Cuba développe cinq candidats vaccins au service du monde entier

Cuba est le seul pays d’Amérique latine qui développe actuellement cinq candidats vaccins différents. Comment une île dont le nombre d’habitants équivaut à celui de la Belgique, bloquée depuis 60 ans par la plus grande puissance militaire du monde, parvient-elle à développer pas moins de cinq vaccins contre le coronavirus ?

Ici, en Europe, nous sommes dépendants d’un système basé sur le marché. Ce sont de grandes entreprises pharmaceutiques qui produisent le vaccin. Une dizaine de géants pharmaceutiques se font concurrence pour produire le vaccin qui rapportera le plus possible, pour ensuite le vendre au prix fort aux différents gouvernements. Un vaccin qui a été développé dans les universités de toute l’Europe et, par extension, du monde entier.À Cuba, ça ne se passe pas comme ça. Là aussi, bien sûr, les universités et les scientifiques sont impliqués dans le développement du vaccin. Mais la production des vaccins, elle aussi, reste entre les mains de la collectivité cubaine. Il n’y a pas de géants pharmaceutiques qui se volatilisent avec le vaccin. L’industrie pharmaceutique cubaine prend en charge elle-même la production.

Cuba : forte de la longue expérience de sa propre industrie pharmaceutique L’industrie pharmaceutique cubaine a vu le jour après la révolution, au moment où l’île a subi un blocus économique imposé par les États-Unis, en 1962. À partir de ce moment, Cuba ne pouvait plus importer de médicaments des États-Unis. Pour les Cubains, c’était une question de survie.

Le développement de sa propre industrie par Cuba s’inscrit également dans le cadre du système de santé et d’éducation. Ces domaines ont constitué la priorité absolue après la révolution. Cuba mise sur un système de soins de santé intégré soutenu par des instituts de recherche.

Cuba est aujourd’hui l’un des leaders dans la recherche sur différentes maladies. Le pays a, par exemple, réussi à mettre au point un vaccin qui ralentit le développement du cancer du poumon. Cuba produit à elle seul jusqu’à 80 % des vaccins qu’elle utilise dans son propre programme de vaccination.

Les investissements pour une industrie pharmaceutique autonome sont lourds, mais c’est ce qui permet au pays de garder le contrôle de la production et la distribution. Chose qui pose actuellement de graves problèmes à l’Europe. La capacité de production n’est pas optimales, de sorte que les vaccins promis ne peuvent pas être livrés. Les entreprises bio-pharmaceutiques cubaines emploient plus de 40 000 personnes et exportent déjà des produits dans plus de 30 pays.

Les vaccins, pierre angulaire d’une politique de santé préventiveLa vaccination s’inscrit parfaitement dans la philosophie cubaine : « Mieux vaut prévenir que guérir ». Grâce à son système de prévention bien développé, le pays réussit à éviter un grand nombre de frais médicaux onéreux. Une histoire très différente de notre système de traitements coûteux lorsque le mal est déjà fait.

Un bon exemple de cette philosophie est l’heure de la santé quotidienne à la télévision cubaine. Divers sujets y sont abordés comme une alimentation saine, mais aussi l’hygiène et la vaccination. Dans le domaine de l’éducation aussi, on accorde beaucoup d’attention à la prévention. La vaccination n’est donc pas un tabou à Cuba. Chaque habitant dispose d’une carte de vaccination et est suivi de près par les médecins dits « de famille », des médecins qui sont actifs dans un quartier donné et qui connaissent les antécédents médicaux de pratiquement tous les habitants.

Où en est Cuba dans le développement de ses vaccins contre le COVID19 ?

Cuba développe en ce moment cinq vaccins : Soberana 01, Soberana 02, Soberana 03, Abdala et Mamibas. Parmi ces cinq candidats vaccins, trois ont été développés par le Finlay Institute (du nom de l’épidémiologiste cubain Carlos Finlay, qui a découvert que la fièvre jaune est propagée par les moustiques) et deux par le CIGB, le Centre d’ingénierie génétique et de biotechnologie. Les vaccins Soberana sont administrés par une piqûre dans le bras, les autres par le nez.

Deux vaccins Soberana sont maintenant entrés en phase 3. Il s’agit de la dernière phase avant la mise sur le marché du vaccin. Cette étape vise à évaluer son efficacité : les vaccins protègent-ils et dans quelle mesure ? Au cours des deux phases précédentes, la sécurité et les effets secondaires éventuels ont été examinés.

Depuis lundi dernier, la vaccination de tous les travailleurs de la santé à Cuba a commencé dans le cadre de cette dernière phase de test. Cette phase ne se limite pas à Cuba. Soberana 02 est déjà testé sur plus de 100 000 Iraniens et, le mois prochain, 60 000 vaccins partiront au Venezuela. En effet, en raison de la faible incidence de Covid19, Cuba dispose de trop peu de sujets d’essai appropriés dans son propre pays, grâce à son approche efficace de la pandémie.

Une fois que les résultats de la phase 3 sont concluants, la production à grande échelle peut être lancée. Les Cubains espèrent que cela pourra commencer en août. Dans un premier temps, le vaccin sera administré gratuitement à l’ensemble de la population cubaine, mais les touristes pourront également se faire vacciner.

La coopération internationale et la mise à disposition du vaccin à d’autres paysEn raison du blocus, la production massive de vaccins sera certainement un défi. Les Cubains se préparent à produire au moins 100 millions de doses et à exporter massivement leurs vaccins vers les pays qui en ont besoin.

Pour Cuba, un vaccin doit être disponible dans le monde entier. Pour tous, pas seulement pour les pays riches. Or, c’est exactement le triste constat qu’il nous faut faire dans cette pandémie. Les pays riches se battent pour les vaccins, tandis que les pays du Sud doivent se contenter des miettes. Avec la répartition actuelle, neuf habitants sur dix des pays les plus pauvres n’auront pas accès au vaccin au cours de cette année. D’où l’importance du développement du vaccin cubain pour remédier à terme à cette inégalité flagrante.

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