Les plans de la CIA pour assassiner les frères Castro en 1960 sont dévoilés aujourd’hui officiellement

Alors que Raul Castro prend sa pension, à l’occasion du 60ᵉ anniversaire de l’invasion ratée de la baie des Cochons, les Archives de la sécurité nationale américaine déclassifient des rapports top secrets de la CIA datant de 1960. Il apparait que les agents de la CIA étaient disposés à payer plus de 10 000 dollars pour un « accident mortel » de l’avion dans lequel se trouvait Raul Castro. Un autre projet d’assassinat contre Fidel Castro était intégré dans les tactiques de l’invasion de la baie des Cochons.

Lors du plus ancien complot d’assassinat connu de la CIA contre des dirigeants de la révolution cubaine, des agents de haut rang de la CIA ont proposé au pilote d’un avion transportant Raul Castro de Prague à La Havane « un paiement, après réussite, de dix mille dollars » pour « risques encourus lors de l’organisation d’un accident » pendant le vol, selon des documents officiellement TOP SECRET, révélés aujourd’hui, le 16 avril, par les Archives de la sécurité nationale américaine. Le pilote, que la CIA avait précédemment recruté comme espion à Cuba, « a demandé la garantie que, dans l’éventualité de sa [propre] mort, les États-Unis veilleraient à ce que ses deux fils bénéficient d’un enseignement universitaire ». « Cette assurance lui a été donnée », a rapporté son responsable de la CIA à La Havane, William J. Murray.

D’après les messages TOP SECRET échangés entre le siège de la CIA et le poste de la CIA à La Havane, ainsi que les débriefings que Murray a fournis ultérieurement sur les « activités douteuses », le complot s’est rapidement mis en place à la suite d’un message du pilote cubain, Jose Raul Martinez. Celui-ci a signalé à Murray qu’il avait été choisi pour piloter un avion affrété de Cubana Airlines vers Prague, afin d’y récupérer Raul Castro et d’autres hauts dirigeants cubains, le 21 juillet 1960. Lorsque Murray a informé ses supérieurs au siège de Langley, comme il l’a dit plus tard à la Commission Rockefeller sur la CIA, « le siège a télégraphié en retour qu’il envisageait la possibilité d’un accident mortel, et a demandé si le pilote serait intéressé. »

Le message classé « TOP SECRET RYBAT OPERATIONAL IMMEDIATE » et signé par le directeur adjoint de la planification de la CIA, Tracy Barnes, et J.

C. King, chef de la division de l’hémisphère occidental de la CIA, a été transmis à Murray. Ce message l’informait que « l’élimination éventuelle des trois principaux dirigeants est sérieusement envisagée par le QGS » et demandait si le pilote était « suffisamment motivé pour prendre le risque d’organiser un accident sur le chemin du retour » de Prague. Pour fournir une motivation suffisante, Barnes et King ont offert 10 000 dollars, ou « une demande supérieure raisonnable », et ont promis d’organiser des moyens de sauvetage pour le pilote après que « l’accident » ait eu lieu.

Activités douteusesMurray a discuté de la proposition avec Martinez dans une voiture, tandis que le pilote se rendait à l’aéroport de La Havane pour s’envoler vers Prague. « Le soussigné est prêt à prendre des risques calculés, mais se limite aux possibilités suivantes qui pourraient passer pour un accident : A. un incendie de moteur au décollage pour retarder ou entraver le voyage. B. Vague possibilité d’un atterrissage « d’urgence » en mer à environ 3 heures de Cuba », a rapporté Murray à Langley après l’entretien. « Le sujet exclut la panne de moteur en vol en raison du risque d’incendie imminent et de l’absence de possibilité de secourir les passagers ou l’équipage…. Doute de la possibilité de causer un véritable accident sans mettre en danger la vie de toutes les personnes à bord. »

Après le départ de Martinez pour Prague, le poste de la CIA à la Havane a reçu un second télégramme, signé par Tracy Barnes, annulant le projet d’assassinat. « Ne poursuivez pas », disait-il. « Je voudrais laisser tomber. » Mais à ce moment-là, il n’était plus possible de joindre le pilote. À son retour, Martinez a rapporté à Murray qu’ « il n’avait pas eu l’occasion d’organiser un accident comme nous en avions discuté ».

