En tant qu’homme, c’était quelqu’un d’exceptionnel, d’une culture et d’une intelligence remarquables. Il avait aussi, bien sûr, des qualités militaires. Le Che était d’abord médecin; mais il est devenu soldat sans cesser un seul instant d’être médecin.
Ensemble, nous avons mené de très nombreux combats. Parfois, je rassemblais les troupes de nos deux colonnes pour effectuer une opération militaire complexe, avec des embuscades, pour provoquer des mouvements de troupes ennemies prévisibles.
C’est en combattant que nous avons appris, tous les deux, l’art de la guerre et nous avons découvert que l’ennemi est fort dans ses retranchements mais faible quand il se déplace.
Fidel Castro Ruz («
Biographie à deux voix » Ignacio Ramonet) HOMMAGE DU Docteur Freddy ILUNGA, traducteur de swahili du Che au Congo, écrit pour Cuba Si France Provence le 4 octobre 2005NOS HEROS NE SONT PAS DES MODELES IDEALISESASSASSINAT DU CHE EN BOLIVIEDocteur Freddy ILUNGA, héritier de son enseignement Il est difficile de parler de l’homme qui a fondé sur l’action ses idées pour lutter pour l’humanité. Permettez que dans ce « mémorial » , soient avec nous six jeunes de la terre de Marti qui ont été avec leur sang les premiers pionniers de la solidarité contre l’injustice dans le monde au sud du Sahara :Norberto Pio Pichardo (Ine)Victor Ballester (Telasini)Wagner Moro Perez (Kawawa)Crisojene Vinajera (Azuruni)Orlando Puente Majeta (Bahaza)Francisco Torrente Asia (Ahurino) disparu Notre passé est fondateur de l’histoire et nos héros ne sont pas des exemples idéalisés de mortels. Ce sont des êtres qui ont gagné le respect des peuples par le sacrifice de leur vie.
Nous, toutes les nations du Tiers Monde , sommes tombées en esclavage et on nous châtie avec la faim, la misère et des maladies que l’on pourrait guérir et prévenir. Si nous réclamons notre droit, nous sommes réprimés avec des bombes sophistiquées et l’unique arme qui nous reste est l’éducation de notre peuple dont la responsabilité revient à l’avant-garde si elle prêche par l’exemple. En conséquence, on peut dire qu’un peuple cultivé est un peuple libre.
Ceux qui furent, sont ou seront aux côtés de Tatu ou Che, traduisant sa pensée avec sa méthodologie pédagogique, auront trouvé le chemin de la formation de l’Homme Nouveau, homme solidaire dans ses relations internationales, sans égoïsme, qui lutte pour satisfaire les besoins basiques de l’homme sur la terre. Son visage était, est et sera un message éducatif qui , devant les diverses difficultés du monde néo-libéral, constitue un livre de référence qui nous aide à briser les chaînes qu’on nous impose.
L’Humain est égoïste par nature pour assurer la survie de son espèce, jusqu’à un certain point. Quand il le dépasse, il monopolise les biens. Pour que l’homme surmonte ce mal, nous aurons besoin de nombreux siècles, parce qu’il faut effacer de notre subconscient d’où nous venons et où nous habitons. Le Che le comprit ainsi et en tira les conséquences dans sa vie. Pour autant, nous sommes des citoyens du monde et le monde où nous vivons nous appartient et nous avons le droit également de le défendre comme bien commun. Défendre notre planète de ce qui perturbe l’équilibre de ses habitants : la faim, les maladies, la misère et l’injustice qui créent des inégalités à cause de l’égoïsme humain. Accomplissant son devoir comme citoyen du monde, le Che partit pour le Congo sans tenir compte qu’il ne s’agissait ni de son pays ni de sa race. Avec son cri vif et dynamique, il nous oblige à défendre la dignité de l’Homme dans n’importe quelle région de la planète. Alors nous ferons partie de l’Univers. Sa reconnaissance du rôle de l’homme et du pouvoir nouveau dans la transformation de la société nouvelle en construction est le matérialisme historique dans sa version humaniste. Ce ne sont pas les lois économiques objectives qui transforment la société mais l’action consciente et organisée du peuple.
