Twitter : censure concernant Cuba, contre paiement ?

Des dossiers révèlent que le FBI orchestre un vaste programme de surveillance et de censure des médias sociaux, impliquant des agences de l’ensemble du gouvernement fédéral étasunien, du département d’État au Pentagone en passant par la CIA.

Dans les #TwitterFiles, des documents qui ont fuité vers des journalistes, on découvre que les agences de renseignement des États-Unis, le Pentagone et le Département d’État du pays ont coordonné des mesures de guerre psychologique avec Twitter. Le FBI a payé l’entreprise pour qu’elle accède à ses demandes.

C’est Bruno Rodríguez Parrilla, ministre des Affaires étrangères de Cuba, qui a publié ces informations sur le réseau social en question. Il relayait ainsi les révélations du rédacteur en chef de Substack, Matt Taibbi, selon lequel « dans les longues listes de comptes que Twitter a été invité à censurer, on retrouve des utilisateurs cubains ‘à modérer, voire à suspendre’ ». Taibbi affirme également que « le gouvernement des États-Unis était en contact permanent non seulement avec Twitter, mais avec pratiquement toutes les grandes entreprises technologiques, notamment Facebook, Microsoft, Verizon, Reddit, voire Pinterest et bien d’autres », écrit le diplomate cubain.

Bruno Rodríguez Parrilla a réitéré la dénonciation qu’il avait faite à l’Assemblée générale de l’ONU lors de la présentation de la résolution contre le blocus : « Le 24 octobre dernier, les transnationales étasuniennes Twitter et Meta (Facebook), dont l’un des principaux cadres a été le chef de campagne d’un sénateur républicain viscéralement opposé à Cuba, ont mené simultanément une série de censure contre des médias publics et des usagers cubains : elles ont étiqueté des publications afin de réduire leur portée sur les réseaux et ont éliminé des comptes critiquant les opérations de déstabilisation orchestrées contre notre pays. Il s’est agi d’une action sélective, coordonnée, qui viole le droit à la libre expression des Cubains et qui traduit parfaitement à quel point ces sociétés sont subordonnées au libre arbitre des politiciens étasuniens ».Évoquant les tentacules de la politique de Washington et leur portée, le journaliste et auteur étasunien Matt Taibbi a révélé que les agences de renseignement des États-Unis avaient exigé de la plateforme qu’elle censure les comptes-rendus de politique étrangère allant à l’encontre du récit approuvé par Washington, rapporte Russia Today.« Les dossiers révèlent que le FBI orchestre un vaste programme de surveillance et de censure des médias sociaux, impliquant des agences de l’ensemble du gouvernement fédéral, du département d’État au Pentagone en passant par la CIA », indique le journaliste sur son fil Twitter, ajoutant que « il y a eu tant de contacts avec tant d’agences que les dirigeants en ont perdu le fil ».

Selon l’auteur, les agences fédérales « ont submergé Twitter de requêtes, envoyant des listes de centaines de comptes problématiques », notamment à l’approche de l’élection présidentielle de 2020. « Les requêtes gouvernementales ont été tellement nombreuses que les employés de Twitter ont dû improviser un système pour les classer par ordre de priorité », a-t-il précisé.

M. Taibbi a rapporté que le bureau du FBI à New York avait même demandé les « noms et identifiants » d’une liste de comptes cités dans un article du Daily Beast, et que des cadres supérieurs avaient affirmé « se sentir tout à fait à l’aise » de le faire. Ainsi, le FBI invoquait presque toujours une « possible violation des conditions de service » dans ses demandes, selon l’auteur.

Les demandes de renforcement de la modération ont été justifiées par des motifs d’« ingérence étrangère », a expliqué Taibbi, ajoutant que les hauts responsables du réseau social étaient « constamment pressés de valider les théories relatives à l’influence étrangère », mais souvent incapables de trouver des preuves de violations. À cet égard, l’auteur cite un mail d’un analyste qui écrit n’avoir « trouvé aucun lien avec la Russie » dans les comptes envoyés par les services de renseignement, mais proposer de « réfléchir » pour « essayer de trouver une relation ». Source : Granma, 27-12-2022

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