Aujourd’hui (16 juin), le président étasunien Trump a prononcé un discours à Miami dans lequel il a révélé sa nouvelle politique envers Cuba. Déjà lors de sa campagne électorale et dans les tous premiers mois de sa présidence, Trump avait dit estimer que les Etats-Unis pourraient conclure un meilleur accord avec Cuba. Un accord qui serait plus avantageux pour les Etasuniens et le peuple cubain. Préalablement au discours, les analystes pensaient, sur base de ses déclarations antérieures, que Trump allait faire table rase de la politique de rapprochement d’Obama. D’autre part, il y avait aussi une pression sur le business man Trump venant du lobby des entreprises étasuniennes qui voit en Cuba un excellent débouché, avec une main-d’oeuvre très qualifiée et à bas prix. Pas tous les Républicains ne s’avèrent donc être des partisans de la ligne dure en ce qui concerne Cuba. Toutes les pistes étaient donc ouvertes, ajoutant à cela le facteur Trump, à savoir l’imprévisibilité qui le caractérise. Le discours qu’il a prononcé aujourd’hui était, comme nous pouvions nous y attendre de sa part, comblé de superlatifs de combien Miami était ‘great’ et ‘wonderful’, combien Little Havana était jolie, vantant le courage et les talents de la communauté américano-cubaine, mais, surtout, combien Trump himself est magnifique. Le spectacle ressemblait à un grand événement de télé-réalité, avec l’instinct divin des Etats-Unis de liberté comme seule constante. Les Etats-Unis ne veulent que le meilleur pour le peuple cubain et lui rendre sa liberté. Les Etats-Unis ont tout intérêt que la liberté soit assurée dans leur hémisphère et donc aussi à Cuba, mais également au Venezuela, disait Trump. Mike Pence scandait même ‘Cuba Sí, Yankee no’. Soudain je me rappelais l’image de Trump qui, ensemble avec les cheiks du pétrole en Arabie-Saoudite, se risquait à une danse traditionnelle. Le président a annoncé l’annulation complète de la politique de rapprochement d’Obama envers Cuba, répétant qu’il la considérait comme étant un des mauvais accords conclu par l’administration antérieure (outre l’accord avec l’Iran). Pour le reste, il n’est trop rentré dans les détails des mesures où de leur date d’entrée en vigueur. Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Il est parfaitement possible qu’il s’agisse d’un discours très rhétorique, mais que dans la réalité seules quelques mesures symboliques seront supprimées. Cependant, il a clairement dit que le blocus allait de nouveau être renforcé. En tant qu’organisation de solidarité avec Cuba, nous voulons répondre à son discours dur avec un message de solidarité et déterminé : Cuba n’est pas seul ! Au sein de la communauté internationale, il existe une grande base permettant de lutter pour obtenir de meilleures relations avec Cuba. Que ‘Don Trompeta’, comme on l’appelle à Cuba, claironne beaucoup, nous le ferons aussi. La solidarité avec Cuba reste toujours très nécessaire. Hasta la victoria siempre. Rompez le blocus contre Cuba ! Voici quelques mesures de Trump :les voyages de touristes étasuniens qui veulent se rendre à Cuba sont davantage restreintsles voyages privés autorisés par l’ancien président Obama sont interditsle blocus des Etats-Unis contre Cuba est réaffirméles activités économiques avec des entreprises liées à l’armée sont limitéesla coopération avec les entreprises publiques à Cuba, où est occupée la majorité des Cubains, est limitéele développement des relations des entreprises et des investisseurs étasuniens avec les indépendants à Cuba est demandée explicitementles Américano-cubanos peuvent continuer à rendre visite à Cuba et envoyer des ‘remittances’l’ambassade des Etats-Unis à Cuba reste ouvertel’ancienne politique en matière de migration ‘wet foot – dry foot’ ne reviendra pasTrad. & rév. : E. Carpentier & Y. Hommani