Venezuela : une maternité prise d’assaut et autres actes de violence

Les désordres au Venezuela ont déjà provoqué 53 morts au total. Le 18 mai, à Caracas, dans l’Etat de Miranda, une maternité a été assiégée avec des barricades dressées par des forces de l’opposition, avec entre autres des pneus de voitures incendiés dégageant d’épaisses fumées toxiques.

Une mère en accouchement et deux nouveaux-nés ont du être évacués, mais les barricades qui bloquaient l’accès à l’hôpital pendant deux jours ont empêché des médecins, des spécialistes et dix infirmières d’accéder à leur poste de travail, obligeant ainsi le personnel à l’intérieur de travailler pendant 36 heures, selon le récit du Dr. Natalia Martinho, la directrice de l’hôpital.

Cet assaut de l’opposition cadre avec les manifestations ininterrompues depuis déjà sept semaines réclamant des élections présidentielles anticipées. Dans les jours précédant le 18 mai, des affrontements organisés par l’opposition ont fait deux morts de plus, des agents des services publics et des policiers ont été attaqués et des barricades ont été élevées un peu partout.

Le mercredi 17 mai, Manuel Castellanos a été tué par balle dans l’Etat de Tachira. L’homme âgé de 46 ans faisait des courses lorsqu’il a pris une balle dans la nuque. Après examen, le procureur a fait arrêter trois sergents de la Garde nationale sous l’inculpation d’assassinat. Il y a également eu trois arrestations de trois autres policiers, dans le même Etat de Tachira, après l’assassinat des manifestants Luis Jose Alviarez Chacon (18 ans) et de Diego Hernandez (33 ans).

Tachira se situe à la frontière du sud-ouest avec la Colombie et est depuis longtemps un foyer d’affrontements entre les autorités et des manifestants violents. Dans la nuit de mardi passé, deux centres de multimédias, situés dans la municipalité de Cardenas ont été pillés et on compte notamment des équipements de haute technologie pour des personnes malvoyantes qui ont été emportés.

Le mercredi, la caserne de La Grita, également située dans l’Etat de Tachira, a été assiégée pendant six heures par des militants masqués et armés de cocktails Molotov. Ailleurs, lors d’un autre incident, six paramilitaires ont été arrêtés. Le ministre de la Défense a envoyé 2000 soldats de la Garde Nationale à Tachira afin d’y rétablir l’ordre public.

Dans un autre Etat, Lara, le journal local Ciudad Barquisimeto a signalé l’assassinat du dirigeant socialiste Pedro Josue Carrillo, dont le corps qui a été trouvé portait des marques de brûlure et de torture, des pratiques associées aux escadrons de la mort colombiens.

Selon des témoins oculaires de la section locale du PSUV (le Parti socialiste unifié de Venezuela), il avait été enlevé, le mardi, par des hommes cagoulés dans une camionnette bleue de la marque Meru qui criaient « ramasse-le, c’est un chaviste ».

La violence s’est poursuivie après la mort d’un manifestant lors d’une manifestation dans l’Etat de Zulia. Le procureur a annoncé que l’homme, Paul Moreno (25 ans) avait été renversé par un camion dans les rues de Maracaibo. Il est décédé lors de son transfert à l’hôpital.

Entre-temps, plus de détails ont été révélés concernant la mort de Diego Arellano et de Yeison Mora. Le ministre de la Justice a communiqué que le premier, un manifestant de 31 ans, avait été tué par une petite boule métallique d’un diamètre de 11 mm qui avait été lancée de près, ce qui démontre qu’elle provenait des rangs de la manifestation même. Douze de ces boules ainsi qu’une bombe fusée improvisée ont été trouvées sur la scène du crime à proximité de la position occupée par la Garde Nationale, ce qui montre qu’elle était la cible recherchée.

Le ministre a signalé que Miguel Castillo et Armando Cañizales avaient été tués, antérieurement dans le mois, par des boules semblables (roulements à billes), mais l’opposition continue, malgré cette preuve légale, à alléguer que ces morts sont à imputer aux services de police.

A Barinas, l’oncle de Yeison Mora, 17 ans, accuse l’opposition d’avoir assassiné son neveu. Il explique que Yeison, accompagné de son frère, se dirigeait vers un magasin et qu’il a reçu une balle dans la tête au moment où il a croisé une manifestation.

L’autopsie a révélé que le garçon n’a pas été tué par une arme à feu mais par une bille, sans doute lancée à l’aide d’une lance-pierre de fabrication artisanale. L’oncle de Yeison a annoncé à la radio que l’opposition s’abuse du drame, étant donné qu’il avait été quasiment prouvé qu’un manifestant en portait la responsabilité.

La site de Venezuelanalysis conclut que depuis le 4 avril, 12 personnes ont été victimes de la violence de l’opposition et que 8 personnes ont trouvé la mort suite à des actions policières. Cinq autres morts sont dues à des accidents suite à des barricades dressées, et 8 personnes ont été électrocutées lors d’une tentative de pillage d’une boulangerie. Vingt morts font toujours l’objet d’une enquête.

Trad. & rév. : E. Carpentier & Y. Hommani

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