Comment le gouvernement cubain s’occupe-t-il de la vie quotidienne de la population ? Venez vous assoir à la table lors de la réunion des ministres.
Le 27 octobre dernier, le Conseil des ministres s’est réuni et relié par vidéoconférence depuis le Palais de la Révolution aux 15 provinces. A l’ordre du jour figuraient la lutte contre les illégalités, la performance de l’économie, le décret-loi sur la médiation des conflits, la sécurité routière, la création du Système national des chercheurs et des technologues, les travaux réalisés pour l’informatisation et la numérisation de la société cubaine, une mise à jour des projets contenus dans le portefeuille d’opportunités des investissements étrangers, l’affectation des diplômés, le nouveau Plan d’aménagement du territoire de Camagüey, ainsi qu’à la mise à jour du Plan hydraulique national.
Lutte contre les illégalitésLe Président Miguel Diaz-Canel a appelé à « lutter contre les personnes qui travaillent dans l’illégalité, les voyous, les lumpen, les paresseux et les corrompus, ceci en faveur de notre peuple et pour la tranquillité et le développement honnête de notre société ».
Après que le Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a présenté un document complet contenant des directives générales visant à prévenir et à combattre la criminalité, la corruption, les illégalités et l’indiscipline sociale, le chef de l’État a affirmé que « ni le Parti ni le gouvernement ne peut rester en marge des problèmes qui se posent dans la société. Par conséquent, nous ne pouvons pas rester contemplatifs, nous ne pouvons pas rester sans rien faire face à des scénarios extrêmement complexes ».
Dans une analyse « sans complaisance » des illégalités, des vols et des prix abusifs qui sont imposés à la population sans aucune base économique, Diaz-Canel a souligné : « ce que nous ne pouvons pas permettre, c’est que ceux qui ne travaillent pas, ne contribuent pas et sont dans l’illégalité, gagnent plus et aient plus de possibilités de vivre que ceux qui contribuent réellement. Là, c’est le monde à l’envers, nous brisons les concepts du socialisme.
Nous, cadres, révolutionnaires et militants, devons bien sûr être des exemples, et nos institutions doivent également être des exemples dans leur fonctionnement. « Beaucoup de ces choses se produisent parce que nous n’avons pas agi dans le cadre des pouvoirs et des responsabilités de nos institutions », a souligné le président.
Il est prouvé que de nombreux délits, illégalités et manifestations de corruption existent parce qu’il y a des situations qui les favorisent, « ils se produisent sous les yeux des cellules du Parti, des institutions administratives et des conseils de direction, qui n’ont pas toujours eu le contrôle de la gestion et des ressources pour éviter toutes ces anomalies ».
Nous devons renverser cette situation, a-t-il souligné, nous ne pouvons pas laisser le problème continuer à s’accumuler au niveau social, et pour cela les cellules, les militants, les institutions gouvernementales, les organes administratifs, les organisations de masse et les organes du Pouvoir populaire doivent assurer un rôle de premier plan. Personne n’a un système politique comme le nôtre qui pourrait faire face de manière cohérente à ces manifestations, a déclaré le chef de l’État.« Qui la tolérance de l’illégalité favorise-t-elle ? Favorise-t-elle le peuple ? Ceux qui vendent illégalement avec des prix abusifs favorisent-ils le peuple, ou ce qu’ils provoquent, n’est-ce pas plus d’irritation chez le peuple ? Y a-t-il plus d’abondance parce que nous permettons cela ?
Avec l’ordre, nous favorisons le peuple, avec l’ordre, nous défendons davantage la Révolution, avec l’ordre, nous recherchons la stabilité, a déclaré Diaz-Canel. « Nous ne voulons pas qu’il y ait moins, au contraire, nous voulons de l’ordre pour que tout soit distribué de manière plus efficace et, surtout, légalement, sans laisser place à la filouterie et aux abus.
Le leader cubain a parlé de dysfonctionnements dans les provinces, où aucune mesure n’est prise contre les mauvaises pratiques. Un décret présidentiel, y compris les seules directives présentées aujourd’hui, ne résoudront pas les problèmes, si nous n’agissons pas de manière cohérente dans les municipalités, dans nos quartiers, qui sont les lieux où se produisent les illégalités.
Peu de gens peuvent se permettre de payer le prix de ce qui est vendu de manière illégale. Aussi, que se passe-t-il ? La vente est aux mains d’un groupe de personnes, souvent sans lien avec l’emploi, et qui peut payer ? Des personnes qui ne travaillent pas non plus et qui font la même chose.
Une caste s’est créée au sein de laquelle se déroule un échange mercantile illégal et corrompu, avec une économie souterraine et illégale. C’est cela le socialisme, c’est cela que nous voulons ? C’est cela qui génère le développement ? Non, pas du tout. Notre concept doit être la croissance économique avec le développement social, a-t-il dit.
Le président a donné l’exemple de l’opération réalisée sous le pont entre les rues 100 et Boyeros, dans la capitale du pays, où de nombreuses personnes impliquées ne travaillaient pas, la plupart étant des jeunes. La Révolution, a-t-il déclaré, n’a pas été faite pour cela, car elle a donné toutes les chances aux jeunes d’étudier et d’avoir un travail.
