L’activation du titre III de la loi Helms-Burton aurait de graves conséquences pour La Havane et les entreprises qui échangent avec la Grande Île.
Le Groupe d’amitié France-Cuba (GAFC) de l’Assemblée nationale tire à boulets rouges sur le titre III de la loi Helms-Burton. Indépendamment de leurs étiquettes politiques, ses membres ont dénoncé hier, depuis le Palais-Bourbon, la menace d’« une guerre commerciale » contre Cuba, mais également la France et l’Union européenne. La loi Helms-Burton, mise en place sous le mandat de Bill Clinton en 1996, est l’une des principales mesures de rétorsion contre La Havane et ses partenaires commerciaux.
Le caractère extraterritorial de cette législation « a déjà coûté plus de 10 milliards d’euros d’amendes aux entreprises françaises » qui commercent avec la Grande Île, a précisé François-Michel Lambert, président du GAFC. Jusqu’à présent, les locataires de la Maison-Blanche s’étaient gardés d’activer le titre III de cette loi, qui permet à des personnes ou des entreprises états-uniennes de porter plainte contre les citoyens et les compagnies qui « font du trafic », selon les termes de cette législation, avec des biens et des propriétés nationalisés après la révolution du 1er janvier 1959. Depuis 1996, les présidents suspendaient tous les six mois l’application de ces rétorsions rétroactives. Ce n’est plus le cas sous l’ère de Donald Trump. Le secrétaire d’État américain et ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo, a annoncé le gel du titre III pour une durée de seulement quarante-cinq jours à compter du 1er février.« C’est un chantage qui menace les entreprises françaises et européennes qui posséderaient du foncier à Cuba et se verraient contraintes de lâcher leurs biens si elles commercent avec les États-Unis », a dénoncé le parlementaire de Libertés et territoires, qui a rappelé combien les sanctions pèsent au quotidien sur le peuple cubain. « La France doit monter le son contre ces menaces qui pèsent sur les entreprises et notre pays », a enjoint le député LR Stéphane Viry, osant un « ça suffit l’impérialisme ! ». « Trump ne veut plus respecter les règles communes du commerce, le droit à la propriété, afin de gagner des parts de marché à Cuba. (…) Nous sommes face à une guerre commerciale de la même amplitude celle menée par les États-Unis contre la Chine », a mis en garde François-Michel Lambert.
Le Groupe d’amitié France-Cuba a interpellé les présidents de la République française et de la Commission européenne, face à « une menace à prendre très au sérieux », a souligné Xavier Paluszkiewicz, député de La REM. C. D. S.