Quelques jours après que Joe Biden – sous la pression – a retiré Cuba de la liste des « États sponsor du terrorisme », Donald Trump a remis lʼîle socialiste dans la liste dès le premier jour de son nouveau mandat. Ce qui a de graves conséquences pour le peuple cubain, surtout parmi les plus fragiles, comme les enfants malades…
« Depuis août, il a besoin dʼune greffe. Il sʼest préparé seul à la maison avec un traitement et aujourdʼhui nous sommes ici à lʼhôpital… Imaginez ce que je peux ressentir en tant que mère… Et merci pour tous ces dons qui font que les médecins sont capables de continuer le traitement. » Cette mère qui accompagne son fils soufrant dʼun cancer ne sait pas si son enfant survivra. Et, si cʼest le cas, ce sera grâce au dévouement et aux compétences du personnel des soins de santé, et pas au géant voisin américain qui fait tout pour étrangler lʼîle.
Chaque année, près de 400 enfants cubains doivent lutter contre le cancer. Seule la moitié d’entre eux est capable de vaincre la maladie. Alors que Cuba forme énormément de médecins et dʼinfirmières – qui vont aider des malades aux quatre coins du monde, y compris en Europe, depuis plus de 60 ans – lʼÉtat ne peut faire face aux conséquences des sanctions économiques décidées par les États-Unis dans ses propres hôpitaux. Cette décision de Trump va encore aggraver cette situation.
« Le cancer est devenu la principale cause de décès chez les enfants cubains âgés de 1 à 4 ans et la deuxième chez ceux âgés de 5 à 19 ans. En raison des sanctions économiques de Washington, les médicaments vitaux des grandes entreprises pharmaceutiques sont souvent inaccessibles. Pour de nombreux parents, ces restrictions rendent une bataille déjà très compliquée encore plus difficile à supporter », note le média américain Break Through News.
Cuba sponsorise la santé, lʼéducation… pas le terrorisme
Cuba nʼest pas un « sponsor du terrorisme » comme le maintient le président américain. Cuba « sponsorise » lʼaide internationale lors de catastrophes (envoi dʼéquipes médicales après les tremblements de terre en Haïti ou au Népal, lors de la crise du covid en Italie, etc.), « sponsorise » lʼéducation (éducation gratuite et de qualité de la maternelle à lʼuniversité, taux dʼalphabétisation parmi les plus hauts du monde, etc.), « sponsorise » la culture, « sponsorise » la protection de lʼenvironnement…
Les priorités de lʼîle socialiste dans tous ces domaines, et le soutien grandissant des pays du Sud à ces politiques, dérangent forcément les dirigeants du voisin américain dont le projet de société est à lʼopposé. Il faut donc mener une guerre économique, diplomatique, politique contre Cuba. Quitte à laisser mourir des enfants au nom de la « démocratie ».
Cuba : Une colonie devenue un projet socialiste unique
Pressé par lʼopinion populaire internationale – et locale – lʼex-président Joe Biden a dû retirer Cuba de cette liste quelques jours avant son départ de la Maison blanche. Le geste de Trump nʼest pas anodin ou anecdotique. Il sʼinscrit dans sa volonté de mettre le reste du monde au pas de manière beaucoup plus décomplexée que ses prédécesseurs : menaces envers le Canada, le Panama, le Danemark (via le Groenland), soutien à la politique criminelle dʼIsraël, etc.
Une guerre contre les familles cubaines
« Son objectif est de continuer Ă renforcer la cruelle guerre Ă©conomique contre Cuba dans un but de domination », a rĂ©agi le prĂ©sident cubain Miguel DĂaz-Canel. Le ministre cubain des Affaires Ă©trangères, Bruno RodrĂguez, a accusĂ© Trump d’être « ivre d’arrogance » : « Sa dĂ©termination est d’accroĂ®tre la punition et la guerre Ă©conomique contre les familles cubaines. Cela causera du tort, mais cela ne brisera pas la ferme dĂ©termination de notre peuple. Nous allons gagner. »
Aux États-Unis aussi, le retour de Cuba sur la liste est contesté. Selon Peopleʼs Forum, « il n’y a pas de faits crédibles pour justifier le placement de Cuba sur cette liste arbitraire. Aux côtés du secrétaire d’État Marco Rubio, Trump établit clairement une relation avec l’Amérique latine qui privilégie les intérêts des milliardaires américains par rapport à l’autodétermination et à l’indépendance de ses peuples, en appliquant des sanctions et des blocus comme punition. » Lʼorganisation basée à New-York conclut : « Nous continuerons à être solidaires de Cuba et à résister à l’agenda pro-milliardaires de Trump. »
Un blocus combattu par le monde (presque) entier
Ce retour en arrière vient sʼajouter à un blocus illégal en vigueur depuis 1962 décidé par les États-Unis qui empêche le développement du pays. « Pour la seule période de mars 2023 à février 2024, le ministère des Affaires étrangères cubain estime que le blocus a causé à Cuba des pertes matérielles évaluées à 5 056 800 000 dollars, soit une augmentation de 189 millions de dollars par rapport à l’année précédente, avec des conséquences dévastatrices pour la population », explique lʼHumanité.
Chaque annĂ©e, Ă lĘĽONU, tous les pays votent une rĂ©solution pour lever complètement ce blocus. Tous ? Non, pas exactement : les États-Unis et IsraĂ«l sĘĽy opposaient encore en octobre de lĘĽannĂ©e dernière, contre la volontĂ© de… 187 pays. La levĂ©e de ce blocus illĂ©gitime sauvera des vies. Comme le dit la mère citĂ©e au dĂ©but, « ce n’est juste pour personne de maintenir un blocus qui empĂŞche lĘĽacquisition des mĂ©dicaments, de nourriture… Depuis l’administration prĂ©cĂ©dente de Donald Trump, le blocus s’est intensifiĂ© et de nombreuses choses n’ont pas pu entrer dans le pays, mĂŞme le financement pour acheter des mĂ©dicaments pour les enfants n’a pas pu ĂŞtre fait… »
Sa conclusion ? « La levée du blocus permettrait à nos enfants de lutter contre la maladie. L’amour et les soins sont là , il ne manque que les ressources. »
Cet article a été publié sur Solidair, écrit par Jonathan Lefèvre