On notait une certaine différence du caractère dans ses relation avec ses compatriotes au Congo . La plus grande partie de son temps, il la donnait à la lecture, il ne participait pas aux plaisanteries que les autres avaient l’habitude de faire dans les moments de repos. Malgré la frontière qui existait entre la langue cubaine et congolaise, les autres étaient gais et parlaient avec moi par signes pendant que le médecin traducteur Tatu Che se réfugiait dans ses livres et son tabac. Par sa pédagogie d’enseignement par l’exemple, il m’inculqua de manière inconsciente des idées qu’il prenait comme ses idées propres. De cette éducation, il m’aida à oublier dans quel accident géographique j’avais pris le train de la vie, oubliant l’égoïsme ethnique et national et m’apprit que j’appartenais à une planète libre et humaine.
Maintenant, la difficulté est d’expliquer le renversement complet de mon appréciation initiale jusqu’à la finale, jusqu’à me sentir comme un familier très proche, sans qu’il y ait eu de changement dans sa conduite envers moi.
Ce qu’il m’a transmis est et sera le message éducatif d’un père à un fils qui aujourd’hui encore, devant diverses difficultés, est ma Bible, qui m’aide à briser les chaînes que la vie m’impose.
Conscient, créateur de la personne et d’un monde nouveau, homme de la nouvelle société, il est impossible de réussir cela si l’homme reste avec une mentalité égoïste, compétitive et servile. Même à l’intérieur du processus démocratique dynamiquement transparent, la lutte doit continuer contre l’autoritarisme, le bureaucratisme, et l’idéologie la plus suivie, la servilité, l’économisme, et contre toute déviation qui empêche la réalisation d’une société dont l’homme est le protagoniste. L’oppression est un facteur qui identifie le système économique. Par conséquent, le changement de société est essentiellement une éthique des personnes. En réfléchissant sur l’homme nouveau, on peut affirmer qu’un véritable humaniste est guidé par de grands sentiments . Il est impossible de concevoir un humain authentique qui n’aurait pas cette qualité . L’amour pour les opprimés prend des formes chaque fois plus concrètes et engagées et on en vient à la fin à s’identifier avec les opprimés du monde.
Il faut avoir une grande dose d’humanisme pour ne pas tomber dans les extrémismes dogmatiques en ce qui concerne la justice et la vérité. Le sentiment de l’amour universel se retrouve dans l’amour personnel, critère d’authenticité, quoique le sacrifice que le Che s’imposa fut compensé par son amour de l’humanité.
Le sacrifice de Tatu pour les opprimés indiqua le chemin d’un monde beau parce qu’il faut lutter pour humaniser son locataire contre l’égoïsme. L’histoire démontre que son enseignement par l’exemple est un phare qui indique le chemin à la recherche de la justice et de la formation de l’homme nouveau dans un monde nouveau, au sud. Ces exemples sont la torche du triomphe. Sa vie vaillante nous enseigna qu’on peut créer un modèle alternatif de développement qui assure la formation d’un homme nouveau au XXI° siècle dans le monde actuel.
Un homme plus participatif politiquement.
Un homme plus solidaire socialement.
Un homme plus productif économiquement.
Un homme plus universel dans ses relations internationales.
Pour atteindre ces objectifs, il faut prendre ces exemples comme armes du triomphe dont je suis sûr. La leçon qu’il me laissa est qu’il faut lutter et éduquer l’homme contre l’égoïsme (égoïsme : amour immodéré qu’on a de soi-même et qui subordonne tous les actes à son bien propre, sans s’occuper des autres).
L’avant-garde doit éduquer les peuples dans ce sentiment pour une cause juste, la vocation d’éducateur pour la liberté est essentielle à l’homme nouveau, c’est l’arme du triomphe libérateur qui va instaurer ses conditions matérielles de réussite. Dans le sens éthique politique de l’humanisme, ce n’est pas l’homme ou la femme, ou un peuple en tant que tel, qui est capable de changer l’histoire mais l’homme et le peuple nouveaux, cet optimisme dans la possibilité de former des hommes et des femmes nouveaux dans un peuple nouveau, non l’efficacité objective de la violence révolutionnaire mais l’appui du peuple. L’invincibilité de la guérilla vient de l’invincibilité du peuple.
