Cubanismo.be avait convié la militante LGBTQI cubaine Teresa Fernandez à participer à des conférences et des rencontres à Gand, Anvers, Bruxelles, Hasselt et Malines dans le cadre du mois Belmundo organisé à Gand. Rétrospective d’une visite – raccourcie par le coronavirus – mais réussie et une courte vidéo de salutation aux personnes qu’elle n’a pas pu rencontrer.
Sur la photo : Teresa avec Anja Meulenbelt, féministe néerlandaise, sur la grève des femmes à l’Université de Gand le 8 marsTeresa est arrivée en Belgique le mercredi 4 mars. En collaboration avec d’autres groupes et organisations locales, dont FOS et Casa Rosa, le groupe local de Gand avait mis sur pied un programme sensé durer jusqu’au 23 mars, le retour de Teresa à Cuba étant prévu pour le 25 mars. En raison du coronavirus, nous avons malheureusement dû réduire considérablement son programme, mais les rencontres qui ont pu avoir lieu ont été très intéressantes et nous en sommes ravi.e.s.
Colère blancheDès le lendemain de son arrivée, Teresa était présente à la manifestation de la colère blanche. «Ca peut aller ‘een Beke’ ( ‘un peu’ allusion à Wouter Beke) » ? contre de nouvelles économies dans les maisons de repos et les services d’assistance aux jeunes et aux personnes handicapées. Nous lui avons demandé si cela ne lui posait pas problème, après son long vol, mais elle a répondu : «Je suis venue ici pour travailler, et je suis vraiment contente d’assister à une telle manifestation, j’ai l’activisme dans le sang. »
Droits humains et LGBTILe vendredi suivant, Teresa était présente à la commémoration annuelle du meurtre de la Hondurienne Berta Caceres, – il y a quatre ans déjà maintenant – devant le monument des droits humains, près du Gravensteen à Gand. Elle y à brièvement pris la parole, car cette année, nous nous sommes concentrés sur les victimes de la répression pour cause d’identité de genre. Une heure après, dans la Maison de la Paix, avec Mayra Tirira, une invitée équatorienne de FOS, elle a eu une conversation fascinante sur les droits (réprimés) des femmes et des personnes LGBTI. Teresa a expliqué en détail comment les attitudes envers la diversité de genres avaient évolué à Cuba, bien qu’il reste beaucoup à faire pour parvenir à une véritable égalité dans tous les domaines (y compris le mariage et l’adoption) . Les questions critiques étaient bienvenues, car « il faut dire la vérité aux gens et ne rien cacher » .
D’autre part, cela a aussi été l’occasion pour elle de corriger certaines fausses informations, par exemple au sujet de la « gay pride dissidente à Cuba » de 2019, dont les médias internationaux ont donné une image déformée, prétendant que la manifestation n’avait pas été autorisée, pour être finalement tolérée, puis perturbée, à la fin, par un petit groupe de fauteurs de troubles.
Teresa a également expliqué comment la question du genre à Cuba était prise en main par des militant.e.s, des organisations telles que le Cenesex (le Centre national d’éducation sexuelle) et la FMC (la Fédération des femmes cubaines) et ce, en coopération avec le gouvernement. Ensemble, tou.te.s travaillent à l’égalité des droits et au changement de mentalité nécessaires. Samedi, elle a eu l’occasion de visiter Gand et, après une photo à côté de la statue de Pieter De Geyter – le compositeur gantois de l’Internationale – d’admirer notamment le panneau central restauré de l’Agneau Mystique, quelques jours avant la fermeture de tous les musées.
Couques au beurre et marche féministeLe lendemain matin, Teresa était à Ons Huis (l’immeuble de la FGTB situé sur la place du Vrijdagmarkt à Gand) , où, entre deux couques au beurre, elle a raconté son histoire. Une formule intéressante : à tour de rôle, une dizaine de personnes se sont assises autour de la table avec elle et des réponses abordant des sujets quelquefois délicats ont fait écho à la franchise des questions. Quelques heures plus tard, elle arpentait les rues de Gand en compagnie de centaines d’autres participant.e.s à l’occasion de la marche du 8 mars. AnversTeresa a ensuite passé quelques jours à Anvers, où le groupe local, en coopération avec les Amis de Cuba (Anvers), la Maison Rose et le Fonds Masereel, avait organisé une soirée de discussion le mercredi, à la Maison Rose. 25 personnes ont rejoint le groupe, malgré les premiers doutes sur la nécessité d’une « distanciation » plus importante en raison du coronavirus. Retour à GandDe retour à Gand, une autre soirée de rencontre était prévue à la Casa Rosa dans la Kammerstraat. C’était la veille de l’ordre de fermeture de tous les restaurants. Zizo, le magazine en ligne pour et par les gays, trans, intersexuels et queers l’avait interviewée dans le courant de l’après-midi.
Pendant la soirée, 16 personnes ont quand-même fait l’expérience d’une Teresa très ouverte et franche. Une femme qui défend avec ferveur le projet social de son pays et qui, pour cette raison-même, soutient de toutes ses forces la lutte pour l’égalité des droits de tous les sexes. Le combat n’est certainement pas terminé, mais à grâce à lui Cuba devance de loin la plupart des pays du continent américain, y compris les plus grands.
Annulation du programme pour Malines, Hasselt ou BruxellesLes mesures pour contenir le coronavirus n’ont malheureusement pas permis la poursuite des activités prévues. Grosse déception évidemment pour Teresa, qui dans cette courte vidéo, salue les personnes qui auraient voulu la rencontrer. A Gand, elle a encore donné une interview au magazine MO.
Après il y encore eu des visites touristiques – elle était presque seule – à Anvers, Bruxelles, Bruges et Liège.
Après deux modifications du vol de retour, Teresa a finalement pu partir pour La Havane via Madrid le jeudi 19 mars et arriver à bon port.
Réussite de l’Initiative de Cubanismo-Gand en matière de genrePrès de 150 personnes ont finalement rencontré Teresa. Cubanismo a actualisé sa brochure sur l’homosexualité à Cuba (intitulée Genderblender in Cuba, également disponible en français).
Nous sommes naturellement tous très déçu.e.s de n’avoir pu réaliser l’ensemble de notre programme et tristes que les efforts des groupes locaux de Malines, Hasselt et Bruxelles aient été vains. D’autre part, les activités qui ont pu avoir lieu étaient très réussies, et nous sommes également heureux d’avoir rencontré un nouveau public.
Merci encore à tou.te.s ceux et celles, et notamment aux interprètes, qui ont rendu possible cette belle aventure.