La création d’une « Force opérationnelle Internet » contre Cuba s’inscrit dans la foulée d’autres programmes subversifs comme ZunZuneo, Piramideo et Commotion.
SI l’administration du président Donald Trump a l’intention d’utiliser les nouvelles technologies pour imposer des changements dans l’ordre interne de Cuba, elle a choisi des voies très anciennes qui, par le passé, ont démontré leur manque de réalisme et leur inefficacité, sans parler du fait évident qu’elles violent les lois du pays cible, et même celles des États-Unis.
La création d’une « Force opérationnelle » sur Internet contre Cuba, annoncée le mardi 23 janvier par le Département d’État, ouvre la voie au retour à une politique de guerre froide ratée que les deux pays avaient tenté de surmonter depuis le 17 décembre 2014.
Cette décision s’inscrit aussi dans la continuité du discours maladroit prononcé le 16 juin dernier par le président Trump à Miami, lorsque, vraisemblablement mal conseillé, il a rencontré une représentation de l’extrême droite cubaine pour annoncer, avec un grand battage médiatique, son revirement de politique à l’égard de Cuba qui pourrait se résumer en quelques mots comme un durcissement du blocus économique et la réduction des voyages entre les deux pays.
Le terrain choisi pour cette nouvelle agression, Internet, montre clairement quels sont les véritables objectifs des États-Unis, qui exigent le « libre accès » au réseau de réseaux dans les pays qui leurs sont opposés, alors qu’ils ont déployé sur leur territoire un mégasystème de collecte, de stockage et de traitement de données sur les activités de leurs citoyens sur le web.
Par ailleurs, au début du mois de janvier, le Congrès nord-américain a présenté un projet de loi visant à supprimer les quelques restrictions à la pratique de l’espionnage international, mise en lumière par les fuites distillées par l’ex-agent de la CIA et ex-analyste contractant de la NSA, Edward Snowden.
Depuis le soi-disant « printemps arabe », déjà tombé dans l’oubli, jusqu’à des projets plus récents tels que l’incitation à des manifestations en Iran et le soutien aux secteurs violents au Venezuela, Washington a une tendance de plus en plus prononcée à recourir aux réseaux sociaux et Internet, motivée par des objectifs géopolitiques et de domination.
Cet effort découle d’une doctrine de guerre non conventionnelle conçue pour déstabiliser les pays sans avoir un recours direct aux forces militaires, une doctrine qui a pris racine à la suite de l’échec des conflits irakien et afghan.
L’activation de la nouvelle « task force » prouve également que l’argent ne saurait manquer pour un gouvernement paralysé et en manque de fonds lorsqu’il s’agit de financer des projets subversifs contre Cuba. Les sources de financement ne manquent pas, même si le budget présenté par le président Trump au Congrès pour 2018 élimine l’enveloppe traditionnelle publique de 20 millions de dollars par an, approuvée depuis plusieurs décennies pour les agressions.
La facilité avec laquelle de nouvelles agences sont créées, avec en leur sein des fonctionnaires « gouvernementaux et non gouvernementaux », contraste également avec la réduction drastique du personnel diplomatique de Washington à La Havane, qui a entraîné la paralysie de la délivrance de visas et a un impact direct sur les services qui étaient offerts aux Cubains et à leurs familles aux États-Unis.
Cuba n’a pas été prise de court par les nouveaux plans de Trump, notre pays ayant accumulé plus d’un demi-siècle d’expérience face à des programmes d’agression en tout genre.
Des projets récents tels que ZunZuneo, Piramideo, Commotion et autres se sont heurtés à la capacité des autorités cubaines à les détecter et à l’unité de notre population face aux agressions.
Ils surviennent à un moment où des pas clairs et évidents sont franchis vers l’informatisation de la société, dans une approche axée sur l’accès social et la protection de la souveraineté du pays, en dépit des contraintes économiques.
Après l’ouverture de plus de 500 points d’accès publics à Internet mis en service dans l’ensemble du pays, sans autres restrictions que celles imposées par le blocus et les raisons de sécurité nationale, Cuba s’apprête à exploiter le service Internet sur les téléphones portables – plus de quatre millions d’usagers connectés au réseau – et à étendre le service chez les particuliers.
Si l’intention de l’administration Trump était vraiment de garantir aux Cubains l’accès à Internet, elle pourrait soit lever les restrictions du blocus, qui nous empêchent d’accéder aux technologies de pointe dans ce secteur, soit offrir des facilités pour leur acquisition. Cela leur coûterait moins cher que de recourir à une « Force opérationnelle » d’ores et déjà vouée à l’échec.
PROJETS SUBVERSIFS CONTRE CUBA AXÉS SUR LES NOUVELLES TECHNOLOGIESZunZuneo : Financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), son objectif était de lancer un réseau de messagerie pouvant atteindre des centaines de milliers de Cubains en utilisant un « contenu non controversé » : des informations sur le football, la musique, le bulletin météo et de la publicité. Une fois leur objectif atteint, ils auraient envoyé des messages à contenu politique pour inciter les Cubains à lancer des mots d’ordre sur le web pour organiser des rassemblements de masse dans le but de déstabiliser le pays.
Pyramideo : Semblable à ZunZuneo, ce programme était dirigé par l’Office des transmissions à Cuba (OCB), auquel sont rattachées Radio et TV Martí. Il avait comme objectif de favoriser la création d’un réseau d’ « amis », leur offrant la possibilité qu’une personne puisse envoyer aux membres de sa « pyramide » un SMS de groupe pour le coût d’un seul message. Le but réel était la création d’une plateforme de subversion.
Commotion : Un outil mis au point par l’Open Technology Institute (OTI) de la New America Foundation, basée à Washington, à l’origine à usage militaire et consistant dans la création de réseaux sans fil indépendants. Bien qu’il n’y ait aucune information concernant son entrée en fonctionnement à Cuba, plusieurs sources du gouvernement étasunien ont déclaré au New York Times que des millions de dollars avaient été alloués à ce projet.
Opération Surf : Démasqué par l’agent « Raul », Dalexi Gonzalez Madruga, de la Sûreté de l’État cubaine, ce projet avait été conçu pour favoriser l’introduction sur notre territoire d’équipements et de logiciels pour l’installation d’antennes illégales fournissant un accès illégal à Internet.
Source : Granma