Bien que le maître qui prêchait par ses actes ne soit plus aujourd’hui parmi nous, tout rappelle ce qu’il nous a appris. L’égoïsme dépasse ce qui est individuel pour atteindre un groupe de personnes réunies en association jusqu’à devenir un égoïsme ethnique, national, qui à son tour, atteint différentes nations qui s’identifient par l’accumulation de richesses, égoïstement, en monopolisant les moyens technologiques, en soumettant les nations par la domination des ses biens. Ces biens, au lieu d’être patrimoine de l’humanité deviennent moyens d’esclavage. Le progrès égotiste de peu de nations a transformé l’homme en esclave de l’ère moderne, où des nations entières sont esclaves. Le garrot a été remplacé par la faim, la misère et les maladies. Cet esclavage qu’on nous impose m’a permis de valoriser ce que l’on devait au sacrifice de ce maître appelé Che et sa colonne des fils de Marti qui l’accompagna au Congo contre l’injustice.
Dans ses premiers jours au Congo, il affronta la dualité d’ avoir à lutter contre ses propres convictions, complexé par la couleur de sa peau et parce que son train occupait le premier quai, qu’il finit par résoudre, presque à la fin de sa présence en Afrique. Il se libéra des chaînes du nationalisme rhétorique et de sa peau, il comprit l’importance de l’éducation du peuple congolais, et qu’il avait besoin de cadres, qu’il avait autour de lui de bons soldats mais non pas des politiques dans un pays sans nationalisme. Sous le commandement de la direction du « Mouvement de Libération du Congo », à l’intérieur d’une organisation chaotique, il dépassa le sentiment de se sentir étranger et blanc. Alors il ne se limita pas à observer le panorama du sectarisme hérité que donne encore la constitution d’une nation mais il marcha à la première ligne du combat jusqu’à lrébellion.
Tatu était un Congolais et ses actes à postériori étaient ceux d’un citoyen du monde, il ne savait plus où il a pris le train. Au milieu de ses diverses tribulations de forme négative, dans le programme qu’il prépara pour la lutte au Congo, je remarque qu’il prit la décision correcte mais déjà tard.
Que représenta, représente et représentera Tatu pour Ilunga ? Les messages de ses actes d’éducation comme exemple : il faut avoir foi dans l’homme comme protagoniste de l’Histoire car l’éducation est l’arme du triomphe contre l’égoïsme humain pour la formation d’un monde et d’un homme nouveaux. Se libérer des chaînes, de ce qui est instinctif, dominant les forces naturelles, la faim, la maladie qui conditionnent notre propre organisme, est un préalable. Nous avons en mains la possibilité de vivre selon nos valeurs personnelles qui sont conditionnées par la société : éducation, culture. A tout cela nous arrivons en dépassant les difficultés et les chaînes.
Pour vivre en liberté, nous devons être disposés à dominer la peur du futur, c’est de notre responsabilité. Etre plus créatif doit être une condition objective de la liberté personnelle (déblocage social, société tolérante et pluraliste).
Etre solidaire avec les autres, à mesure que nous nous libérons des chaînes qu’on nous impose ou des nôtres propres, alors nous sommes davantage capables d’accepter depuis notre intériorité les autres et de créer des liens d’amitié réellement solides. La lutte la plus aride et difficile est la liberté d’aimer au sens plein du terme. La liberté implique une responsabilité, signifie une exigence éthique en tenant compte de la liberté et des intérêts des autres, du respect et de la dignité.
Nous ne pouvons réduire tout cela à des rapports simplement légaux, en plus, il faut sauver les valeurs de l’homme. En faisant cela, nous contribuons à l’effort de rendre plus humaine la liberté. La responsabilité du succès, c’est l’optimisme historique et réussir dépend de l’effort incessant de l’homme. La lutte contre l’oppresseur est interne ou interne, la misère est provoquée par des accidents étrangers comme la guerre dont les classes privilégiées font retomber les conséquences sur les exploités. C’est le fondement du changement de l’humanité par la liberté de l’homme et de la femme, en s’éduquant pour éliminer l’égoïsme et le suivi historique qui divinise l’humain. 4 octobre 2005 Traduction Gaston LOPEZsource: Cubasiprovence