Cuba survivra-t-elle à la fin de l’ère Castro ?

Demain ou après-demain, un nouveau président sera élu à Cuba. La génération historique fera alors place à une nouvelle jeune garde. Devons-nous nous précipiter à Cuba avant que tout ne change ? Aperçu et coup d’œil rétrospectif sur, tantôt soixante ans de révolution, par le spécialiste des affaires cubaines, Marc Vandepitte.

Un palmarès impressionnantIl y a presque soixante ans de cela, Fidel et Raúl Castro écrivaient l’histoire en défaisant avec quelques centaines de rebelles, l’armée du dictateur Batista, à l’époque la mieux équipée de toute l’Amérique Latine. Chassant alors les Yankees de leur île, ils réussissaient à bâtir, à leurs portes, une société socialiste. Contre toute attente, ils allaient tenir bon contre les agressions tant militaires qu’économiques et diplomatiques de la première superpuissance au monde. La révolution cubaine fit table rase de la théorie pessimiste qui voulait qu’une réorientation progressive aurait été impossible dans « l’arrière-cour » de l’oncle Sam.

Les Cubains ont résisté au plus long embargo économique de l’histoire de l’humanité. En trente ans, ils ont perdu jusqu’à deux fois leurs plus importants partenaires commerciaux. Pour la plupart des systèmes économiques, le coup eut été fatal mais, même cette épreuve-là, ils devaient y survivre sans explosions sociales. En 1961, ils infligeaient encore à l’impérialisme US, une mortifiante défaite dans la baie des Cochons. La Maison-Blanche n’a jamais été humiliée à ce point par un pays d’Amérique Latine. Un quart de siècle plus tard, les soldats Cubains, appelés à l’aide par l’Angola, portaient, à des milliers de kilomètres de leurs frontières, le coup de grâce à l’armée de l’Apartheid, pourtant bien mieux équipée. Voilà comment une petite île insignifiante participa à la libération de Mandela et à l’histoire de l’Afrique.

Du fait de son passé colonial, de l’embargo économique, du manque de richesses naturelles importante et de la chute de l’Union-Soviétique, le pays est resté, au plan économique, un pays du tiers-monde. En dépit de cela, ils ont réussi à atteindre un niveau social, intellectuel et culturel qui fait partie des meilleurs au monde. Cuba, à elle seule, envoie dans au niveau mondial, plus de médecins que l’Organisation Mondiale de la Santé. Cuba est également le seul pays au monde qui arrive à combiner un développement social important avec un impact écologique faible.

Avec le Venezuela, Cuba a été le moteur de l’intégration des pays d’Amérique Latine (Alba, Celac, Unasur)[1], aux dépens de l’emprise de Washington sur la région.

De par les réalisations sociales pour le pays ainsi que pour le rôle joué à l’étranger, les responsables cubains jouissent d’un prestige particulier dans les pays du Sud. Par deux fois, de 1979 à 1983 et de 2006 à 2009, la petite Cuba pu assumer la présidence des Pays Non Alignés (PNA), un mouvement qui regroupe deux tiers de tous les pays.

En 2014, Raúl Castro présidait le deuxième sommet du CELAC. Pour cette réunion, 30 des 33 chefs d’états des pays d’Amérique Latine se sont déplacés à la Havane.

Un indissociable duoL’histoire nous apprend que dans la première phase d’un processus révolutionnaire, des figures fortes et charismatiques jouent un rôle important. Ce fut certainement le cas de Fidel, figure imposante dotée d’une personnalité particulièrement forte et d’un pouvoir de conviction magnétique. C’était un visionnaire doué d’éloquence, et qui possédait la capacité de prévenir les désaccords. Il avait le don d’enthousiasmer les populations dans les circonstances difficiles en plus d’être un excellent « manager » par temps de crise.[2]Fidel était incontestablement le numéro 1. En tant que moteur du processus révolutionnaire, il était en permanence sous le feu des projecteurs. C’est donc lui également qui fut la cible de centaines de tentatives d’assassinat. Des dizaines de biographies ont été écrites à propos de El Comandante en Jefe. Il tint des centaines de discours et accorda régulièrement des interviews. Le contraste avec Raúl est grand. Jusqu’au moment de la grave maladie de Fidel en 2006, Raúl n’était que rarement à l’avant de la scène, un exercice qu’il n’affectionne d’ailleurs pas. C’est la raison pour laquelle son rôle dans la révolution cubaine est souvent sous-estimé.

