Ce vendredi 10 janvier, Donald Trump a annoncé que tous les vols charters des États-Unis vers Cuba seraient suspendus, à l’exception des avions à destination de l’aéroport de La Havane. Il s’agit là de la dernière d’une longue série de sanctions prises par les États-Unis contre l’île cubaine, en réponse à son soutien pour Nicolás Maduro au Venezuela.
Les compagnies aériennes charters ont soixante jours pour mettre un terme à tous les vols. Le ministère américain du transport imposera également un seuil maximal au nombre de vols charters vers La Havane. La limite sera de 3600 vols, soit le même nombre de vols autorisés qu’en 2019. Les vols commerciaux avaient déjà été limités à neuf destinations en octobre dernier, et les bateaux de croisière américains ne peuvent plus se rendre à Cuba depuis le mois de juin 2019.« L’action prise aujourd’hui permettra de limiter davantage la capacité du régime cubain à acquérir des revenus. Ce régime utilise cet argent pour imposer au peuple cubain une oppression constante, et soutenir sans le moindre scrupule le dictateur Nicolás Maduro au Venezuela », a déclaré le secrétaire d’état Mike Pompeo. « En suspendant les vols charters vers ces neuf aéroports cubains, les États-Unis freinent encore plus l’accès du régime cubain aux devises des voyageurs américains. »À cause de la suppression des vols commerciaux vers toutes les provinces cubaines, à l’exception de la capitale, des milliers de Cubano-Américains rencontreront plus de difficultés pour retourner dans leur pays d’origine, et rendre visite aux membres de leur famille. Le nombre de vols intérieurs a également diminué.« L’annulation de ces vols priverait les caisses de l’état cubain de quelques centimes, mais elle prendrait surtout des dollars entiers dans les poches des Cubains, et des vivres de la table des foyers cubains. On tente de diviser à nouveau les familles cubaines, dans le but de gagner des points sur le plan de la politique intérieure (américaine, n.d.r.) », a répliqué Collin Laverty, président de l’agence des Voyages éducatifs à Cuba.
Le ministre cubain des affaires étrangères Bruno Rodriguez a récemment révélé que 552 816 Cubano-Américains s’étaient rendus sur l’île l’année dernière. « C’est incroyable que le gouvernement s’en prenne maintenant à la communauté cubano-américaine, en rendant plus difficiles leur accès à l’île, et leurs contacts avec leur famille », dénonce une autre agence de voyage. « Si vous avez réservé votre billet d’avion vers une des provinces cubaines après le 10 mars, vous devrez contacter votre agence de voyage afin de changer votre vol pour La Havane. », explique une compagnie aérienne charter sur son site internet.« L’Assemblée de la Résistance Cubaine », une coupole de Miami rassemblant plusieurs organisations anti-Cuba, applaudit cette suppression des vols charters : « Le tourisme à Cuba ne fait que renforcer les revenus du régime castriste, qui les utilise afin de se maintenir au pouvoir, de continuer à tuer et opprimer les Cubains, après déjà plus de soixante ans, et de renforcer son ingérence au Venezuela et au Nicaragua. »
Dans une interview avec el Nuevo Herald et le Miami Herald, à la fin de l’année dernière, le secrétaire d’État adjoint américain chargé de l’Amérique latine Michael Kozak a indiqué que le gouvernement américain se concentrait sur la limitation des sources de revenus de l’état cubain. Les États-Unis croient que le gouvernement cubain est l’un des piliers qui aident Maduro à se maintenir au pouvoir, notamment en fournissant d’importants services de sécurité et de renseignement.
Experts et critiques du gouvernement américain se demandent quelle sera l’efficacité de cette « campagne de pression maximale », et des nouvelles sanctions prises vendredi. Ils soulignent le fait que Maduro est toujours au pouvoir, et que limiter les voyages permettant à des familles de se réunir pourrait nuire à Donald Trump, dans la campagne électorale de 2020.« Cette récente interdiction de voyage est une énième mesure désespérée d’une politique clairement frustrée par son incapacité à imposer un changement de régime à Cuba ou au Venezuela avec sa « politique de pression maximale » », a déclaré Ric Herrero, directeur exécutif du Groupe d’étude Cuba.« Bizarrement, les conseillers du président en Floride du Sud semblent croire qu’ils gagneront l’élection cubano-américaine de novembre en sanctionnant les familles cubaines. Ils l’ont déjà fait par le passé, mais ils oublient que cette interdiction leur avait alors coûté une défaite aux élections présidentielles de 2008. Cette stratégie ne tient donc pas debout, en plus d‘être immorale. »
Miami Herald