Grâce à l’excellence de son système d’éducation et de formation, Cuba a formé près de 15 000 professionnels de la santé pour l’année universitaire 2016-2017, dont 920 en provenance 79 pays y compris des Etats-Unis.
Une nouvelle fois, Cuba a démontré qu’elle était à la pointe de la médecine mondiale. Connue pour ses grandes réussites dans les domaines de l’éducation et de la santé, l’île de la Caraïbe a formé en un an 2,5 fois plus de professionnels de santé que le nombre total de médecins dont elle disposait lors de l’avènement de la Révolution cubaine en 1959. En effet, 14 685 médecins et techniciens de santé ont obtenu leur diplôme à Cuba en 2017[1].
En guise de comparaison, en 1959, Cuba ne comptait que 6 000 médecins pour une population de 6 millions d’habitants, soit un ratio d’un médecin pour 1000 habitants. En outre, dès les premiers mois de l’année 1959, près de 3 000 d’entre eux, soit la moitié, ont choisi de quitter le pays pour les Etats-Unis, attirés par les propositions économiques qu’offrait Washington, résolu à dépouiller Cuba de son capital humain au nom de la lutte contre le gouvernement de Fidel Castro. Les nouvelles autorités de l’île ont été confrontées à une grave crise sanitaire dans une nation qui manquait déjà cruellement de personnel médical et d’infrastructures de santé.
Parmi les 14 685 professionnels de santé nouvellement diplômés, 920 proviennent de 79 pays et ont été principalement formés à l’Ecole latino-américaine de médecine de La Havane (ELAM) et à la Faculté de médecine de la Caraïbe de Santiago de Cuba. Parmi ceux-ci, 25 proviennent des Etats-Unis. Au total, Cuba a formé près de 170 médecins étasuniens issus des milieux défavorisés[2]. Depuis 1959, Cuba a formé 165 920 médecins nationaux et 33 973 médecins étrangers issus de 129 pays. Plus de 28 500 d’entre eux ont été formés à l’ELAM, une « école de science et de conscience[3] ». La docteur Diana Rodríguez Herrera, major de promotion pour l’année 2017, a résumé en quelques mots sa mission : « faire de la santé et de la vie des autres notre première préoccupation[4] ».
Aujourd’hui, avec une population de 11,2 millions de personnes, Cuba compte 7,7 médecins pour 1 000 habitants, le plus haut ratio au monde, supérieur y compris à celui des nations les plus développées. Monopole d’Etat, basé sur la prévention, le système de santé cubain est l’un des plus efficaces et les moins chers au monde. Le concept de médecin de famille, installé dans les quartiers au plus près des habitants, reflète la philosophie sanitaire du pays. A Cuba, c’est le médecin qui va chez le patient et non l’inverse, et cela fait toute la différence, car les personnes les plus vulnérables ne sont ainsi jamais abandonnées à leur sort[5]. Le drame caniculaire qui a frappé l’Europe en 2003, coutant la vie à 70 000 personnes, âgées et isolées pour la plupart, dont 19 000 en France, est inimaginable à Cuba, car l’attention aux catégories les plus fragiles est placée au centre des priorités nationales[6].
Malgré des ressources limitées et un état de siège économique implacable imposé par les Etats-Unis depuis plus d’un demi-siècle, Cuba démontre qu’il est possible de mettre en place un système de santé, de formation et d’éducation performant, offrant ainsi une protection sociale d’excellence à tous les citoyens. De la même manière, La Havane montre qu’il est possible de faire de la solidarité internationale avec les nations du Sud et les populations paupérisées des pays développés un pilier de la politique étrangère de la nation.
Salim LamraniUniversité de La RéunionMondialisationNotes[1] Radio Havane Cuba, « 14 685 médecins et techniciens de santé sont diplômés cette année à Cuba », 21 juillet 2017. www.radiohc.cu/fr/noticias/salud/136198-14-685-medecins-et-techniciens-de-la-sante-sont-diplomes-cette-annee-a-cuba (site consulté le 4 août 2017).[2] Cubadebate, « La ELAM ha graduado en Cuba 170 médicos estadounidenses », 2 août 2017.[3] Agencia cubana de noticias, « Formados en la ELAM más de 28 mil 500 médicos de 103 países”, 22 juillet 2017.[4] Lisandra Fariñas Acosta, « Convertir la salud y la vida en nuestra primera preocupación », Granma, 21 juillet 2017.[5] Ibid.[6] Institut national de la santé et de la recherche médicale, « Surmortalité liée à la canicule d’août 2003 en France », 2003, BEH 45-46. www.cepidc.inserm.fr/inserm/html/pdf/beh_45_46_2003.pdf (site consulté le 7 août 2017) ; Maxime Bourdier, « La canicule de 2003 est incomparable avec celle de 2016 mais permet de mieux l’appréhender », Huffinton Post, 5 octobre 2016.