Covid-19 : qui protège la population ?

Le 1er mai 2020, on comptait à Cuba 1 537 infections, 2 897 hospitalisations, 714 guérisons et 64 décès dus à la pandémie de coronavirus. Les mesures de confinement (fermetures des écoles, rester à la maison, distanciation sociale, éviter les déplacements inutiles, mesures d’hygiène) restent pleinement en vigueur. Il n’est toutefois pas encore question d’état d’urgence.

De nombreux acteursLa lutte contre le virus repose sur l’implication de tous les acteurs sociaux : les ministères et autres institutions gouvernementales, les services de santé, les organisations de masse, telles que le syndicat CTC, les comités de défense de la révolution CDR, la fédération des femmes FMC. Les ONG et les citoyens non organisés se mobilisent également. Par exemple, notre partenaire, le Centro Felix Varela, qui s’occupe habituellement d’éducation à l’environnement, est pleinement engagé dans la lutte contre le virus, tandis que des propriétaires de restaurants privés fournissent des repas gratuits.

Le gouvernement, sous la direction du président et du premier ministre, dirige et coordonne l’ensemble et est responsable, entre autres, d’informer quotidiennement la population par le biais des journaux, de la radio, de la télévision et des réseaux sociaux. Dans des circonstances exceptionnelles, le gouvernement peut mobiliser tous les moyens et activités nécessaires pour garantir la défense nationale. Elle le fait par l’intermédiaire du Conseil national de défense, dont fait partie la protection civile (« defensa civil »).

Défendre la révolution et protéger la populationAvant 1959, Cuba ne disposait d’aucun système efficace de protection civile. Il y avait bien les maisons de premiers secours du ministère de la Santé et les pompiers, mais chacun devait plutôt se débrouiller.

La protection civile a été fondée le 31 juillet 1962 et baptisée alors Defensa popular (défense populaire). Elle servait avant tout à protéger les entreprises nationalisées, la population, les terres et les biens du peuple contre les forces contre-révolutionnaires extérieures, mais aussi intérieures. Elle avait été précédée dans cette tâche par les Milices nationales révolutionnaires (Milicias Nacionales Revolucionarias) et l’Organisation militaire de l’industrie (Organización Militar de Industrias – OMI) à partir d’octobre 1959. L’organisation de la protection civile a d’abord été réglementée par une loi votée en 1966, puis par un décret-loi adopté en 1997.

On entend par protection civile, un système de mesures gouvernementales défensives, élaboré en temps de paix, mais aussi dans des circonstances exceptionnelles, dans le but de protéger la population et l’économie nationale contre les attaques ennemies ou en cas de catastrophes naturelles ou autres. La protection civile s’occupe également des conséquences du changement climatique, de missions de sauvetage et des travaux de réparation urgente des infrastructures dans des zones détruites ou contaminées.

Après le passage de l’ouragan Flora en 1963, la protection civile allait jouer un rôle clé dans l’approche préventive et réactive aux ouragans, y compris en organisant des évacuations massives, mais aussi aux épidémies. En 2017, le programme de télévision cubain Mesa Redonda a réalisé un magnifique reportage sur les 55 ans de la protection civile.

Conseil de la protection civile et de la défense nationale Le président Miguel-Díaz Canel est le chef de la protection civile. Il dirige en collaboration avec le ministère de la Défense. Ensemble ils dirigent l’état-major général, chargé des ministères, des entreprises et des institutions sociales.

L’état-major général veille à l’application des mesures et des normes de protection civile, des conventions internationales et des programmes de coopération et d’assistance en cas de catastrophe. Le général Ramón Pardo Guerra est le chef de l’état-major général.

La protection civile intervient à différents niveaux : les provinces, les municipalités et les conseils populaires (des sortes de conseil de district ou d’arrondissement). Hors état d’urgence, la direction est entre les mains des présidents des conseils provinciaux et municipaux. En cas de catastrophe imminente, les centres de gestion des conseils de défense entrent en action. L’ensemble du pays est divisé en zones de défense, en fonction de la division politique et administrative du territoire.

Outre les institutions de santé, l’armée et la police jouent également un rôle important dans la protection civile dans son ensemble. La direction est alors assurée par le Conseil de défense nationale, dont le rôle est défini par la Constitution et également régi par la « loi n° 75 » (1994) et le décret-loi* n° 170 (1997). Il s’agit de l’organe suprême de l’État. Sa tâche principale, définie en temps de paix, est d’organiser, de diriger et de préparer le pays à sa défense et de veiller au respect des directives en vigueur en matière de défense et de sécurité de la nation. Dans des situations exceptionnelles ou en cas de catastrophe, il dirige le pays et assume les pouvoirs dévolus aux organes de l’État, à l’exception du pouvoir constituant. Le ministère de la Santé fait partie de l’« organisme pour le travail économique et social ».

Pas d’état d’urgenceJusqu’à présent, Cuba n’a pas déclaré l’état d’urgence. Les institutions continuent donc à exercer leurs pouvoirs qui leurs sont conférés par la loi. Pour l’instant, le Conseil de défense n’est activé qu’au niveau local. Le 23 mars 2020, le ministère de la Santé a publié un décret par lequel il met en place, sur la base de la loi sur la santé publique, un groupe de travail technique qui suit l’application des mesures au quotidien et conseille le gouvernement sur les ajustements et les nouvelles mesures à prendre. Le groupe de travail définit également les mesures de quarantaine obligatoires et les protocoles de traitement, élabore une stratégie de formation des travailleurs de la santé et assure l’éducation sanitaire de la population. Le 9 avril, l’état-major général de la protection civile a annoncé les premières mesures d’une approche progressive de la crise du coronavirus.

Mise en œuvreEnfin, des mesures sont également prises dans le domaine de l’application de la législation. Les personnes qui ne respectent pas les mesures sanitaires ou qui profitent de la situation pour spéculer ou faire du commerce sur le marché noir seront condamnées à payer une amende, voire arrêtées. Au moins 114 personnes ont déjà été condamnées en avril pour de telles infractions. D’autre part, plus de 6 500 détenus ont été autorisés à réintégrer leur foyer plus tôt que prévu.

Prévention, organisation, participationLes professionnels de la santé sont bien sûr au cœur de la lutte contre la pandémie, mais d’autres acteurs apportent également une contribution nécessaire pour limiter les dégâts autant que possible. Prévention, organisation et participation sont les mots clés en la matière. Cela explique pourquoi la mortalité est relativement faible à Cuba lors de catastrophes, et nous espérons que cela sera également le cas dans le cadre de la crise du coronavirus. Pendant ce temps, la Belgique compte plus de 7 800 morts et inflige des amendes de 250 euros à ceux qui interprètent mal les règles de confinement…

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