Laura Cáceres est la fille de Berta Cáceres, activiste environnementale renommée et importante dirigeante du COPINH, un réseau d’organisations sociales honduriennes qui défendent les droits des communautés indigènes.
Sa mère était à la tête de l’opposition du peuple Lenca au projet du barrage d’Agua Zarca. A ce titre, elle a reçu le prix Nobel vert en 2015. Le 3 mars, elle a été tuée dans sa propre maison, par des assassins formés aux Etats-Unis et liés à l’armée hondurienne. Aujourd’hui, Laura Cáceres préside le mouvement COPINH et avec sa sœur Berthita continuent la lutte de leur mère..
Elle est venu au festival Che Presente @ Manifiesta, samedi/dimanche 1-17 septembre 2017Bonjour à tous,Je vous remercie de me donner la possibilité de prendre la parole.
Je suis Laura Zúniga Cáceres et je fais partie du Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH). Le COPINH est une organisation créée par le peuple indigène Lenca. Cela fait 24 ans que nous défendons nos territoires ainsi que nos vies. Le 2 mars 2016, notre coordinatrice Berta Cáceres, ma mère, a été assassinée pendant qu’elle luttait pour défendre nos terres. Au moment de son assassinat, ma mère, Berta Cáceres, menait une lutte féroce pour défendre la rivière Gualcarque car l’entreprise Desarrollos Energéticos Sociedad Anónima (DESA) voulait y imposer un projet hydro-électrique. Cette entreprise était financée par la Banque hollandaise FMO, par la banque finlandaise FINFUN et par el Banco Centroamericano de Integración Económica (BCIE). Cette dernière continue de financer ce projet meurtrier. Cette entreprise criminelle possède actuellement toujours la concession de la rivière. L’assassinat de notre coordinatrice générale était censé nous faire peur, nous paralyser, nous donner une leçon. Ils voulaient faire disparaître un symbole, une femme, une indigène qui s’opposait aux grands intérêts économiques et qui menait une lutte ouverte pour la vie.
Mais nous nous accrochons avec force à d’autres messages et nous voulons les transmettre au monde. Nous n’acceptons pas l’assassinat de nos camarades, nous sommes en train de tracer les chemins vers la vérité et la justice, mais ces chemins ne contiennent pas seulement la justice officielle des institutions, ils sont également empreints de justice spirituelle, celle de nos ancêtres. Nous nous révoltons contre la répression et l’emprisonnement qu’ils imposent à deux de nos camarades pour avoir semé sur leur terre, nous n’acceptons pas la torture que subit Mirian Miranda, la présidente de l’Organisation fraternelle noire du Honduras. Nous revendiquons notre droit à être heureux et à vivre en respectant notre mère la terre. Nous appelons également à la fraternité entre les peuples, afin de pouvoir créer des réseaux qui nous permettent de faire face aux violences d’un système raciste, capitaliste et patriarcal.
Je suis Laura du Honduras, et c’est à mon tour de marcher tous les jours pour rencontrer différents peuples de l’Abya Yala pour leur apporter notre message de révolte et d’amour pour la vie, c’est à moi de leur raconter que nous devons affronter l’avenir dans un contexte de répression, d’impunité et d’invisibilité pour les peuples indigènes, mais avec la certitude d’avancer avec les esprits rebelles, d’ancêtres qui, comme Berta Cáceres, irradient d’une lumière puissante qui émane également de la solidarité des peuples du monde.
Nous sommes là, avec la force de Paula, avec le sourire de Tomás García, avec la jeunesse de Maicol, avec le modèle du Che et avec le savoir de Fidel.
Il y a des gens comme ma mère qui ne meurent JAMAIS. Des gens dont la rivière ne s’assèche jamais, parce que nous sommes leur eau… Ces gens naissent dans un vent fertile et ne cessent jamais de se battre.
Que le câlin que nous tissons aujourd’hui soit sincère, compagnon, complice et éternelle. Et dans cette forte câlin, nous augmentons notre voix pour demander où est Santiago Maldonado? »
Avec la force ancestrale de Berta, Lempira, Mota, Iselaca et Etempica, nos voix sont pleines de vie, de justice, de liberté, de dignité et de paix »