L’ambassadeur de l’UE à La Havane juge inacceptable la loi américaine de blocus contre Cuba

Les interdictions d’entrée imposées par Washington aux hommes d’affaires espagnols dont les entreprises opèrent à Cuba conduisent à un conflit tangible entre l’UE et les États-Unis. L’ambassadeur de l’Union européenne à Cuba, Alberto Navarro, a déclaré lundi au quotidien espagnol El País qu’à sa connaissance, au moins 20 entreprises étrangères, dont six de l’UE, sont actuellement poursuivies en justice aux Etats-Unis, en invoquant la troisième partie de la loi Helms-Burton promulguée par Donald Trump.

En vertu de cette partie, les Cubains en exil peuvent porter des accusations contre des personnes ou des sociétés opérant à Cuba sur des terres expropriées après la révolution. La première victime connue est Gabriel Escarrer, le vice-président de la société hôtelière espagnole « 

Meliá », qui a confirmé mercredi dernier que le gouvernement Trump lui avait refusé l’entrée aux États-Unis pour cette raison. C’est inacceptable et l’UE utilisera tous les moyens à sa disposition pour protéger ses citoyens et ses entreprises, a assuré M. Navarro.

El País avait rapporté lundi, en citant le diplomate, que les représentants de la chaîne d’hôtels « 

NH », des portails de réservation « 

Trivago » et « 

Booking.com », les directeurs des banques « 

BBVA » et « 

Société Générale », ainsi que d’autres sociétés qui ne voulaient pas être nommées, n’étaient pas non plus autorisés à entrer aux États-Unis pour la même raison. Navarro a reçu des lettres à cet effet du Département d’Etat américain à 14 personnes. En outre, ses avocats l’avaient informé que les autorités américaines préparaient entre 70 et 80 autres interdictions d’entrée.

L’ambassadeur de l’UE a été scandalisé par le contenu et le style de ces communications, qui lui ont rappelé le Chicago des années 1930. Washington donnerait au bénéficiaire 45 jours pour démissionner, vendre des actions de la société ou parvenir à un accord avec les plaignants. Dans le cas contraire, la personne se verrait interdire l’entrée aux États-Unis après cette période. Navarro a qualifié cette procédure « de la première puissance mondiale » de « honte ».

Le diplomate a qualifié de « scandale » le fait que les autorités américaines appliquent de plus en plus la quatrième partie de la loi Helms-Burton, qui étend les interdictions d’entrée imposées aux proches parents, aux conjoints et aux enfants mineurs. Cette partie de la loi était « scandaleuse et aberrante ». Navarro a fait valoir que « même les punitions pour les pires crimes, comme le meurtre » ne seraient pas transmises aux enfants. « 

Si la loi Helms-Burton est illégale en soi en raison de sa nature extraterritoriale, la quatrième partie est également immorale et inhumaine ». Navarro a poursuivi en disant que la loi était contraire au droit international car elle était destinée à être appliquée au-delà des frontières américaines. « 

Si un pays adopte des lois que nous n’aimons pas, comme la peine de mort aux États-Unis, nous pouvons critiquer cela, mais nous ne pouvons plus le critiquer ».

Des hommes d’affaires de La Havane ont déclaré quotidiennement à M. Navarro que le blocus augmentait la pression « 

Le directeur d’une entreprise s’est plaint qu’il devait passer un quart de ses heures de travail quotidiennes à essayer d’éviter les conséquences possibles du blocus ». L’objectif du gouvernement Trump est clair, a déclaré le représentant de l’UE. « 

Ils essaient de créer de la confusion et de l’incertitude sur Cuba et de décourager les entreprises d’investir sur l’île. » Sa priorité en tant qu’ambassadeur, a-t-il déclaré, est donc désormais de protéger les intérêts des entreprises européennes et de leurs employés.

Navarro a rappelé qu’en 1996, après l’adoption de la loi Helms-Burton, l’UE a poursuivi Washington devant l’Organisation mondiale du commerce et a adopté ses propres lois anti-blocage. « 

Si nécessaire, nous prendrons d’autres mesures », a-t-il assuré, soulignant qu’il était d’accord sur ce point avec Bruxelles et le représentant des affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell, qui connaît très bien Cuba et le problème. « 

Comme tant d’autres sanctions, cette loi ne porte préjudice qu’aux personnes innocentes ou à celles qui souhaitent commercer légitimement et de bonne foi avec Cuba.

Source: Junge Welt

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