L’ambassadrice du Vénézuela en Belgique et auprès de l’Union européenne répondait aux questions de Robin Cornet du RTBF dans le programme de radio ‘Matin Première’ 02/08 alors que l’opposition vénézuélienne a appelé à de nouvelles manifestations, ce mercredi, contre l’installation d’une Assemblée constituante.
Le Venezuela semble au bord de la guerre civile. Le pays continue de compter ses morts: 120 en quatre mois de protestations anti-gouvernement. Des manifestations qui réclament le départ du président Nicolas Maduro et se terminent dans le sang.
Claudia Salerno Caldera, ne peut que déplorer ce bilan. Mais acquise à la cause de Maduro, elle rejette rapidement la responsabilité: «
Des Vénézuéliens sont morts à cause des manifestations violentes lancées par l’opposition. C’est leur façon de s’exprimer contre le régime ». Des bavures policières, oui, il y en a eu, reconnaît-elle, causant onze morts selon les enquêtes des autorités. Conséquences : « 39 personnes ont été arrêtées parmi les forces de l’ordre ou les pouvoirs judiciaires », assure l’ambassadrice. Premiers crimes de haine : «
C’est Lopez qui crée ces situations de crises »
Deux arrestations ont aussi marqué les esprits, dans l’opposition cette fois: Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur du parti Voluntad Popular (Volonté populaire, droite), et le maire de Caracas Antonio Ledezma, 62 ans. Tous deux ont été arrêtés en pleine nuit chez eux. Ils avaient déjà été emprisonnés et avaient récemment été assignés à résidence. «
Ils ont transgressé les règles de leur détention, résume Claudia Salerno Caldera. Lopez a donné des discours où il faisait ouvertement un appel aux forces armées à se soulever contre le président », alors qu’il ne pouvait pas faire de discours politique, « c’est dans la loi ».
Leopoldo Lopez est considéré, notamment par les États-Unis, comme un prisonnier politique. Pour Claudia Salerno Caldera, « c’est l’opinion américaine… Mais le tribunal vénézuélien est le seul compétent pour définir la nature des crimes qu’il a commis ». Elle ajoute : «
Il a avoué avoir une conversation avec le vice-président des États-Unis (Mike Pence, ndlr) pour demander une intervention militaire au Venezuela ». «
Ses appels à la violence sont immédiatement suivis de situations de crise assez fortes. Et elles se sont terminées, assure l’ambassadrice, par les premiers crimes de haine au Venezuela. On en dénombre 23 aujourd’hui: 23 personnes qui ont été brûlées vivantes juste parce que les manifestants de l’opposition les ont identifiés en tant que chavistes. C’est lui qui crée ces situations » Les propositions pour la nouvelle Constitution seront soumises à un référendumÀ la base de ces violences, l’élections des 545 membres de l’Assemblée constituante. Si cette élection a eu lieu ce dimanche, l’histoire n’est pas pour autant terminée, le pays reste aujourd’hui divisé. «
Nous ne sommes pas en train de nier qu’il y a des problèmes économiques et sociaux. Mais seul le dialogue peut permettre de les résoudre. »
Et, dans les discours, l’espace de dialogue doit être cette Assemblée constituante, composée notamment de membres de la société civile ou encore de représentants des municipalités. Une Assemblée qui, comme son nom l’indique, est chargée de rédiger la nouvelle Constitution du pays.
L’opposition, qui a boycotté le scrutin, refuse de la reconnaître et dénonce une « fraude » qui va instaurer une « dictature ».
Cette critique, Claudia Salerno Caldera la balaie : «
Le président veut simplement ouvrir un débat sur la Constitution, la base de notre société. Il ne s’agit pas de tout changer comme certains de l’opposition l’ont affirmé. Il y a neuf chapitres que l’on souhaite revoir, dont la lutte contre le réchauffement climatique et, ça, personne n’en parle alors que c’est bien. » Et les propositions de l’Assemblée seront soumises à un référendum populaire, précise-t-elle. Elle n’a donc pas de pouvoir de décision, mais de proposition.
Quant à la tentative de Nicolas Maduro de s’attribuer les pleins pouvoirs via une nouvelle Constitution : «
Il a déjà le pouvoir présidentiel. On ne peut pas aller au-delà de ça », répond l’ambassadrice.
Des chiffres électoraux contestésPour le pouvoir, l’Assemblée constituante est aujourd’hui légitime, puisqu’élue, selon ses chiffres, avec 40 % des suffrages. »
Plus de 6000 candidats pour quelque 600 postes. Et la participation a été impressionnante: jamais nous n’avons eu un résultat aussi grand. Des membres de l’opposition ont même voté en faveur de l’Assemblée constituante », vante Claudia Salerno Caldera.
Reste que l’agence Reuters conteste ce mercredi les chiffres du régime, après avoir étudié les données de la commission électorale: 3,7 millions de Vénézuéliens avaient voté à 17h30 dimanche dernier, assure l’agence de presse. Un chiffre loin des 8,1 millions d’électeurs revendiqués par Maduro. »
Ce n’est pas à Reuters de dire quoi que ce soit, répond l’ambassadrice vénézuélienne en Belgique. Il y a un conseil national électoral indépendant, qui a donné des résultats. Des résultats qui peuvent parfaitement être analysés. Tout le processus était automatisé. Les machines ont enregistré tous les votants. » »
Il y a eu des observateurs internationaux, assure enfin Claudia Salerno Caldera. D’un peu partout, même certains européens, dont une députée espagnole. »
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