TRUMP AU VENEZUELA: LES PAROLES ET LES ACTES

Le 17 juillet, la Maison Blanche a déclaré que « les Etats-Unis sont prêts à mettre en place de fortes sanctions économiques envers le Venezuela au cas où le Gouvernement n’annulerait pas la convocation de l’Assemblée Nationale Constituante. » On doit considérer ces sanctions en tenant compte de la trajectoire du Gouvernement de Trump au Venezuela – qui poursuit l’interventionnisme de l’administration Obama et respecte les étapes établies dans l’Opération Freedom II.

Sur les sanctions économiquesLa plupart des médias affirment que l’objectif est de porter un coup à l’économie vénézuélienne qui dépend à 95% des revenus du pétrole puisque le Gouvernement états-unien pourrait appliquer « un paquet de sanctions sectorielles à PDVSA. » Parmi les possibilités, interdire toute transaction en dollars avec PDVSA. Cela affecterait non seulement l’entreprise pétrolière d’Etat vénézuélienne mais le marché du pétrole au niveau mondial tout en mettant les Etats-Unis dans une situation compliquée, étant donné qu’ils importent du brut principalement d’Arabie Saoudite, du Canada et du Venezuela. En effet, depuis quelques temps, on entend des critiques à l’intérieur des Etats-Unis à propos de cette mesure car même si le Gouvernement envisage de remplacer le pétrole en provenance du Venezuela par des réserves stratégiques locales, certains patrons du secteur affirment que « le pétrole vénézuélien n’est pas facile à remplacer » et que « le Venezuela pourrait simplement se limiter à vendre à d’autres, » ce qui diminuerait l’effet attendu des sanctions.

D’autre part, il s’agit de sanctions annoncées le mois dernier (ce n’est pas une « dernière heure ») dans lesquelles nous pourrions inclure les mesures contre PDVSA-CITGO envisagées dans la Loi Cardin (s.1080) du Sénat (3 mai 2017)et la Loi HR2658 de la Chambre Basse (25 mai 2017). Il faut rappeler qu’à ces éventuelles sanctions économiques s’ajoutent d’autres sanctions contre des fonctionnaires vénézuéliens : la Loi fixe 90 jours pour collecter des informations contre de hauts fonctionnaires vénézuéliens, un délai qui s’achève au mois de juillet.

Trajectoire du Gouvernement Trump au VenezuelaLes pressions politiques, diplomatiques et juridiques sont appliquées systématiquement. En moins d’un mois, le Gouvernement Trump a :Prêté attention aux suggestions d’une commission des 2 chambres du Congrès (février 2017) qui a exigé plus de sévérité dans la position contre le Venezuela et a imposé des sanctions au vice-président vénézuélien en l’accusant d’être lié au trafic de drogues et en appliquant la Loi Kingping. Elle a sanctionné par la voie judiciaire depuis le Bureau de Contrôle des Actifs Etrangers du Département du Trésor 8 membres de la Cour Suprême du Venezuela pour « abus de pouvoir et « conduite antidémocratique », gelant leurs actifs aux Etats-Unis et interdisant aux citoyens et aux institutions états-uniennes tout type de transactions avec les personnes sanctionnées, en plus de leur interdire l’entrée en territoire états-unien.

Il a eu des réunions personnelles avec des membres de l’opposition vénézuélienne. Il a reçu Lilian Tintori, la femme de Leopoldo López, à la Maison Blanche avec le vice-président Mike Pence et le sénateur Marco Rubio. Il a soutenu l’application de la Charte Démocratique au Venezuela par l’OEA lors de rencontres extraordinaires et officielles depuis juin 2016 (Gouvernement d’Obama) jusqu’au Sommet de l’OEA, à Cancún, juin 2017. Le but n’a pas été atteint mais il n’a pas pour autant été abandonné. Le 19 juillet, le Secrétaire Général de l’OEA a donné une conférence au Comité des Affaires Etrangères du Congrès des Etats-Unis en insistant sur la nécessité impérieuse de son application.

