Díaz-Canel sur le socialisme, les doubles standards et la pénurie de papier

Le président Díaz-Canel n’est pas un homme de simples mots. Dans la meilleure tradition de Fidel, Raoul et d’autres leaders révolutionnaires cubains, on le trouve souvent sur le terrain : lors de visites de quartiers et d’usines, de réunions du parti dans les provinces etc. Lors des troubles du 11 juillet, il s’est rendu très vite dans les quartiers où les manifestations avaient commencé, pour discuter avec la population. Cela montre sa confiance dans le peuple et encourage les autres membres du parti à écouter les gens et à engager le dialogue avec eux.

Lors des réunions du parti et du Parlement en décembre dernier, il a pris plusieurs fois la parole, voici quelques-uns de ses propos.

Le socialisme sans manuel« Le socialisme est, à ce jour, la seule voie d’un développement socialement juste », a-t-il déclaré, « un défi indéniable à l’intelligence, à la volonté et à la vocation de solidarité des hommes et des femmes qui ont conscience de tracer la voie en avançant pas à pas. » Il n’y a pas de manuel ni de recettes toutes faites.« D’autres ont déjà été confrontés à ce défi et nous ont laissé des enseignements positifs ou négatifs que nous ne pouvons ignorer »,a-t-il ajouté, précisant que ceux-ci ne peuvent être dissociés de l’expérience concrète de chacun, de son histoire, de ses traditions, de son identité et, bien sûr, du caractère et de la proximité d’un adversaire puissant.« Les générations actuelles de révolutionnaires font leurs preuves dans la lutte. L’histoire de Cuba est semée d’épisodes insurmontables de résistance, mais aucun d’entre nous, de par les responsabilités actuelles, n’avait vécu des années aussi marquées par des défis et des menaces. Les surmonter est un exploit. (…) ».

Le « fantôme redouté » du communisme plane de nouveau sur le monde avec le virage à droite croissant de la politique européenne. Les excès promus par le néolibéralisme ne peuvent plus durer, mais les groupes économiques privilégiés refusent de corriger les inégalités profondes que le marché libre accentue impitoyablement et ils utilisent tout leur pouvoir économique et médiatique pour éloigner les alternatives.

Toute personne qui remet en question le statu quo est attaquée afin d’empêcher par tous les moyens le socialisme de prouver son potentiel, sa viabilité. Et Cuba, avec ses jeunes, est au premier rang de l’avant-garde révolutionnaire, déterminée à démontrer qu’un modèle de société différent est réellement possible, dans lequel l’homme n’est pas un prédateur, mais un élément de concorde, d’équilibre et de durabilité.

Diaz-Canel : « Il est vrai que nous avons parfois commis des erreurs, que nous sommes trop prudents pour mettre en œuvre des changements pourtant urgents. Mais qui voudra nous juger doit avant tout analyser ce que Cuba est capable de faire alors qu’elle est assiégée et ravagée par la plus grande puissance de l’histoire ».

DémocratieIl est revenu en détail sur les troubles du 11 juillet, notant que ceux qui répandent des mensonges à ce sujet se voient offrir une visibilité et de l’argent.

Le récent 20e Sommet de l’ALBA-TCP a dénoncé la politique de deux poids, deux mesures de ceux qui accusent les gouvernements de gauche d’emprisonner les personnes qui violent nos lois, mais ne disent rien au sujet de celles arrêtées et condamnées pour l’attaque du Capitole des États-Unis au début de l’année. Ce sont les mêmes personnes qui lancent des diatribes incessantes contre Cuba au nom de soi-disant violations des droits humains et qui exigent l’extradition de Julian Assange afin de le condamner à perpétuité pour avoir exercé son droit d’accès à l’information.

Cuba est un État souverain, responsable de la défense de sa sécurité et de sa souveraineté. Elle ne doit rendre de comptes à personne d’autre qu’à son peuple.

Des dictatures fabriquées par les États-UnisEn plus d’expliquer les principes de l’État de droit cubain, il a également répondu à la critique selon laquelle Cuba est une dictature.« Cette étrange dictature, dont les supposés ‘ disparus ‘ ou ‘ persécutés ‘ réapparaissent souvent se baladant dans les villes d’Europe ou d’Amérique du Nord, a un itinéraire sans tache quant au traitement de sa population carcérale, et une norme morale très élevée pour ne pas accepter les accusations de la part des plus grands violateurs des droits humains dans le monde, à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays, que ce soit au Vietnam ou en Irak, ou sur le territoire illégalement occupé par la base navale de Guantanamo.

Nous n’acceptons pas non plus les étiquettes ou les labels. Les dictatures sont toutes celles qui ont été favorisées et soutenues par les gouvernements américains successifs dans le monde, mais surtout dans notre Amérique : Trujillo (Rép. Dom.), Batista (Cuba), Duvalier (Haïti), Somoza (Nicaragua), Pinochet (Chili), Stroessner( Paraguay), Videla (Argentine), Bordaberry (Uruguay), Castelo Branco (Brésil) et ainsi de suite, d’aussi triste réputation que les escadrons de la mort ou l’École des Amériques, les électrochocs, les vols de la mort, les enlèvements d’enfants et les disparus qui se comptent par milliers ».