Les deux frères étaient les deux parties d’un indissociable duo. Ils se complétaient parfaitement et se renforçaient mutuellement. Fidel était le visionnaire et celui qui posait les jalons importants tandis que Raúl représente la partie plus pratique du duo, avec beaucoup de bon sens et de talent d’organisateur. Fidel l’architecte, Raúl l’entrepreneur, voilà qui résumerait bien la situation.

Le facteur Raúl Les talents d’organisateur et les qualités de leader de Raúl apparaissent au moment de la lutte de guérilla. Au début de 1958 à peine âgé de 26 ans, Raúl est nommé commandant du deuxième Front. Il additionne les succès militaires et contrôle assez rapidement un territoire un peu plus petit que la Flandre. Il monte toute une administration parallèle incluant des écoles et de petits centres hospitaliers. Il organise les paysans, tient un Congreso Campesino (congrès des agriculteurs) et mène une réforme agricole dans tout le territoire libéré. Des routes sont aménagées ainsi que des liaisons téléphoniques et jusqu’à une mini force aérienne avec au total 13 petits avions.

En octobre 1959, Raúl est à la tête des forces armées cubaines et il y restera jusqu’au moment de son élection en tant que Président en 2006, ce qui fait de lui le Ministre de la Défense le plus longtemps en fonction. Son rôle en tant que commandant des forces armées ou comme en tant que dirigeant du gouvernement sera, à divers moments, crucial pour la survie de la révolution.

Commandant des forces arméesLa survie de la révolution naissante dépendra de la capacité de résister à une intervention militaire des USA. Durant les premiers mois, la nouvelle armée cubaine ne ressemble à rien. Une grande partie du matériel est inutilisable ou insuffisante et une grande partie des officiers a quitté le pays pour les USA. Le temps presse.

En mars 1960, un attentat sur un bateau chargé de munitions dans le port de la Havane fait plus de cent morts. Deux mois plus tard, les multinationales américaines refusent de poursuivre le raffinage du pétrole. Il devient clair qu’une intervention militaire au départ des USA n’est plus qu’une question de mois.

En juin 1960, Raúl se déplace à Prague et à Moscou pour obtenir suffisamment d’équipement militaire et de munitions, dans le but de pouvoir contrer une telle invasion. Des dizaines de pilotes suivent un entraînement accéléré et secret en Tchécoslovaquie. À Cuba, des programmes d’entraînement intensifs sont organisés, 25.000 soldats et des centaines de milliers de civils reçoivent une formation élémentaire au combat. Des agents secrets cubains sont infiltrés dans l’armée de mercenaires préparée aux USA. Divers groupes contre-révolutionnaires qui projettent secrètement de soutenir l’invasion sont démasqués à Cuba-même et arrêtés. Toutes ces dispositions font que l’invasion qui débute le 17 avril 1961 est écrasée en moins de 72 heures. C’est une défaite historique pour les USA, dans leur propre arrière-cour.

La menace n’est toutefois pas écartée. Cuba ne fait pas partie du Pacte de Varsovie, ce qui signifie qu’après la crise des missiles de 1962[3] , le pays ne devra compter que sur ses propres forces en cas d’éventuelle intervention dans le futur. En quelques années, Raúl met sur pieds une toute nouvelle armée avec des troupes bien entraînées et du matériel de haute technologie. Au début des années septante, la force aérienne, les troupes de blindés et les unités de défense aérienne font partie des meilleures en Amérique Latine. Tandis que les armées soviétiques s’enlisent en Afghanistan, l’armée cubaine engrange quelques stupéfiantes victoires dans des contrées éloignées comme, par exemple, contre les armées de l’Apartheid pourtant bien plus fortes.

En plus des troupes de l’armée régulière, se développe une véritable armée populaire. Endéans les 24 heures, deux millions de Cubains peuvent ainsi être mobilisés. Les troupes d’invasion pourraient, exactement comme au Vietnam, se voir prise dans un nid de guêpes, emmenées dans des pièges, puits, mines, tunnels etc. Pour « conquérir » l’île, le Pentagone devrait envoyer des millions de soldats avec, évidemment, et payer le prix fort en termes de pertes. Ceci rend la petite île, de facto pour ainsi dire invincible. En ce sens, Cuba comme le Vietnam sont, pour les générations actuelles et futures, un exemple de réussite contre la politique agressive des USA.

