« Plus de sanctions, plus de démocratie », a résumé, mardi, à Caracas, le candidat sortant, Nicolas Maduro, lors des commémorations de la chute du dictateur La Constituante annonce une présidentielle anticipée avant le 30 avril. Le président Maduro sera candidat à sa réélection face à une opposition aux abois.
Le peuple de Caracas a renversé le 23 janvier 1958 la dictature de Marco Perez Jimenez. Cet anniversaire a été célébré mardi dans les rues de la capitale, en dépit du monstre qu’il a Lengendré à savoir le « punto fujismo», ce pacte entre sociaux-démocrates et sociaux-chrétiens qui a instauré une démocratie atrophiée dont les Vénézuéliens ne se sont débarrassés qu’avec l’avènement de la gauche lors de l’élection du président défunt Hugo Chavez, en 1999. En ce jour de commémoration, l’Assemblée nationale constituante (ANC) a annoncé que le scrutin présidentiel, prévu pour l’automne, aurait lieu avant le 30 avril, en réponse aux sanctions décrétées lundi par l’Union européenne (UE) contre sept dirigeants vénézuéliens.
DES VÉNÉZUÉLIENS SONT FAVORABLES À UNE PRÉSIDENTIELLE ANTICIPÉE, SELON UNE ENQUÊTE HINTERLACES RÉALISÉE EN DÉCEMBRE 2017.72%Tous les pouvoirs sont visés : le président du Tribunal suprême, Maikel Moreno, le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Nestor Reverol, le chef des services d’intelligence, Gustavo Enrique Gonzalez, le procureur général, Tarek William Saab, l’ex-commandant de la garde nationale bolivarienne, Antonio José Benavides, la présidente du Conseil national électoral, Tibisay Lucena, ainsi que le vice-président du Parti socialiste uni du Venezuela et député constituant, Diosdado Cabello. Ils verront leurs comptes et avoirs gelés ainsi que leurs déplacements limités sur les territoires européens au motif d’être responsables de violations des droits de l’homme et de l’État de droit, d’après les Vingt-Huit.
La réponse de Caracas ne s’est donc pas fait attendre. « L’UE offre des preuves irréfutables de sa subordination au gouvernement suprémaciste et raciste de Donald Trump », a tancé le ministre des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, dénonçant ainsi un alignement sur les sanctions économiques, financières et commerciales instaurées cet été par Washington.
Bruxelles, coutumier du double discours dès lors qu’il s’agit de respect des droits humains, a cru bon d’expliquer que la levée de ses sanctions était conditionnée à la réussite d’un accord avec l’opposition de droite alors que les pourparlers avec le gouvernement doivent reprendre le 28 janvier, en République dominicaine. L’UE s’est déjà ingérée dans la crise politicoéconomique vénézuélienne, en octroyant il y a peu le prix Sakharov à des opposants, pourtant instigateurs de blocages et rassemblements meurtriers qui ont fait 125 morts il y a un an. Mais de là à promouvoir le bâton pour que la parole l’emporte…
Une coalition très divisée sur la stratégie à adopter pour renverser les actuelles autorités.« Face aux agressions, aux attaques, au blocus, nous allons répondre avec davantage de pouvoir populaire, le peuple décide. Aucun pouvoir impérial ne commande au Venezuela », a rétorqué Diosdado Cabello, qui s’est moqué des sanctions en rappelant qu’il ne possédait ni actif, ni capitaux en Europe. « Plus de sanctions, plus de démocratie », a résumé le président sortant, Nicolas Maduro, qui a fait acte de candidature à sa réélection. Les douze pays latino-américains du Groupe de Lima ont, quant à eux, désavoué le changement de calendrier électoral au prétexte qu’il empêcherait « le déroulement d’élections présidentielles démocratiques, transparentes et crédibles ». Étrange posture de cet organisme favorable à l’opposition qui, elle, a appelé les acteurs de la société civile et politique à se rassembler derrière un candidat unique de la droite. La coalition, très divisée sur la stratégie à adopter pour renverser les actuelles autorités, a d’ailleurs toujours défendu des élections anticipées autour de la table des négociations comme dans la rue de manière violente. Source: l’Humanité