Venezuela sort de l’Organisation des Etats Américains (OAS) après que cette dernière ait violé sa propre charte en soutenant la tentative de coup d’état des USA

Dans une tentative de légitimer l’ingérence de Washington au Venezuela, l’Organisation des Etats Américains (OAS) a reconnu Gustave Tarre, le valet du président fantoche Juan Guaido comme le nouveau représentant du Venezuela.

Dans cinq des 18 pays qui ont voté pour la proposition des Etats-Unis, des gouvernements pro-FMI sont récemment arrivés au pouvoir. Bien que faisant face actuellement à un soulèvement populaire contre la mauvaise gestion et le détournement des fonds d’un accord généreux avec le Venezuela concernant le pétrole (Petro Caribe), le gouvernement haïtien a lui aussi voté pour, afin de s’assurer le soutien de Washington dans la répression du soulèvement.

Tarre est un collaborateur du Centre d’Etudes stratégiques internationales (Center for Strategic International Studies, CSIS), un think tank d’ultra-faucons financé par des entreprises militaires et l’industrie pétrolière. Nathaniel Gleicher, à la tête de la cyber-sécurité Facebook, travaille pour le même think tank.

Gleicher s’est servi de son pouvoir sur Facebook pour censurer les comptes pro-gouvernementaux au Venezuela. 764 comptes au Venezuela, un pays où les Etats-Unis ont appuyé une tentative de coup d’état, ont été interdits, et 1.196 autres comptes “qui semblent impliqués dans une campagne soutenue par l’état” au Venezuela ont été fermés. En 2014, Tarre avait déjà été accusé par le gouvernement venezuelien de conspiration dans un complot d’assassinat duprésident Nicolas Maduro.

Ses propres règles à la poubelleLa charte de l’OAS précise la fonction de l’organisation, à savoir “la promotion de la solidarité entre le membres, le renforcement de leur collaoration et la défense de leur souveraineté, de leur intégrité territoriale et de leur indépendance”. Le Conseil Permanent de la division OAS doit, selon la charte, “veiller aumaintien de relations amicales entre les états membres”. Sa décision du 9 avril contredit manifestement cette déclaration. Le président bolivien Evo Morales a qualifié à plusieurs reprises l’OAS de “ministère de Colonies”.

Carlos Trujillo, l’ambassadeur US auprès de l’OAS, n’a pas été capable de donner une justification juridique à la décision. La seule chose qu’il a su dire, c’était que la décision serait réexaminée par l’Assemblée Générale de l’OAS. Les diplomates s’y connaissent généralement bien en droit international ou sont au moins capables de défendre sur le plan juridique leurs propres actions et initiatives. Il est donc étrange que l’ambassadeur Trujillo n’ait pas été capable de se défendre par rapport à la charte de l’OAS. L’organisation n’est pour lui qu’un outil pour réaliser les objectifs de l’administration Trump dans la politique extérieure.

Comme la majorité des états de l’OAS continuent à reconnaître le gouvernement Maduro, il n’est pas étonnant que les Etats-Unis aient choisi de forcer une décision par le Conseil Permanent. On ne pouvait jamais convaincre deux tiers des ministres OAS des affaires étrangères de reconnaître les représentants sans pouvoir de Guaido, ce qui est nécessaire pour faire approuver la décision par l’Assemblée Générale. Au sein du Conseil Permanent, une simple majorité de 18 représentants était suffisante.

Créer un précédent illégalAsbina Marin, représentante élue du gouvernement venezuelien, a condamné la décision dans les termes suivants : Vous avez fait de l’OAS une maison vide qui a violé ses propres principes et vous prouvez à présent que notre décision d’en sortir était juste. Nous quittons l’OAS et n’y reviendrons jamais. (…) Ce jour marque la fin d’une série de violations et de pièges qui, dans le but de faire de l’OAS une arme contre le Venezuela,ont finalement détruit toute la structure du droit international qui la maintenait. Cette maison, l’OAS, est devenue invivable.”En 2017 déjà, le Venezuela avait décidé de sortir de l’OAS, un processus qui devait se clôturer le 27 avril 2019. Le vote peut donc être vu comme un coup de pied au derrière au gouvernement venezuelienne avant qu’il ne prenne la porte. A l’époque, la décision du Venezuela était venue quelques heures après la décision du bloc de se réunir pour discuter de la situation politique à Caracas. Le président Nicolas Maduro avait prévenu auparavant qu’il partirait si cette réunion devait avoir lieu. Delcy Rodriguez, alors ministre venezuelien des Affaires étrangères et actuel vice-président, avait déclaré alors : A l’avenir, le Venezuela ne participera pas de toute façon à des activités en faveur de l’interventionnisme et de l’ingérence… et qui n’ont pour but que de perturber la stabilité et la paix dans notre pays… parce que nous savons aujourd’hui que cette coalition de gouvernements de la région a dans le viseur la souveraineté de notre pays.”Le représentant du Venezuela n’était alors pas le seul à protester contre cette décision. Jorge Lomonaco, ambassadeur du Mexique auprès de l’OAS, avait mis en garde contre la création d’un précédent dangereux par lequel “une organisation peut mettre en question des décisions souveraines avec seulement 18 voix”. Ronald Sanders, ambassadeur d’ Antigua et Barbuda, avait lui aussi exprimé la même mise en garde, ajoutant que “les règles avaient été reniées par le ConseilPermanent”, ainsi que la charte de l’OAS.

Mintpress

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