Je dirais que comme cubains, nous sommes affectés personnellement par le blocus à cause des manques qui se présentent tous les jours dans la vie quotidienne… Il y a les limitations sur le plan économique, sur le plan du développement personnel de chacun. Des manques qui se font sentir surtout pour nous qui avons des enfants à l’âge de l’adolescence… même si l’état garantit une série de conditions pour qu’ils puissent se développer intellectuellement ; il manque des choses élémentaires dont ils ont besoin pour leur développement. Dans mon cas par exemple, mes deux filles étudient la médecine. Une d’elles va bientôt terminer ses études mais évidemment, ils ont eu des accès réduits à internet et à d’autres éléments ; cela complique un développement intellectuel et professionnel. Il y a chaque jour des achats qui deviennent limités pour une série de produits pour la maison ou dont on a besoin et qui ne sont pas disponibles quand il faut.
Moi par exemple, j’ai travaillé pendant 8 ans à la Havane à 200 km de chez moi. Je ne pouvais dès lors être avec ma famille qu’un WE, parfois deux WE sur le mois. C’est seulement après 8 ans que nous avons eu la possibilité d’un logement ici à la Havane pour unir la famille et poursuivre mon travail jusqu’à ce jour. Et les dépenses et les coûts d’un logement sont plus chers…même quand il n’est pas de l’état. A Cuba, il n’y a pas de familles à la limite de la pauvreté… Mais il y a indiscutablement certains aliments, des produits de nettoyage et d’autres choses qui nous manquent et nous sommes confrontés à cela tous les jours dans la vie personnelle.
Je pense que c’est sur le plan du travail que l’impact du blocus est le plus fort. En tant que dirigeants syndicaux, nous développons un travail très large au niveau de la base dans les 16 provinces. Or le transport vers ces endroits est souvent limité car le pétrole est rare et cher … au point qu’en certaines occasions, nous n’avons que 20 ou 30 % du total dont nous avons besoin pour le travail. De même, pour le matériel que nous utilisons pour la formation des dirigeants syndicaux – même si nous avons le nécessaire pour garantir la formation- nous n’avons pas la quantité suffisante pour permettre une meilleure préparation et de l’efficience dans le travail.
Actuellement, nous sommes confrontés à la situation du virus corona COVID 19 . L’impact se fait sentir au niveau de l’achat des médicaments, des moyens de protection contre la propagation du virus et nous n’avons même pas pu obtenir les médicaments et les produits dont nous avons besoin alors que les marchés américains sont tout proches.
Récemment une donation de la République Populaire de Chine n’a pas pu être transmise par l’agence parce que le gouvernement des États Unis d’Amérique l’a empêché. Alors que c’était nécessaire pour ralentir la propagation et assurer le traitement du COVID 19. Ce blocus se reflète dans les domaines de la santé. Il nous manque souvent des médicaments pour soigner les cas graves, les malades de cancer – comme le sérum cystostatique. Nous devons acheminer venant d’autres pays des médicaments essentiels et urgents que nous ne pouvons pas acheter sur le marché américain …ce qui fait fort monter fort les coûts. D’une manière générale, je pense que c’est le plus grand « siège » que notre peuple a connu en 60 ans .
Certains parlent d’embargo mais en réalité c’est un blocus ! Cette dernière année, cela a limité grandement l’arrivée du pétrole dans notre pays ainsi que d’autres inputs nécessaires au développement de la population. Cela a même paralysé certaines industries dont par exemple celles des produits d’hygiène corporelle. Le tourisme aussi a beaucoup souffert avec la restriction de l’entrée au pays des citoyens américains. Certaines agences consacrées au tourisme ont été bloquées et l’entrée des touristes n’a pas été possible alors que c’est une des sources les plus rapides pour obtenir des devises pour l’économie.
Je crois que ce sont les effets les plus concrets du blocus dans notre pays sur le plan personnel, professionnel et pour le pays de manière générale.
De l’oxygène pour Cuba ” est notre nouvelle campagne. Maintenant que le Corona virus a touché Cuba, le nom est plus que symbolique… Le 11 avril 2020, le Ministère de la Santé cubain a fait savoir que deux gros fournisseurs de respirateurs ont annulé leur contrat avec Cuba. Les raisons invoquées sont qu’ils ont été achetés par la société américaine Vyaire Medical Inc et tombent donc sous les lois du blocus. Le Président Trump montre son côté cynique et nie donc l’appel international de lever ou du moins d’assouplir le blocus pendant ce temps de crise corona. Cette pandémie met Cuba encore plus sous pression. Avec les mesures renforcées, le gouvernement des Etats Unis étrangle l’économie du pays. Principalement, les menaces de sanction pour les pétroliers ont réduit la livraison de pétrole de moitié. Avec pour conséquences, des entreprises qui tournent à 50 % et des problèmes de transport. Cela se traduit aussi par des de marchandises sur les marchés et dans les magasins.
Pour cette campagne, nous laissons la parole aux Cubains. Ils nous racontent comment le blocus les affecte dans leur vie personnelle et professionnelle. Soutenez-les et écrivez un message de solidarité sur notre website . Nous leur transmettrons vos messages.