictions à la liberté de circulation des personnes et des voitures, et une interdiction d’entrer et de sortir de la ville.
Oncuba