Alliances internationales Dans l’Union Européenne A la « traditionnelle » coopération du Gouvernement espagnol s’ajoutent de nouveaux soutiens comme celui de la chef de la politique étrangère de l’Union Européenne, Federica Mogherini qui, la semaine dernière, a demandé aux Gouvernements latino-américains de créer « un groupe d’amis » acceptable par le Gouvernement vénézuélien et l’opposition pour négocier et arriver à un accord.

En Amérique LatineLe Mexique se présente comme le fer de lance du bloc anti-Gouvernement du Venezuela (toujours sur la ligne envisagée par les Etats-Unis), un rôle qu’il joue en particulier depuis mars 2017 quand il a déclaré qu’au Venezuela, il y avait une « violation systématique de la démocratie. » Certains membres distingués de ce bloc sont les Gouvernements de Colombie, d’Argentine et du Brésil.

La ColombieLe président Juan Manuel Santos s’est joint à la cause contre le Venezuela : « Il y a 6 ans, j’ai averti Chávez. La Révolution Bolivarienne a échoué, » a-t-il dit il y a 2 mois. Récemment, lors de son voyage à Cuba, la chancelière colombienne María Angela Holguín qui accompagnait le président Santos a démenti les déclarations faites par le Financial Times disant que le Venezuela était le sujet de conversation entre les présidents de Cuba et de la Colombie car sa visite était une visite à caractère commercial et pour remercier Cuba de sa participation aux accords de paix. Cependant, le même jour, le président Santos a lancé un appel à Maduro pour qu’il « démantèle » la Constituante.

L’ArgentineLe président argentin Mauricio Macri, suivant toujours son lobby anti-Gouvernement de Maduro a essayé d’évoquer le Venezuela lors de la réunion du G20 avec le soutien du Gouvernement espagnol.

Le BrésilLe Gouvernement de Temer s’est joint à l’appel des autres présidents pour demander la suspension de la Constituante. Depuis mai, l’ambassadeur brésilien est revenu à son ambassade à Caracas dans un geste « bonne volonté » selon le ministre brésilien de la Défense, Raúl Jungmann, qui, en plus, a déclaré que le Brésil prépare déjà un plan d’urgence « pour si les choses s’aggravent. »

Les « rumeurs » s’ajoutent aux pressions politiques : on cherche à installer « l’idée » que le Venezuela n’a pas de soutien. On parle de la possibilité que la Russie, la Chine et même Cuba « lâchent la main » du Gouvernement vénézuélien à cause des dommages que pourraient occasionner la situation actuelle à leurs intérêts pétroliers. Deux remarques à ce sujet : la première, c’est que cette supposition a été publiée par l’entreprise Stratfor d’analyse de la sécurité et de la défense qui, comme on l’a démontré avec les révélations de Wikileaks, agit comme source d’information des agences de renseignement états-uniennes en matière de ressources stratégiques. (Des sorte qu’il s’agit d’une source d’information toujours douteuse et avant tout, partiale.) La seconde remarque est qu’aussi bien la Russie que la Chine ont renforcé leurs relations avec le Venezuela ces dernières années avec des projets conjoints dans différents secteurs de l’économie de ce pays. En effet, face aux éventuelles sanctions des Etats-Unis envers l’entreprise pétrolière PDVSA qui a été signalée comme une « menace pour la sécurité nationale états-unienne » à cause des opérations de PDVSA-CITGO avec la participation de l’entreprise russe d’Etat Rosneft, il y a peut-être eu des ajustements entre le Gouvernement russe et celui du Venezuela pour que Rosneft se détache de CITGO et qu’en échange, elle mène à bien des actions en matière d’hydrocarbures en territoire vénézuélien.

Le pouvoir dur comme soutien permanent. Depuis 2016, avec l’Opération Freedom II, le Commandement Sud des Etats-Unis inclut l’intervention au Venezuela en tant que possibilité viable. En février 2017, Liliana Ayalde, ex-ambassadrice au Paraguay et au Brésil au moment où ont eu lieu leurs coups d’Etat parlementaires respectifs, a été nommée à la vice-présidence civile du Commandement Sud. Elle a réaffirmé la possibilité de faire pression pour un changement de régime par la violence comme c’est arrivé en Libye et en Irak.