Diaz-Canel a abordé plusieurs problèmes pour lesquels il faut également faire preuve de plus de rigueur, comme la perception des impôts. « Ceux qui gagnent plus doivent contribuer davantage pour ceux qui ont moins : c’est cela le socialisme. Ici, nous ne prélevons pas les impôts pour que les plus riches soient plus riches et que les plus pauvres aient moins, ici, nous prélevons les impôts pour que ceux qui ont plus cèdent une partie et que ceux qui ont moins vivent mieux. » Ce principe essentiel, nous ne le défendons pas correctement, a-t-il dit.
Il a également fait référence à l’attention portée aux personnes en situation de vulnérabilité, et de bien définir celles qui se trouvent dans cette condition. Une personne qui peut travailler et qui ne travaille pas n’est pas vulnérable. La première aide ne peut pas être l’assistanat, nous devons lui fournir un emploi pour qu’elle puisse améliorer ses conditions de vie. Ces choses, a-t-il dit, nous devons les changer dès maintenant.« La construction du socialisme ne se fait pas à travers l’assistanat, ce que nous devons rechercher, c’est la transformation sociale », a-t-il ajouté dans son analyse.
Nous devons résoudre progressivement tous ces éléments, avec conviction, explication, argumentation, avec une politique appropriée, que nous devons améliorer, car sinon la société se désordonne et nous n’avançons pas autant que nous en avons besoin.
Ce que nous proposons aujourd’hui, a-t-il dit, doit devenir un système de travail. Nous allons travailler de manière systémique. « Le peuple exige la systématicité, l’exhaustivité et que nous allions jusqu’au bout. Et nous devons nous tenir à cela », a souligné le président.
Plan de lutte contre le délit, la corruption, les illégalités et l’indiscipline socialeLe membre du Bureau politique et Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a présenté un plan complet et détaillé, qui contient plus de 40 directives générales destinées à une plus grande lutte contre le délit, la corruption, les illégalités et l’indiscipline sociale.
Selon Marrero Cruz, il s’agit, entre autres, d’un système de contrôle des nouveaux acteurs économiques, la conception d’une étude sur les personnes ayant une conduite ou un comportementmarginal, et la caractérisation de la population apte au travail et désengagée de l’étude et du travail, ainsi que la mise en œuvre, à partir de la prochaine année scolaire, d’options pour l’insertion différenciée aux différents niveaux éducatifs des adolescents et des jeunes en situation de plus grande vulnérabilité économique et sociale.
Le document approuvé vise également à renforcer les actions de contrôle pour réduire les vols de toutes sortes. Parmi ses points, a souligné le Premier ministre, figure la reddition de comptes des cadres, dirigeants, fonctionnaires et employés devant les collectifs de travail sur l’utilisation des ressources.
Il a parlé de hiérarchiser et de systématiser, à partir du niveau municipal, la lutte contre les comportements illégaux dans la commercialisation des produits et des services, et les prix irrationnels et abusifs. Il s’agit de faire face aux violations des prix avec toute la rigueur nécessaire, a souligné Marrero Cruz.
Le plan comprend des aspects fondamentaux tels que l’attention portée aux plaintes, aux demandes et aux propositions de la population, le renforcement du corps d’inspection, une efficacité accrue dans l’imposition des amendes, ainsi que dans la gestion du recouvrement, la lutte déterminée contre les illégalités dans l’embauche de la main-d’œuvre et la légalité des produits offerts à la vente, ainsi que le contrôle plus rigoureux du fonctionnement des zones, des aires ou des espaces publics de commercialisation, afin de garantir que tous ceux qui vendent respectent ce qui est établi.
Le Premier ministre a précisé que ces mesures seront assorties d’un système de contrôle permanent et seront vérifiées, par exemple, lors des visites gouvernementales dans les provinces, et il a ajouté que tous les niveaux devront rendre des comptes sur leur respect de ces mesures.
Chaque territoire, municipalité, province, organe de l’administration centrale de l’État et entreprise doit élaborer son propre plan pour faire face au problème, avec des mesures concrètes en fonction de son activité, a-t-il déclaré.
Performance de l’économieComme il est de coutume lors de ces séances de travail, le vice-Premier ministre Alejandro Gil Fernandez a présenté quelques indicateurs de la performance de l’économie cubaine au terme du mois de septembre, période durant laquelle les exportations de marchandises ont augmenté de 108 %, notamment les exportations de produits importants tels que le miel, le tabac mécanisé, le rhum, la langouste et le nickel.
Concernant le tourisme, il a indiqué que 1 074 795 visiteurs sont arrivés dans le pays, et on estime que l’année se terminera avec 1 710 000 touristes, « un chiffre inférieur aux 2,5 millions que nous avions prévus dans le Plan d’économie ».