Après la chute de l’Union-soviétique en 1991 et le durcissement de l’embargo, l’économie de Cuba s’effondre totalement. Les conditions de vie se dégradent fortement et la famine guette. La plupart des observateurs prédisent la fin rapide de la révolution. Ils se trompent. Pour sortir de la crise, ce sont des mesures radicales qui doivent être prises et c’est l’armée qui jouera ici le rôle de locomotive. Les troupes-même sont réduites et fondamentalement réformées. Les militaires seront les premiers qui expérimenteront les nouvelles techniques de management ainsi que des stratégies de production plus souples et plus efficientes. L’armée devient, non seulement auto-suffisante, elle va, dans le futur exercer de plus en plus d’activités économiques, entre autres dans le tourisme et l’agriculture. Les surplus de la production alimentaire sont proposés sur les marchés agricoles dans le but de faire baisser les prix.

En 1996 déjà, un tiers de ce que produit l’armée pourra être livré à l’économie civile. Cette approche sert de modèle pour le reste de l’économie et sera décisive pour arriver à survivre sans trop de dommages à cette période dite « Période Spéciale ».

Homme d’ÉtatDans ces circonstances difficiles, l’appareil d’état comme le parti communiste nécessitent un sérieux remodelage. Raúl s’attaque à cette tâche. Avec les cadres supérieurs du pays, il organise, en 1994, une série de conférences qui ont pour but de discuter de la crise et de chercher de nouvelles issues. Il exige que les leaders du gouvernement comme ceux du parti, renforcent leurs liens avec la population afin de donner la priorité à la recherche de solutions concernant les besoins vitaux des citoyens ordinaires. Un nombre conséquent de cadres dirigeants sont congédiés et remplacés, essentiellement par des personnes plus jeunes.À l’été de cette année, la crise atteint un sommet. Les conditions de vie deviennent précaires et le salaire mensuel sur le marché noir, atteint à peine les 1,5 dollar. Principalement à La Havane, la situation devient critique. Raúl est nommé à la tête d’une commission qui doit s’attaquer aux problèmes les plus aigus que connaît la capitale. La commission opère une amélioration dans l’approvisionnement en nourriture ainsi que dans les services à la population de sorte que les tensions diminuent et que l’on n’en arrive pas à des situations de bagarres autour de la nourriture et de pillage généralisé.

La crise économique laisse des séquelles profondes. Le pouvoir d’achat a sérieusement diminué et un fossé s’est creusé entre deux groupes de Cubains ; ceux qui doivent nouer les deux bouts avec un salaire en pesos et ceux qui ont de la famille à l’étranger ou qui travaillent dans un secteur ou l’on est payé en CUC, une monnaie dont la valeur est bien plus élevée que celle du peso[4] . Depuis tantôt vingt ans rien n’avait pratiquement été investi dans l’économie. Ces problèmes et challenges doivent être abordés sous l’angle du structurel, autrement dit, le modèle économique mérite un lifting.

Depuis 2003, à ce niveau également, on peut percevoir de prudents remaniements. Mais en août 2006, Fidel tombe gravement malade. Raúl devient Président suppléant jusqu’en février 2008. À ce moment, Fidel se retire et Raúl est élu comme Président. Il reprend le fil des réformes économiques et passe à la vitesse supérieure. Dans le giron du Comité Central, il crée une commission économique. Celle-ci a pour tâche de préparer une réactualisation de l’économie tout en s’attaquant aux carences du système. Tout au long de deux années, la population va être consultée de manière à faire émerger des lignes directrices (Lineamientos) qui seront par la suite, discutées et amendées durant le sixième congrès du parti qui aura lien en avril 2011. Raúl tient à ce que la réactualisation de l’économie ait lieu avant qu’il ne transmette le flambeau à la jeune génération.

Le congrès lance toute une batterie de mesures. Les plus évidentes concertent la suppression d’un demi million d’emplois dans le secteur public et le fort développement d’un système de travail à titre privé. Les mesures ne produisent pas l’effet d’un grand saut en avant mais les résultats sont loin d’être mauvais, certainement sur fond d’embargo. Depuis 2006, Cuba a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 3,6 %,en comparaison des 2,7% du reste de l’Amérique Latine.

