Huitième congrès du parti : continuité et transition vers l’avenir (2e partie)

Quel programme attend les délégués du huitième congrès du parti communiste cubain ? Quels sont les enjeux ? Le Congrès doit faire le point sur les objectifs du précédent Congrès dans le domaine du développement socio-économique et du travail du parti (en particulier les liens entre le parti et le peuple et l’octroi des postes de direction, donc la politique en matière de cadres). Il s’agira aussi de renforcer et poursuivre les programmes gouvernementaux initiés.

Les défis sont tout sauf négligeables, dans un contexte de blocus renforcé, de crise mondiale et de COVID-19.

Dans la période précédant le Congrès, le Comité central* a écrit : »

Il existe des problèmes objectifs et subjectifs qui affectent le rythme d’application de la politique et des mesures prises.

La situation actuelle ne doit pas devenir une justification pour ralentir les processus. Il s’agit essentiellement de donner une impulsion à la mise à jour de notre modèle économique et social afin de respecter ce dont nous avons convenu et de supprimer les obstacles qui subsistent encore au développement des forces productives et à l’efficacité.

Il faut d’urgence augmenter la production alimentaire dans le pays en utilisant toutes les réserves internes, ce qui, comme pour le reste des secteurs de l’économie et de la société, nécessite également de la recherche, de l’innovation et du développement technologique, ainsi que la systématisation des résultats.

Dans le domaine économique, il s’agit de développer encore les liens entre les secteurs publics et les autres dans le cadre de la stratégie économique définie. L’industrie nationale devra de plus en plus répondre à la demande intérieure. C’est un point essentiel si nous voulons vaincre l’inertie et l’apathie et utiliser toutes les possibilités de manière créative. Il faut encourager la participation de tout le peuple, notamment en stimulant ses idées et ses initiatives.

Plus d’efficacité et de qualité, des économies, plus d’exportations, moins d’importations et attirer les investissements étrangers. L’entreprise publique socialiste doit jouer un rôle de premier plan. »

Mais aussi : »

La prévention et la lutte permanente contre la corruption, la criminalité, le manque de discipline sociale et d’autres manifestations négatives incompatibles avec l’essence du socialisme que nous construisons doivent être une tâche pour nous toute et tous.

Pour atteindre ces objectifs et d’autres, nous devons continuer à renforcer le fonctionnement du parti, de la base aux plus hauts niveaux, en nous basant sur l’exemple de ceux qui sont actifs dans les rangs du parti. Dans le même temps, il est essentiel de disposer de cadres qui conservent à tout moment une attitude révolutionnaire face aux problèmes, qui développent une capacité d’analyse dans la recherche de solutions, qui encouragent un dialogue franc et se caractérisent par une éthique irréprochable dans leur travail quotidien. »Économie : situation et perspectivesEntre 2016 et 2019, l’économie a connu une croissance annuelle d’un modeste 1 %, mais il faut s’attendre à une contraction de 11 % pour 2020. Le Congrès examinera les résultats des programmes et mesures économiques depuis 2011 et proposera les ajustements nécessaires. Par exemple, les 274 directives adoptées lors du septième Congrès seront adaptées et ramenées à 200. Une planification plus efficace et plus souple, le renforcement des entreprises publiques, l’amélioration et le développement des coopératives et d’autres nouveaux acteurs économiques, les économies d’énergie et le renforcement de l’informatisation et de l’automatisation sont quelques-unes des priorités.

Raoul Castro l’a formulé comme suit lors de la séance de clôture du septième Congrès : « le processus de mise à jour du modèle économique que nous avons amorcé depuis le 6e Congrès n’est pas une tâche d’un quinquennat ou deux. Le cap est déjà fixé. Nous continuerons d’avancer d’un pas ferme, sans précipitations, mais sans pauses. Nous tenons compte du fait que le rythme dépend du consensus que nous pouvons atteindre dans notre société et de notre capacité organisationnelle à effectuer les changements nécessaires, sans nous précipiter et encore moins sans improviser, car cela ne ferait que nous faire échouer. »

Fonctionnement du partiComment le parti fonctionne-t-il, quels débats mène-t-il et comment maintient-il le lien avec le peuple ? Ces trois questions essentielles sur le fonctionnement du parti ont fait l’objet de discussions approfondies au sein des organisations de base et de masse** en 2020.