Décret-loi sur la médiation de conflitsLe Conseil des ministres a approuvé le projet de décret-loi sur la médiation des conflits. Ce décret a été soumis à des spécialistes et sera présenté au Conseil de l’État. Selon le ministre de la Justice, Oscar Silvera Martinez, le décret « place la société cubaine à un niveau supérieur de civilité dans le traitement de ses conflits, grâce à la composante éducative et à la culture de paix ».
Le Décret-loi définit la médiation comme une méthode volontaire, confidentielle et flexible de gestion et de résolution des conflits. Il identifie parmi ses principes le volontariat, l’équité, la légalité, la bonne foi, l’intervention minimale, l’honnêteté et l’impartialité.
Sécurité routièreLes ministres se penchaient aussi sur la sécurité routière. Au cours du premier semestre de l’année, il y a eu une augmentation des accidents de la circulation, ainsi que du nombre de personnes tuées et blessées à la suite de ces accidents.
Le ministre des transports, Eduardo Rodriguez Davila, a expliqué que l’incidence la plus élevée est due aux collisions de véhicules, avec plus de 2 500 accidents, et aux piétons écrasés, avec environ 500 accidents. Les municipalités qui enregistrent le plus d’accidents sont Plaza de la Revolucion et Playa (à La Havane), Holguin et Santiago de Cuba.
Rodriguez Davila précise que les principales causes sont le manque d’attention au contrôle du véhicule, le non-respect de la priorité, les excès de vitesse, les défaillances techniques et l’ingestion de boissons alcoolisées.
Plus de 400 000 amendes ont été infligées.
Le ministre a évoqué les projections de travail visant à réduire les accidents à Cuba, notamment l’amélioration de la signalisation des routes, la mise en œuvre de mesures visant à réduire à zéro la présence d’animaux en liberté ou en pâture sur les routes, la réalisation d’inspections routières sur les tronçons et les points de concentration des accidents, afin de résoudre les facteurs, les causes et les conditions qui ont une incidence sur le taux d’accidents et l’augmentation des actions de remplissage des nids de poule et d’amélioration des routes.
Système national des chercheurs et des technologuesLe chemin de la science étant le chemin de Cuba, le Conseil des ministres a également approuvé les bases et le parcours de la création du Système national des chercheurs et des technologues de la République de Cuba. La ministre des Sciences, de la Technologie et de l’Environnement, Elba Rosa Pérez Montoya, a souligné que « ce système peut constituer un autre mécanisme visant à promouvoir le développement de notre capital humain et accroître ses compétences ».
Elle a évoqué les impacts attendus, tels que « organiser le potentiel humain aux plus grandes performances, promouvoir le lien entre la science et l’économie, augmenter le nombre de chercheurs, de technologues et de médecins, donner la priorité à la stimulation des professionnels avec des résultats ayant un impact, à partir d’incitations morales, professionnelles et matérielles, mieux orienter les fonds et ouvrir des possibilités pour une exécution plus effective des projets ».
Des citoyens cubains et étrangers résidant de manière permanente dans le pays, notamment les chercheurs, les technologues, les biotechnologues, les spécialistes des processus de haute technologie, les enseignants, les médecins et autres spécialistes de toutes les branches de l’économie, des services, de la culture, du sport et d’autres secteurs de la société peuvent adhérer au système.
Informatisation et numérisationLa ministre des Communicatons, Mayra Arevich Marín, présentait un rapport détaillé des travaux réalisés pour l’informatisation et la numérisation de la société cubaine. Ce rapport, accompagné de l’avis du Conseil des ministres, a été approuvé pour être présenté à la prochaine session de l’Assemblée nationale.
Investissements étrangersUne mise à jour des projets contenus dans le portefeuille d’opportunités des investissements étrangers a également été approuvée, lequel sera présenté à la prochaine Foire internationale de La Havane.
Selon la Première vice-ministre du Commerce extérieur et des Investissements, Ana Teresita Gonzalez Fraga, le portefeuille compte 699 projets – 21 de plus que le précédent – pour un montant d’investissement de plus de 33, 5 milliards de dollars.
Les différents projets sont répartis entre production alimentaire, tourisme, pétrole, mines, transports, construction, agro-industrie sucrière, sources d’énergie renouvelables, produits pharmaceutiques et biotechnologie, services professionnels et banques et finances.
Affectation des diplômésLa proposition présentée par la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Marta Elena Feito Cabrera, a été également approuvée. Il s’agit de l’affectation des diplômés de l’Enseignement supérieur et des techniciens intermédiaires qui terminent leurs études en décembre 2023 dans des organisations et des entités. Quelque 62 682 étudiants devraient obtenir leur diplôme et avoir un emploi sûr.
Aménagement du territoire et plan hydrauliqueLes membres du Conseil des ministres ont également donné leur feu vert au nouveau Plan d’aménagement du territoire de Camagüey, ainsi qu’à la mise à jour du Plan hydraulique national, qui couvre la période 2022-2030, et dans lequel, sur la base d’importants investissements, l’impact devrait être favorable du fait de l’augmentation de la disponibilité de l’eau pour la population, l’agriculture et le reste de l’économie. Source : Granma, 28 octobre 2022 (Leticia Martínez Hernández et Yaima Puig Meneses)