Cette « conspiration de l’accident » a été décrite indirectement dans le rapport spécial de la commission sénatoriale sur les complots d’assassinat présumés contre des dirigeants étrangers, publié en 1976 après une enquête sur les actions secrètes de la CIA menée sous la direction du sénateur Frank Church. Le rapport de la commission Church décrit le plan comme « la première action contre la vie d’un dirigeant cubain parrainée par la CIA dont la commission a connaissance », mais des détails importants ont été dissimulés – ou peut-être démentis – comme le fait que l’assassin prévu était un pilote et qu’un avion civil serait impliqué dans « l’accident ». La commission n’a pas non plus publié un seul des documents sur lesquels sa description était basée.

Les documents TOP SECRET ont été divulgués ultérieurement, dans le cadre de la loi sur les archives de l’assassinat de JFK (JFK Assasination Records Act) et obtenus par John Prados, analyste principal aux Archives de la sécurité nationale, pour la collection numérique des archives : « CIA Covert Operations II : The Year of Intelligence, 1975 ».

Le complot d’assassinat de la baie des CochonsL’opération de la baie des Cochons prévoyait également un complot élaboré de la CIA, visant à assassiner Fidel Castro, quelques semaines seulement après la tentative d’assassinat de son frère. En août 1960, le directeur des opérations secrètes de la CIA, Richard Bissell, autorise ce qui est décrit dans un mémo SECRET EYES ONLY de la CIA comme « une mission délicate nécessitant une action de type gangster ». La mission « était la liquidation de Fidel Castro. » En tant que haut fonctionnaire de la CIA chargé de l’opération de la baie des Cochons, Bissell avait l’intention de faire assassiner Castro et d’augmenter les chances de succès du programme contre-révolutionnaire de la CIA, visant à renverser le régime castriste. La cible de la mission était Fidel.

Dans un entretien filmé que Kornbluh a eu avec Jacob Esterline, responsable de la CIA pour l’invasion paramilitaire, Esterline a déclaré qu’on lui avait demandé de retirer plus de 150 000 dollars de son budget pour des raisons non précisées, mais qu’il avait refusé de le faire jusqu’à ce qu’il soit informé par le chef de la sécurité de Bissel, Sheffield Edwards. Après avoir appris que les fonds étaient destinés à payer la mafia pour organiser l’assassinat de Castro – à l’aide de pilules empoisonnées fabriquées par la Division des Services techniques de l’agence – Esterline a protesté auprès du chef de la division de l’hémisphère occidental, J.

C. King : « J’ai dit : « 

J.

C., vous rendez-vous compte qu’à cause de ceci, les gens prendront toute cette affaire moins au sérieux, si d’aucuns pensent qu’on peut facilement s’en sortir en assassinant Castro ? » »« J’ai pensé qu’il était absolument amoral de nous impliquer dans ce genre de choses, a déclaré Esterline à Kornbluh. Tout d’abord, j’ai eu du mal à saisir ce qui se passait. Mais dans un second temps, je me suis dit que ce serait aussi des plus autodestructeurs pour l’opération, qui dans le meilleur des cas, s’avérerait [difficile]. » (Peter Kornbluh, Bay of Pigs Declassified, p. 264, 265)Les Archives publient ces documents maintenant que l’ère Castro à Cuba touche officiellement à sa fin. Alors que le parti communiste cubain convoque son 8ᵉ congrès à l’occasion du 60ᵉ anniversaire de l’invasion de la baie des Cochons, Raul Castro se retire de sa puissante position de chef du parti. Voici les documents déclassés :CIA, Memorandum, “Questionable Activities,” Top Secret, January 17, 1975CIA, CABLE, [Instructions to Arrange Accident on Plane Carrying Raul Castro], Top Secret, July 21, 1960CIA, Cable, [Response to Proposal to Arrange Accident on Flight], Secret, July 22, 1960CIA, Cable, [Rescinding Assassination Plot Instructions], July 21, 1960Rockefeller Commission, Memorandum of Conversation, “Interview with Mr. Murray (Under Cover),” June 11, 1975CIA, Memorandum, “Maheu, Robert A.,” Secret Eyes Only, June 24, 1966NATIONAL SECURITY ARCHIVE

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