Nonobstant ceci, le pays reste confronté à des défis économiques sérieux comme le manque de devises étrangères, un outil de production et une infrastructure dépassés, une trop faible productivité, d’importantes importations en matière de denrées alimentaires, la persistance d’une double monnaie…

Indépendamment de l’économie, le fonctionnement du parti également, exige une nécessaire révision du système. En 2012, le parti communiste tenait une première Conférence Nationale. Raúl est perspicace en ce qui concerne ses compagnons de parti et il y critique les méthodes de travail dépassées, le formalisme, le jargon archaïque du parti et la multiplication des réunions de parti qui ne sont plus en phase avec la réalité des problèmes du quotidien. Il met en garde contre une corruption largement répandue qu’il considère comme l’un des ennemis les plus importants de la révolution, plus dangereux même que la possibilité d’ingérences étrangères.

Raúl travaille très intensément à la recherche de rapprochement d’avec son ennemi juré, les USA. Ce rapprochement se fera fin 2014, avec l’établissement de relations diplomatiques ainsi qu’un échange de prisonniers. Le dégel des relations entre les deux pays conduit à la visite historique de Obama à Cuba.

Le défiLors de sa réélection à la présidence, en 2013, Raúl avait annoncé qu’il ne presterait que deux mandats et qu’il transmettrait le flambeau dès 2018. Ce moment est arrivé.

Le contexte dans lequel cette relève des générations a lieu n’est pas des plus favorables. Avec Trump à la Maison Blanche, les relations sont tendues. Il ne reste plus rien des prudentes avancées enregistrées sous Obama. En Amérique Latine, la vague gauchiste est sur le retour. De plus, le soutien économique du Venezuala a sensiblement diminué, du fait de la chute des prix du pétrole comme à cause de la crise interne que connaît le pays. À tout ceci, il convient d’ajouter le facteur climatologique. Les périodes de sécheresse et les ouragans se font de plus en plus fréquents.

Mais il existe aussi des développements positifs. Avec la Russie, la Chine et l’Union Européenne, les relations sont meilleures que jamais.

Le pays se trouve face à de grands défis. L’importance des développements sociaux et économiques ont généré de grandes attentes dans la population mais les véritables bases font encore défaut et cela crée de la frustration. Ceci est encore accentué par le tourisme. Un touriste semble, en effet, tout pouvoir s’offrir, même si il n’est pas nécessairement plus ou mieux formé. Et ceci est en étroite relation avec un autre phénomène : après l’effondrement monétaire en 1991, un salaire ne représente plus grand chose. Par conséquent, le lien entre le travail, le salaire et le pouvoir d’achat se délite. Une telle situation est évidemment très préjudiciable à la motivation au travail comme à la productivité. Cela génère également de la corruption et du mécontentement, la seule réponse à ces deux défis étant une accélération dans le processus de croissance de l’économie, ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Le contexte extérieur est, ici également, déterminant. Trump cherchera-t-il l’affrontement ou se contentera-t-il de tweeter ? Comment la situation au Venezuela et en Amérique Latine évoluera-t-elle ? Comment vont évoluer les relations économiques avec la Chine, la Russie et l’Europe ? De tout ceci dépendra également le succès du vaste nouveau port près de La Havane.

Sue le plan politique, c’est le rajeunissement de la direction du parti qui représentait le plus grand défi. Ce rajeunissement ne s’est pas fait si facilement et s’est même fait attendre. Toutefois, ces dernières années, on assiste à une vraie relève de la génération historique. Au parlement, la moyenne d’âge est de 48 ans et, au Conseil d’État[5] , ils sont plus de 60% à être nés après la révolution. Cuba une dernière fois ?

Il est plus que probable que Miguel Díaz-Canel, un ingénieur en électronique de 58 ans, devienne le nouveau président. Il fut un temps professeur à l’université de Santa Clara, sa carrière politique commençant il y a plus de trente ans dans les jeunesses communistes (UJC). Élu en 1991 au Comité Central du parti, il deviendra, en 1994, président du parti pour la province de Villa Clara et en 2003 pour la province de Holguín.

Cette année-là il est encore repris au bureau politique du PCC comme ( ??) plus jeune membre jamais. En 2009, Díaz-Canel est nommé ministre de l’enseignement supérieur. En 2012, devient vice-président du Conseil des ministres et en 2013, premier vice-président du Conseil d’État, en clair, le deuxième homme du gouvernement.

Faut-il s’attendre, sous Díaz-Canel, à de fondamentaux changements de direction ? Autrement dit faut il visiter Cuba une dernière fois avant que tout ne change ? Évidemment, nous n’avons pas de boule de cristal mais la possibilité que ceci ait lieu est vraiment faible. Le passé nous apprend que la société cubaine est caractérisée par une stabilité et une continuité surprenantes, même dans des conditions particulièrement difficiles comme dans les années nonante.