Les structures du parti ont été adaptées, pour être plus souples et renforcer les niveaux provincial et municipal. Cela n’a pas été sans conséquence : une baisse du nombre de militants avait été observée lors du septième Congrès, mais cette tendance semble maintenant s’être inversée. Un tiers des nouveaux militants proviennent du mouvement de jeunesse UJC (la ligue de la jeunesse communiste), qui a lui-même fait davantage parmi les étudiants et les jeunes travailleurs.

Les documents préparatoires, dont les grandes lignes sont publiées dans le journal du parti Granma, soulignent également que les départements du parti ne répondent pas toujours bien et rapidement aux problèmes, et que la responsabilité individuelle des cadres est souvent trop peu mise en avant.

Lutte idéologiqueCompte tenu de sa signification et de son importance pour le présent et l’avenir, le Congrès accordera une attention particulière aux thèmes idéologiques, tels que le renforcement de la participation des citoyens aux questions décisives. Ces dernières années, des sondages ont été réalisés systématiquement pour connaître l’opinion de la population et adapter les mesures.

Des progrès ont certes été accomplis dans la lutte contre toutes les formes de préjugés et de discrimination fondés sur la couleur de la peau, le genre, l’orientation sexuelle et les convictions religieuses, mais le travail est loin d’être terminé.

Le Congrès abordera également la question des institutions culturelles et des associations d’artistes et d’intellectuels, ainsi que le dialogue avec celles-ci. Leur contribution à la société est importante, car certains veulent utiliser la culture pour attaquer le pays et le socialisme.

La bataille des idées, la bataille pour gagner les cœurs et les esprits du peuple, est la plus grande guerre que mène l’ennemi, et elle fait rage sur Internet et dans les médias sociaux. C’est pourquoi nous voulons nous engager dans cette guerre de communication dans tous les domaines de manière plus intelligente et plus créative et mettre en œuvre une politique d’information et de communication sociale adaptée et efficace.

Pour sensibiliser davantage les consciences, il faut s’attaquer plus vigoureusement à la corruption et aux autres illégalités. L’attitude éthique et responsable de tous et, surtout, la conduite irréprochable de chaque militant sont les clés pour résoudre les problèmes qui affaiblissent la révolution.

Enfin, le fonctionnement des organes du pouvoir populaire (les administrations) doit être encore amélioré.

Rôle des dirigeantsPour mener à bien ses tâches et obtenir des résultats, le parti a besoin de bons dirigeants (cadres). (cadres). Che Guevara appelait les cadres « la colonne vertébrale de la révolution ». Un groupe de travail présidé par le président Díaz-Canel a organisé des consultations et des discussions pendant plusieurs mois dans toutes les provinces, pour voir comment les mesures approuvées par le précédent Congrès étaient mises en œuvre.

Le principe de base reste que la formation, la sélection, la nomination, la promotion et la formation continue des cadres doivent garantir qu’ils sont politiquement solides, compétents et capables de diriger, et qu’ils se voient confier des responsabilités plus importantes, étape par étape. Les candidats doivent faire preuve de modestie, de sérieux, de loyauté et obtenir des résultats. Les dirigeants doivent vivre avec le peuple, être capables de se mobiliser, d’argumenter, de dialoguer et de trouver des solutions. Ils doivent développer leur sensibilité politique et humaine, leurs responsabilités, leurs exigences et le contrôle et, surtout, recourir au leadership collectif pour résoudre les problèmes.

Un rajeunissement de la direction a été opéré ces dernières années, mais le nombre de jeunes, de femmes ou de Noirs à occuper une position de cadre reste insuffisant.

Dans la dernière partie, nous examinerons de plus près les documents finaux du Congrès. Vous trouverez des informations sur les Congrès précédents (en espagnol) sur le site web du PCC (www.pcc.cu). *Le Comité central est l’organe qui dirige le PCC entre deux Congrès et qui élit le Bureau politique qui assure la direction journalière.**Les organisations de masse sont en gros nos associations de terrain : syndicats, mouvement des femmes, jeunesse, etc.

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