Il a aussi souligné le contraste avec les systèmes multipartites : « Le fait d’avoir un seul parti ne fait pas de nous une dictature, mais nous libère des querelles politiques et de la corruption qui font tant de mal aux petites nations pauvres, où l’accès aux fonctions est infiltré par les engagements envers les élites commerciales, qui financent les campagnes politiques par le biais d’organisations qui leur permettent de masquer le chemin de leurs transactions. En tout état de cause, le cirque qu’est devenue la scène politique dans ces pays est basé sur des attaques contre l’opposant, quel qu’il soit, et occulte toute essence.

Leurs agendas ne poursuivent que des objectifs électoraux, qui sont rarement respectés, car ils découlent d’estimations qui, certes, reconnaissent le problème mais ne cherchent pas à le changer. Car le changement implique souvent de rompre avec la logique du capital et les règles imposées par les grandes entreprises qui contrôlent l’action politique et les possibilités d’évolution sociale dans ces pays.

C’est notre vision, mais nous ne remettons pas en cause ce que les autres font de manière souveraine. L’expérience politique accumulée est celle d’un parti qui est né de l’unité de toutes les forces patriotiques et non de la fracture et de la lutte pour le pouvoir. Nous avons un seul parti, mais avec un programme clair et proactif de ce que souhaite la majorité de son peuple, qui est consulté sur les grandes décisions politiques, économiques et sociales. Plus qu’un parti, nous sommes une « union », en raison de la cohérence de nos buts et objectifs.

Les États-Unis, avec leurs deux principaux partis, qui prétendent s’opposer l’un à l’autre, tout en maintenant le même système avec les mêmes politiques de coercition et de pression sur leurs adversaires, comme le blocus de Cuba, sont la meilleure expression de l’énorme mensonge que cache le multipartisme en tant que condition pour accréditer la démocratie. (…) ».

Fonctionnement du parti, pénurie de papier et cadres :« La participation est la clé, comme nous l’avons déjà dit. Et la participation est réelle et efficace lorsqu’elle est exercée sur la base de l’initiative, de l’imagination et du désir de l’être humain de voir ses idées mises en pratique.

Il n’y a pas suffisamment de papier pour les longs rapports, ni de temps pour des réunions qui nous privent d’heures essentielles pour les contacts personnels avec notre base, nos amis et notre famille. Les cadres ne peuvent pas être stressés par des tâches excessives qui ne leur permettent d’en accomplir aucune de manière efficace, ou se déconnecter de la vie qui passe pendant que nous sommes réunis pour essayer de faire en sorte que tout aille mieux.

Les cadres sont des êtres humains dont la mission est plus efficace si elle alterne avec des activités communes. Cette matière n’est enseignée dans aucune école politique, mais elle nous connecte de manière plus directe avec notre société. »

Contexte internationalDíaz-Canel note que, malheureusement, la pandémie n’a pas donné lieu à une un monde plus solidaire, plus compatissant, plus humble et plus sobre. Les menaces pour la paix et la sécurité internationales et pour l’environnement écologique, dont dépend la vie sur la planète, restent aussi présentes qu’avant la pandémie, sinon plus.

L’égoïsme, la concentration des richesses, l’augmentation des inégalités et du pouvoir politique croissant du grand capital transnational sur les gouvernements de nombreux pays sont des caractéristiques visibles et de plus en plus dangereuses.

Les élections au Pérou, au Nicaragua, au Venezuela, au Honduras, au Chili et dans les pays frères des Caraïbes ont abouti à une corrélation plus favorable des forces pour la défense de la souveraineté, de la justice sociale et de l’intégration régionale.

Remerciements au mouvement de solidarité internationale« Nous sommes profondément reconnaissants pour la campagne internationale menée par des Cubains vivant à l’étranger et des amis solidaires du monde entier, notamment des États-Unis, en vue de défendre Cuba, contre le blocus et les autres mesures qui entravent le développement du pays et en faveur du lien naturel qui doit exister entre nos compatriotes à l’étranger et leurs familles et proches à Cuba. »

En guise de conclusion : « L’année 2021 a été une grande école de ce que nous ne pouvons plus ni ne devons plus continuer à faire, et de ce que nous pouvons et devons faire. Je vous invite à réfléchir et à agir, à être à la hauteur de notre peuple et de ses leaders historiques, à travailler avec la plus grande efficacité, intensément, mais sans stress. Avec l’intelligence de nos scientifiques, avec le dévouement de notre personnel de santé, avec le courage et la discipline de nos institutions armées, avec l’optimisme et la foi de nos champions sportifs, avec l’audace et la créativité de nos jeunes, avec la passion émouvante de nos artistes !

Dans cette Cuba, même l’impossible sera toujours possible !

Pour l’année qui s’achève et pour celle dont nous nous apprêtons à faire une réussite : bravo Cuba ! Patria o Muerte ! ».

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