Beaucoup de Belges l’ignorent. D’autres ne l’entendront pas d’une bonne oreille, surtout ceux qui, par ignorance ou délibérément, classent d’un trait Cuba dans la liste des dictatures que tout homme qui se respecte ne peut défendre. Comme cela est souvent le cas, ce sont les relations commerciales bilatérales qui permettent une entente entre deux pays. Mais il y a plus.
Le journaliste cubain Hedelberto López Blanch collabore avec Rebelión, un média d’information alternatif qui relaie des informations que les médias traditionnels estiment inintéressantes. Le 10 février dernier, López Blanch publiait l’entretien qu’il a eu avec Patrick Van Geel, l’ambassadeur belge à Cuba.
Les dragueurs belges boivent du petit-lait.« À présent, les relations entre Cuba et la Belgique se portent très bien. En 2016, nous avons reçu la visite de hauts représentants des trois régions belges et du gouvernement fédéral », dit l’ambassadeur.
Au niveau économique, l’intérêt pour le marché cubain est en hausse. On parle d’une augmentation de 25 % des échanges commerciaux pendant les deux dernières années. Les deux géants belges, Jan de Nul de Hofstade (Alost) et DEME de Zwijndrecht, débourbent frénétiquement les baies cubaines. L’entreprise belge BDC International est active dans la zone de développement spéciale Mariel. La société offre, entre autres, des services logistiques, comme le transport en conteneur et du vrac sec.
De son côté, la Belgique s’intéresse au cacao et aux cigares Havana. Il existe une longue histoire de coopération dans le domaine de l’agriculture entre les universités de La Havane et Guantánamo et celle de Louvain-la-Neuve et l’Université Libre de Bruxelles. Au niveau des échanges commerciaux et scientifiques entre les deux pays, on continue à considérer le secteur biotechnologique et pharmaceutique comme prioritaire. En 2014, des représentants cubains de l’industrie biotechnologique ont présenté leurs produits à Bruxelles. Des entreprises de pays européens voisins se sont également ruées sur cet événement.
Une longue histoire de relations amicalesL’ambassadeur a expliqué que l’amitié entre les deux capitales, Bruxelles et La Havane, date depuis longtemps. Cette année, on fêtera 115 ans de relations diplomatiques. En 1839, donc peu de temps après la fondation du royaume belge, la Belgique avait déjà un représentant à La Havane.« Les relations entre nos pays sont très diversifiées », a continué l’ambassadeur. « La coopération universitaire est et reste le fleuron de nos relations, notamment par le biais de l’Académie interuniversitaire flamande (VLIR). De nouvelles initiatives sont en chantier : l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur (ARES). »
Et les relations culturelles ne manquent pas non plus. Un seul exemple : une exposition du peintre flamand Pieter Paul Rubens au Musée national des Beaux Arts à La Havane. Par ailleurs, le groupe musical Ars Longa, le groupe de danse Retazos et plusieurs peintres cubains, ont franchi le seuil belge en un peu plus d’un an.« Nous sommes fiers de constater combien les échanges commerciaux et culturels et la coopération créent et renforcent des liens qui rapprochent nos deux pays, » dit un ambassadeur satisfait.
Un avenir brillant ?
L’ambassadeur assure son interlocuteur que les perspectives sont bonnes. Les produits belges se vendent bien sur le marché cubain. Ceci est dû au bon rapport prix-qualité. En témoignent notamment l’industrie, comme la machinerie et les technologies, par exemple, la société belge IBA (appareils et équipement médicaux et pharmaceutiques). Il y a deux ans, l’entreprise signait un contrat avec MEDICUBA et le Centre cubain des isotopes (CENTIS). Ces deux dernières entreprises appartiennent au ministère cubain de la Santé publique. Le contrat envisage la construction et le montage d’un centre de diagnostique et traitement du cancer et d’autres maladies. Il sera une section attachée au Centre de recherches médico-chirurgicales. L’installation cubaine est d’ores et déjà vue comme étant une des plus modernes en Amérique Latine.
Dans le domaine de la coopération scientifique, Cuba donne la préférence à la relation entre les résultats académiques et l’application pratique. À ce titre, la Belgique dispose d’une grande expérience en associant des universités et des centres de recherche à des petites entreprises et PME.
L’ambassadeur a qualifié de bonne nouvelle le fait que, au mois de décembre 2016, le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodríguez Parilla, soit venu à Bruxelles pour signer un accord de coopération et de dialogue politique entre Cuba et l’Union européenne.
Source : De Wereldmorgen Trad. : Erwin Carpentier