Peu de pays sont si généralement mal compris comme le Venezuela et sa révolution bolivarienne. Les médias internationaux dépeignent une image de dévastations absolues dans le pays, en raison de la politique de déliquescence et de la mauvaise gestion du gouvernement. Trois experts en alimentation* proposent une analyse approfondie (écrite en anglais) des monopoles alimentaires, « des émeutes de la faim « , des paysans qui récupèrent leurs propres aliments, … Un document absolument à lire (Angl.) par ceux qui veulent vraiment comprendre un peuMalgré l’image médiatique très négative, les trois élections nationales de 2017 ont montré un soutien fort à la poursuite de la révolution sous la direction actuelle. Ce paradoxe apparent s’expliquerait par les tendances du gouvernement à la cooptation et au clientélisme et par la fermeture de l’espace démocratique. Ces messages sont reproduits à de nombreuses reprises, tant dans les médias que dans certains milieux intellectuels.
L’un des avantages de la grande attention accordée au Venezuela est la possibilité de distinguer une histoire récurrente, qui se résume globalement à ceci : Au centre, il y a Huo Chávez Frías, un leader politique fort qui a bénéficié du double avantage de sa personnalité et du prix élevé du pétrole pendant son cycle présidentiel de 1999 à 2012. En 2013, Chávez est décédé, et l’année suivante les prix mondiaux du pétrole ont diminué. Dans ce contexte de la disparition de Chávez, de l’effondrement des prix du pétrole et de la politique irréfléchie du gouvernement, le Venezuela est tombé dans un état de désintégration économique et politique constante, les denrées alimentaires et d’autres sources d’approvisionnement se raréfiant, ce qui a provoqué des troubles sociaux. Le gouvernement, dirigé par Nicolás Maduro, le successeur moins charismatique de Chávez, tentera désespérément de rester au pouvoir, tout en devenant de plus en plus autoritaire, et en préservant la rhétorique populiste de la révolution bolivarienne de Chávez.
Toutefois, ce discours dominant ne reflète pas la complexité de ce qui se passe aujourd’hui au Venezuela. Il existe de véritables lacunes importantes, qui appellent des questions importantes : qui sont « les gens » au cœur de cette analyse ? Quelles sont les implications éventuelles des défis actuels pour les différents secteurs de la société ? Comment l’Etat vénézuélien est-il compris et comment le rôle du capital est-il démontré ? Un examen ciblé la politique alimentaire en tant que domaine clé des enjeux politiques du pays, notamment en se penchant sur les récentes pénuries et les lignes d’approvisionnement, ainsi que sur ce qui a été présenté comme des « émeutes alimentaires », permet de mieux comprendre une multitude de problèmes. Des aspects de classe, de genre et de racisme aussi doivent être pris en considération.
Premièrement, nous nous intéressons au passé afin de replacer les tendances actuelles dans leur propre contexte. Face à la dynamique entourant les aliments de base les plus consommés au Venezuela, nous pouvons comprendre le cycle économique actuel, en particulier les récentes pénuries alimentaires. Certaines des principales causes des déficits proviennent de forces contre la révolution bolivarienne, qui gagnent de plus en plus de terrain au sein de l’État. Nous discutons ensuite des réponses apportées des autorités publiques et des forces populaires combattives aux déficits.
Une des conclusions de cette étude approfondie, à lire ICI, est formulée ainsi :On peut faire des déclarations sur la « fin du cycle» de la gauche émergente en Amérique latine, ou bien on peut se ranger à côté de ceux qui ne se réservent pas une place à » la fin du cycle » ; ceux pour qui – et par qui – l’histoire s’écrit toujours, et pour lesquels se rendre n’est pas une option.
Analyse absolument à lire pour ceux qui s’intéressent vraiment au sort du peuple vénézuélien.
Monthly Review*Ana Felicien est une chercheuse à l’Institut vénézuélien de la Recherche scientiqique et membre-fondatrice du mouvement Semillas del Pueblo (Les grains du peuple).
Christina M. Schiavoni est une activiste de la souveraineté alimentaire et chercheuse post-doctorant à l’Institut international d’Etudes sociales à Den Haag.
Liccia Romero est professeur d’écologie à l’Université de l’Andes à Mérida, Venezuela, et membre-fondateur de Mano a Mano-Intercambio Agroecológico.
Trad. : E. Carpentier