Les raisons à cela sont multiples. Avant tout, le pouvoir politique s’est montré, tout au long des derniers soixante ans, extrêmement fidèle à ses fondamentaux. Le socialisme était et reste toujours une valeur importante. Si des réformes sont nécessaires —et il est évident qu’elles le sont toujours— elles seront mises en œuvre avec prudence et sans précipitation superflue. Au-delà de cela, la prise de décision est collective et la direction prise ne dépend pas du tempérament ou des préférences politiques du numéro un. C’était déjà le cas du temps de Fidel et de Raúl et il n’en ira pas autrement aujourd’hui. Enfin, tous les changements importants sont largement présentés à la population. En l’absence d’un support suffisamment important, pas de changement. Voilà qui contribue à prévenir tout changement de direction inattendu ou imprévisible. Pas nécessaire donc de vous hâter vers Cuba avant que tout ne change, ce qui ne change rien au fait qu’il s’agit là d’une merveilleuse destination de vacances. Notes[1] ALBA est l’Alliance bolivarien pour l’Amérique Latine. Ce lien de collaboration a été fondé en 2004 afin d’offrir une alternative à l’ALCA, l’accord de libre échange commercial que les USA voulaient imposer à l’Amérique Latine. Cuba et le Venezuela en furent les premiers membres, suivis de la Bolivie, du Nicaragua, de la République Dominicaine de l’Équateur et de quelques autres pays.

En décembre 2011 est créée, à l’iniative de Hugo Chavez, le CELAC, une communauté des états d’Amérique Latine et des Caraïbes. Pour la première fois dans l’histoire est fondé un organe régional de toute la région d’Amérique Latine (y compris les Caraïbes), sans les USA et le Canada.

En 2007, sur le modèle de l’Union Européenne est constituée l’Unasur : Union des Nations d’Amérique du Sud. Indépendamment d’un parlement, est également fondée une banque, la Banco del Sur, qui doit représenter l’alternative au FMI.[2] Pour une courte biographie et plus de détail quant au rôle de Fidel Castro dans la révolution cubaine, voir www.dewereldmorgen.be/long-read/2016/11/26/fidel-castro-1926-2016-de-geschiedenis-zal-me-vrijspreken; https://www.cubanismo.be/nl/artikels/interview-met-marc-vandepitte-over-fidel-en-zijn-nalatenschap-longread.[3] Au début de 1962, la tension est palpable. En janvier, Cuba sous l’impulsion de Washington éjectée de l’Organisation des États américains. Le 3 février, Washington annonce un embargo total. Ces faits sont interprétés comme préparatoires à une attaque en règles. Fidel Castro cherche appui auprès de l’Union Soviétique pour repousser une invasion militaire et œuvre dans la direction d’un pacte militaire. Kroestjev choisit au contraire, d’installer des missiles nucléaires. Le gouvernement cubain accepte à contre-cœur, mais les USA l’apprennent. En octobre 62, le monde frôle le conflit nucléaire mondial. Finalement, Moscou retirera les missiles – sans concertation avec Cuba – et la crise sera écartée.[4] À cause de la crise économique des années nonante, la valeur de la monnaie locale s’était effondrée. Pour protéger le marché intérieur, retirer du tourisme un rendement maximal et retrouver un impact sur le flux des devises (venant de l’envoi de devises par les membres de la famille exilés à l’étranger), on introduisit, en plus du peso, une nouvelle monnaie, le CUC. Cette dernière a, à peu près la valeur du dollar. Au départ, elle était destinée essentiellement au circuit touristique. Dans l’après-coup, également de nombreux produits de luxe et autre furent vendu en CUC. Ce double système monétaire est l’expression du fossé qui émergea entre les Cubains qui disposaient de devises parce qu’ils avaient de la famille à l’étranger ou parce qu’ils travaillaient dans le secteur du tourisme, et les Cubains qui devaient arriver à nouer les deux bouts uniquement avec un salaire en pesos (estimés à quelque 30 à 40% de la population). Les autorités cubaines veulent sortir de cette situation le plus rapidement possible mais cela semble plus vite dit que fait.[5] Le Conseil d’État est l’organe exécutif le plus puissant de Cuba. On peut le considérer comme étant LE gouvernement. Ses membres sont élus par le parlement national. À la tête du Conseil d’État se trouve le Président.

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