Autres déclarations et menaces de TrumpCe que Trump a déclaré à propos du Traité de Libre Commerce d’Amérique du Nord (TLCAN) est particulièrement intéressant : Trump a déclaré pendant sa campagne qu’il chercherait à renégocier le TLCAN de façon importante et que s’il n’arrivait pas à revenir sur les conditions de l’accord, les Etats-Unis se retireraient. Une fois à la présidence, il a signé un ordre exécutif pour mettre en place ces changements en annonçant qu’ils seraient déterminants. Cependant, dans les faits, il a proposé des changements superficiels et très bien orientés pour permettre aux Etats-Unis d’accéder à la fabrication à bas prix du Mexique, d’élargir ses affaires énergétiques. La loi sur la propriété intellectuelle fixe une nouvelle loi sur les investissements et contrôle monétaire plus important sur le Mexique.

La même chose est arrivée avec le Mur sur la frontière avec le Mexique quand il a prévenu pendant sa campagne : « Je Construirai un mur géant, le plus grand qui ait jamais été construit et je le ferai payer par le Mexique » (juin 2015). Dans les faits, le Congrès a bloqué la demande de budget pour le mur et il n’a pas non plus « obligé le Mexique à le payer. » Le Secrétaire à la Sécurité Intérieure a déclaré devant le Congrès que « le Gouvernement n’envisage pas de construire un mur d’un côté à l’autre. » Dans les faits, il y a longtemps que, sur les plus de 3 000 km de frontière, il y a un mur et des clôtures qui couvrent 1 050 km. Pour le moment, dans ce qu’on appelle les « villes sanctuaires » pour les migrants, les forces de sécurité locales ont essayer de ne pas mettre ne place de « rafles » étant donné les difficultés pour faire respecter les consignes anti-immigration de Trump.

Concernant Cuba, Trump a déclaré pendant sa campagne : « toutes les concessions d’Obama qui ont favorisé le régime de Castro ont été faites grâce à un Décret, une décision que du coup, le prochain président pourrait annuler et je le ferai, à moins que le régime castriste remplisse certaines conditions qui incluent la liberté religieuse et politique pour les Cubains » (septembre 2016). De la même façon, dans son discours devant la communauté cubano-américaine de Miami, il annonçait qu’il annulerait « complètement » l’accord qu’ Obama avait signé avec Cuba et qu’en tant que président, il ferait face aux « crimes » du régime cubain. Dans les faits, il y a eu certaines modifications mais il s’agit de certains points particuliers, pas d’une révision totale comme il l’avait dit.

Ces exemples ne visent pas à sous-estimer la réalité des menaces du Gouvernement de Trump contre le Venezuela mais de les remettre à leur juste mesure. Ce qui est inquiétant, ce ne sont pas les menaces ou les vitupérations du président de service qui sont caractérisées par un discours provocateur. Ce qui est inquiétant, c’est, premièrement, que dans le cas du Venezuela, les menaces aient été encouragées par le Congrès (pas seulement par la droite des Républicains mais aussi par les démocrates) et les différents services comme le Département du Trésor qui a imposé des sanctions judiciaires auxquelles pourraient s’en ajouter d’autres à partir du 30 juillet. Deuxièmement, c’est que les menaces de sanctions font partie d’une trajectoire d’ingérence du Gouvernement-secteur privé états-unien par les différentes voies mises en place jusqu’à présent : guerre médiatique (guerre psychologique), pressions politiques, pressions diplomatiques, guerre judiciaire (sanctions de fonctionnaires vénézuéliens) et pressions économiques dont le but est, depuis des années, de provoquer un changement de régime au Venezuela. Dans l’immédiat, les pressions sont centrées sur l’annulation de l’Assemblée Nationale Constituante, une preuve de plus de la stratégie permanente de roll backencaminada pour faire reculer le Gouvernement Bolivarien dans son ordre du jour politique. C’est ce qui se passe avec les menaces de « dernière heure. »

Resumenlatinoamericanotrad.: Françoise Lopez pour Bolivar Infos

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