Un fonctionnaire du gouvernement Biden a déclaré aux médias sous couvert de l’anonymat que, selon Washington, la Chine dispose depuis quatre ans d’une base d’espionnage à Cuba, qui va maintenant être renforcée. L’histoire se répète-t-elle aujourd’hui, non pas comme une farce, mais comme une tragédie ?
Jeudi dernier, le Wall Street Journal avait rapporté que les deux pays socialistes seraient parvenus à un accord de principe pour construire sur l’île une base d’espionnage avec station d’écoute électronique. En contrepartie, la Chine allait investir des milliards de dollars à Cuba. Exact ou inexactDans une première réponse, la Maison Blanche avait qualifié l’article du WSJ d’ »inexact ». Le brigadier général Patrick Ryder, porte-parole du ministère étasunien de la défense nationale, avait déclaré aux médias : «
Nous n’avons aucun renseignement sur un nouveau type de station d’espionnage chinoise à Cuba ». Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a ajouté que l’espionnage chinois à partir de Cuba n’était pas un fait nouveau, sans apporter de preuves à l’appui de cette affirmation. Une fois de plus, des républicains comme Marco Rubio critiquent le gouvernement Biden pour la « tiédeur de sa défense contre la menace chinoise ». Mais voilà qu’une source anonyme proche de M. Biden apporte comme une confirmation. Rejet par Cuba et la ChineLe vice-ministre cubain des affaires étrangères, Carlos Fernandez de Cossio, a déclaré que son pays rejetait toute présence militaire étrangère en Amérique latine et dans les Caraïbes. Il a qualifié l’article du WSJ de « totalement faux et sans fondement » et l’a qualifié d’invention étasunienne destinée à justifier l’embargo économique imposé depuis des décennies par Washington à l’encontre de l’île. De Cossio a ensuite répondu aux dernières déclarations, celles du fonctionnaire anonyme. Sur Twitter, il a révélé : « Les spéculations calomnieuses se poursuivent, manifestement encouragées par certains médias dans le but de causer des dommages et des troubles. Il n’y a aucune communication à ce sujet, ni aucune trace de données ou de preuves à l’appui de cette rumeur. » Le 9 juin, Wang Wenbin, porte-parole des affaires étrangères de Chine, avait notamment déclaré lors d’une conférence de presse régulière : « Il est de notoriété publique que les États-Unis sont experts dans la chasse aux fantômes et l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays. Les États-Unis sont les champions du monde du piratage informatique et les superpuissances de la surveillance. » Influence de la politique intérieure sur la politique extérieure ?
En Chine, les observateurs notent que les démocrates soutiennent désormais davantage le rapport des médias sur la station d’espionnage. On a l’impression qu’à l’instar de l’incident du ballon, il y a une surenchère entre les démocrates et les républicains pour savoir qui adoptera une position plus dure et plus futée à l’égard de la Chine. Il est prévu qu’Antony Blinken se rende en Chine le 18 juin. Toutefois, ce projet n’a pas encore été officiellement confirmé. À Beijing, on s’interroge : ‘Sommes-nous de nouveau devant un report de l’amélioration des relations, comme lors de l’incident du ballon?’ Dire une chose et en faire une autre s’inscrirait bien dans la tactique favorite du gouvernement Biden, l’ambiguïté délibérée. Indignation légitimeLes affirmations et le comportement de la Maison Blanche sur cette question suscitent l’indignation tant à Cuba qu’en Chine. Cela ne devrait surprendre personne. Les États-Unis occupent illégalement Guantanamo, qui fait partie du territoire cubain, pour y mener leurs propres activités d’espionnage et y torturer des terroristes présumés. Washington fournit des tonnes d’armes à une province chinoise pour empêcher la réunification pacifique avec la mère patrie, un armement qui rend inévitablement les séparatistes de Taïwan téméraires. Ces actes, ainsi que les patrouilles dans le détroit de Taïwan, vont bien plus loin que l’établissement d’une base d’espionnage à proximité, qui n’est d’ailleurs même pas prouvé. En outre, un journaliste de Reuters note que « les États-Unis ont une longue tradition d’espionnage de la Chine au voisinage de son territoire. Il est de notoriété publique qu’ils utilisent Taïwan comme poste d’écoute proche du continent et qu’ils font régulièrement voler des avions espions en mer de Chine méridionale… Le chef du Bureau de la sécurité nationale de Taïwan a déclaré en avril au parlement de l’île que Taïwan échange des renseignements cryptés en temps réel avec les partenaires du Groupe des Cinq, dont les États-Unis. » Arrogance du pouvoirCe dossier est un nouveau signe de l’arrogance d’une grande puissance qui croit pouvoir tout se permettre et imposer à sa guise des interdictions à d’autres pays . Lü Xiang, un expert de l’Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré dimanche à ce propos au Global Times : « Une autre raison pour laquelle les États-Unis continuent de faire de l’agitation autour de cette affaire pourrait être que Washington souhaite faire pression sur la Chine en vue de l’éventuel dialogue à venir… En diffusant des accusations infondées, le gouvernement Biden tente en fait de légitimer ses propres missions de reconnaissance et ses activités d’espionnage autour des eaux territoriales et de l’espace aérien de la Chine. »
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